Coups de soleil, cancer ou vieillissement prématuré de la peau, les rayons ultraviolets (UV) peuvent avoir des effets dévastateurs sur la santé. Du chapeau aux lunettes en passant par les vêtements anti-UV, la panoplie est large pour se protéger du soleil. Il y a cependant une seule certitude: aucune crème n’offre une protection totale contre les méfaits des rayons UV et certaines d’entre elles contiennent des substances nocives, comme le confirme notre test.
Le Laboratoire Eurofins a analysé neuf produits affichant un indice de protection (IP) variant entre 25 et 30. Il a centré ses recherches sur la présence de matières douteuses et a examiné la stabilité des filtres UV sur la durée. Premier constat réjouissant: les composés de muscs et de parabènes ne sont pas utilisés ou alors en quantités infimes.
Parfum allergène dans un seul produit
Parmi les substances allergènes décelées, seul le spray de Garnier fait figure de mauvais élève avec la présence du parfum Lyral. La marque a beau prétendre que la loi l’y autorise, force est de constater que les autres fabricants parviennent à se passer d’un produit qui peut notamment provoquer un eczéma de contact chez les personnes sensibles.
La composition des filtres UV laisse en revanche songeur. En effet, toutes les crèmes analysées contiennent des substances suspectées de perturber le système hormonal. Le laboratoire a notamment trouvé de l’octyl methoxycinnamate (OMC) dans les produits de Daylong, Ultrasun et Nivea et de l’octocrylène (OC) – considéré aussi comme un allergène – dans les crèmes de Aldi, Lidl, Coop, Denner, Migros, Garnier et Nivea. Mais, une fois encore, les fabricants ne dépassent pas les doses admises.
Stabilité variable des filtres UV
Notre test démontre également que les filtres UV se dégradent à la lumière du soleil. Selon le type de filtre et la formule du produit, la perte d’efficacité oscille entre 2% (Ombia) et 10% (Jovial et Garnier). C’est la preuve que les fabricants peuvent influer sur la photostabilité des filtres en choisissant judicieusement les composants de leurs crèmes. Hélas, ils préfèrent bien souvent les surdoser de substances comme l’OC ou l’OMC pour atteindre le facteur de protection solaire affiché sur l’étiquette.
Plus inquiétant: certains filtres UV peuvent réagir avec d’autres substances pour constituer de nouveaux matériaux. Les conséquences de ce phénomène ont été encore très peu explorées. Le Laboratoire cantonal de Bâle qui, depuis plusieurs années, mène une étude sur la stabilité des crèmes solaires, dénonce ce risque indésirable.
En queue de peloton avec son Ambre Solaire, Garnier communique par le biais de l’association suisse des cosmétiques et des détergents en déclarant respecter les lois et les contrôles pour que ses produits ne soient pas néfastes pour la santé. Pour sa part, Denner se contente de préciser que sa crème Jovial respecte le facteur de protection solaire annoncé. Ce qui est d’ailleurs bien souvent le cas comme l’avait illustré notre test publié l’an dernier (lire BàS 7/2010*).
A titre de comparaison, nous avons demandé au laboratoire d’analyser un produit naturel, le Sun sensitive Family sun spray, de Lavera. Le constat est réjouissant: aucune substance nocive n’y a été décelée. Mieux encore, ses filtres UV ne se dégradent pas au soleil selon les experts.
Seuls inconvénients: les filtres minéraux utilisés laissent des traces blanches sur la peau. C’est pourquoi les produits naturels affichant un indice de protection supérieur à 20 sont rares, d’où leur absence dans notre tableau.
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré ci-contre.
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire Eurofins, à Hambourg, a analysé les produits selon les critères suivants.
- La photostabilité – Certains filtres ultraviolets (UV) chimiques qui entrent dans la composition de laits solaires perdent leurs effets sous les rayons du soleil. Nos experts ont donc exposé les 9 produits durant deux heures et demie à une lumière solaire créée artificiellement. Ils ont ensuite mesuré ce qu’il restait de l’efficacité des filtres.
- Les filtres UV critiques – Certains filtres UV sont soupçonnés d’agir sur les hormones (perturbateurs endocriniens). La législation en vigueur autorise des concentrations jusqu’à 10% dans la composition des produits.
- Les muscs polycycliques – Ces substances s’accumulent dans le corps et pourraient même s’inviter jusque dans le lait maternel. Elles sont de surcroît peu biodégradables. Aucune limite n’a été fixée dans la loi.
- Substances aromatiques – De puis 2007, les fabricants doivent déclarer la présence de 26 substances aromatiques hautement allergènes. Celles-ci sont réparties dans quatre catégories, celles classées en A et en B sont les plus sensibles.
- Parabènes – Utilisés comme agents conservateurs, les parabènes sont considérés par les spécialistes comme des perturbateurs endocriniens. Dès lors, leur concentration dans les cosmétiques devrait être limitée.