Tel Neil Armstrong, avoir l’impression d’être le premier à fouler des espaces étincelants… Aller droit devant soi jusqu’au bout de l’horizon, dans le grand silence blanc des sommets… Qui n’en a jamais rêvé? Synonymes de liberté et de nature sauvage, les raquettes à neige séduisent un nombre toujours croissant d’amateurs. Entre 28 000 et 30 000 paires ont été vendues l’année dernière. C’est 30% de plus qu’en 2001, et les spécialistes affirment que l’engouement pour ce sport va encore s’accroître ces prochaines saisons. Il faut dire qu’en sus des rêves d’absolu qu’elles éveillent, les raquettes à neige cumulent trois atouts de choc: elles sont relativement bon marché et elles ne nécessitent ni équipement spécial, ni compétences particulières. Il suffit de savoir marcher…
7000 ans déjà
Les raquettes n’ont toutefois pas toujours été un article de sport. Elles furent d’abord utilisées comme simple moyen de locomotion et leurs ancêtres furent créées en Sibérie et en Mongolie, il y a 7000 ans environ. Mais les peuples autochtones d’Amérique du Nord ont, eux aussi, inventé plusieurs types de chaussures pour marcher sur la neige, dont la «patte d’ours»: un grand cadre de bois dur recourbé, pourvu d’une trame de lanières de cuir tressées et d’un petit harnais de peau pour l’attacher au pied. Au fil des siècles, l’usage des raquettes s’est développé et en 1843, le premier club de raquetteurs a été fondé à Montréal. Au cours de la seconde moitié du siècle, le nombre de sportifs de compétition ou simples randonneurs, a augmenté régulièrement. Mais l’arrivée du ski et du patin à glace a mis un terme à ce succès.
Aujourd’hui, la raquette a retrouvé sa place d’antan. Mais s’il existe encore, ici et là, des modèles en bois «à l’ancienne», la majorité est maintenant fabriquée en aluminium ou en plastique. Et les sangles de nylon ont remplacé les lanières de peau, permettant une excellente tenue du pied.
Nouveaux looks
L’apparence s’est aussi radicalement transformée: finie la forme de raquette, justement. Les modèles les plus courants sont désormais ovales et allongés, ou plus petits et resserrés en leur milieu, comme une paire de lunettes (voir photos). Ils sont plus légers qu’autrefois et, selon leur taille et leur forme, permettent d’affronter tous les types de terrain: neige épaisse, sol verglacé, sentier plat ou pente périlleuse. Quant au prix, il oscille entre 70 et 200 fr. pour les petites pointures, et 170 à 400 fr. pour les adultes.
Critères de choix
«Le choix de la raquette dépend de deux éléments, explique-t-on chez François Sports, à Morges: du poids de la personne et du type de terrain où elle désire se promener. Ces critères, ajoutés au style de chaussures que le client veut porter, détermineront le modèle et le prix. Mais le choix est vaste, et chacun trouvera à coup sûr des raquettes qui lui conviennent.»
Si certains hésitent encore à se lancer dans un tel achat, il leur reste une solution: louer une paire durant une journée. Pour 15 à 20 fr., c’est le meilleur moyen de tester sur le terrain les différents modèles et, surtout, de découvrir si on a, ou non, l’âme d’un trappeur.
Véronique Kipfer
Trucs et astuces
Itinéraires de randonnée
Pour répondre à l’engouement des raquetteurs, les stations de ski proposent de plus en plus d’itinéraires de randonnée. Les parcours, à découvrir sur une carte au départ, sont le plus souvent sécurisés à défaut d’être gardés, et généralement bien balisés. La difficulté est signalée par les mêmes couleurs que celles des pistes de skis: les promenades bleues sont faciles, les rouges le sont un peu moins et les noires exigent une bonne technique et de l’entraînement.
Si la raquette à neige n’est pas un sport dangereux, elle requiert néanmoins un minimum de prudence: ne pas partir par temps de brouillard, ne pas s’aventurer n’importe où ni trop loin, s’informer des températures et de l’état de la neige, prévenir son entourage de son itinéraire, prévoir des provisions et s’équiper en conséquence. Le matériel de base réside en une bonne paire de chaussures étanches (on peut enfiler des surbottes par-dessus), tenant bien le pied sans être trop rigides. Des chaussures de trekking en gore-tex, par exemple, ou des bottes canadiennes, feront bien l’affaire.
Prévoir une tenue vestimentaire simple, chaude et pratique, en préférant le style «multicouches» à la doudoune ou la combinaison de ski, et en protégeant le bas des pantalons avec des guêtres. Une paire de bâtons télescopiques peut également être utile pour garder son équilibre et un rythme régulier. Et il est conseillé d’avoir avec soi un petit matériel de secours et une carte au 1:25 000 de la région.
Plus d’informations sur:
swisssnowshoe.ch
www.vaud-raquettes.ch
www.hiver.ch
Pratique
• Avant l’achat, il vaut mieux s’assurer que toutes les pièces sont remplaçables.
• Le tarif de certains modèles inclut un étui pour les transporter.
• Il n’est pas recommandé de marcher sur la route avec des raquettes, car cela peut les endommager.
Couteaux
• La plupart de ces modèles possèdent deux couteaux: un qui est arrimé à la fixation mobile, et un autre, rigide, situé à l’arrière de la raquette. Le premier permet une meilleure accroche en marchant, l’autre de ne pas glisser.
Toile
• Lorsqu’il est composé d’une toile tirée sur un cadre, le modèle permet une marche souple.
• Il est important de vérifier que les raquettes possèdent une toile résistante qui, même perforée, ne se déchirera pas davantage.
Cadre
• Plus la raquette est longue et large, plus elle peut supporter de poids sans s’enfoncer.
• Un cadre en aluminium rend la raquette plus légère.
• Du fait que le dessous n’a pas de profil, la raquette sera moins stable sur une pente, mais plus confortable à utiliser sur un terrain plat.
Fixation et sangles
• Plus le bras de levier est en retrait par rapport au bout de la fixation, plus la marche est naturelle.
• Un axe mobile, qui immobilise seulement l’avant de la chaussure, facilite la marche lors de longues randonnées.
• Une talonnière en plastique pourvue de petits pics a un effet antidérapant et maintient la chaussure lorsque le pied est posé à plat.
• Avant l’achat, vérifier la qualité et la robustesse de l’axe de fixation. Un axe métallique sera plus résistant qu’un axe en matière plastique.
• Le modèle doit être pourvu de deux sangles, l’une pour l’avant du pied, l’autre pour le talon.
• Les sangles doivent comporter un système de réglage coulissant. Cela permet d’ajuster plus rapidement la raquette à n’importe quel type de chaussure.
• Il est pratique que les sangles soient pourvues de pressions ou d’un anneau, permettant de fixer ou d’accrocher les extrémités trop longues et d’éviter ainsi qu’elles traînent dans la neige.
Fixation et sangles
• Le bloc se soulève en entier, la tenue du pied est donc plus
rigide.
• Les échelles de chiffres inscrites sur certains modèles indiquent non pas la pointure, mais la longueur de la chaussure en centimètres. Il suffit de tourner la manette en plastique pour faire glisser l’arrière du bloc et l’adapter à son pied.
• Une fixation rigide détermine la largeur du pied, on ne peut donc pas mettre des chaussures trop volumineuses.
• A l’arrière, il est utile que la raquette comporte une cale de montée amovible en acier. Cela permet de bloquer la fixation lorsqu’on en a besoin et de soutenir le pied dans les montées. Il est toutefois plus pénible de marcher avec la fixation bloquée.
• Il vaut mieux choisir un modèle dont la sangle n’est pas trop longue, ou dont la fixation comporte un système d’attache de cette dernière.
• Des gommes placées sous la fixation amortissent le claquement.
• Une fixation dont l’axe est protégé sera plus résistante.
• Un bon modèle doit être pourvu d’une sangle adaptable à la cheville, et d’une autre qui s’ajustera à l’avant du pied.
Cadre
• Un cadre profilé assure à la raquette une bonne stabilité sur n’importe quel terrain.
• La forme «taille de guêpe» favorise un écartement naturel des pieds en marchant.
• Il existe différentes formes de nez de raquettes. Les plus arrondis s’enfoncent davantage, mais facilitent la marche dans la poudreuse sans craindre un effet «pelle à neige».
• Certains modèles comportent un petit dériveur, qui permet à la raquette de conserver sa direction.
Couteaux
• Pour assurer une bonne accroche sur la neige dure, rien ne vaut les pointes en acier réparties sous la raquette. Attention, ne pas oublier d’enlever les capuchons protecteurs avant le premier usage!
• La fixation doit être pourvue de couteaux à l’avant.
• Si vous êtes amateur de terrains verglacés, vérifiez qu’il est possible d’adapter un set supplémentaire de gros couteaux.