Il y a des chiffres qui donnent le vertige. Les primes des assurances maladie, révélées chaque année à la même période par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), en font incontestablement partie. Ainsi, l’an prochain, un Genevois va payer au mieux 345 fr. par mois rien que pour son assurance de base (adulte, franchise min., avec couverture accident), mais 532 fr. s’il fait partie des 747 assurés de Wincare dans ce canton.
Si on multiplie les primes par 12 mois sur 16 ans (de 1996, date d’entrée en vigueur de la LAMal, à 2011), le coût total de l’assurance d’un Valaisan chanceux (ou averti…) revient déjà à 40 712 fr., mais à 76 860 fr. pour un Genevois têtu qui n’aurait jamais quitté la CSS (voir le tableau ci-dessous). Multipliez cette somme, grosso modo, par trois pour une famille avec un ado et un étudiant, et ce sont plus de 230 000 fr. que cette famille aura consacrés à l’assurance maladie de base, sans compter le coût des franchises, des quotes-parts et des primes des éventuelles assurances complémentaires!
Disparité aussi au sein d’un même canton
Outre les disparités cantonales, celles que l’on constate au sein d’un même canton sont tout aussi frappantes. Même dans le canton romand le plus privilégié en la matière, un Valaisan de Sion aura économisé, toujours entre 1996 et 2011, plus de 10 200 fr. s’il a passé ces 16 dernières années chez Assura plutôt que chez Swica (voir également le tableau ci-dessous). Une économie qui monte à 15 019 fr. pour un Neuchâtelois qui aurait choisi Assura encore, plutôt que Helsana. Multipliez de nouveau cette différence par trois, et ce sont quelque 45 000 fr. qu’une famille aurait ainsi épargnés!
Choisir la bonne caisse
Le problème, c’est évidemment de choisir la bonne caisse. Sur le plan strictement financier, l’histoire récente nous apprend que, en Suisse romande, il n’y a pas photo: Assura fait en effet une razzia, trustant partout la meilleure place sur la durée. En outre, force est de constater que cette caisse fait preuve de constance et d’une remarquable cohérence stratégique: si l’on superpose les graphiques des sept cantons romands comme celui reproduit ci-contre*, on s’aperçoit en effet que non seulement sa courbe (verte) est presque toujours la plus basse, mais aussi que son évolution est très similaire d’un canton à l’autre. Comme quoi l’efficacité ne va pas toujours de pair avec la popularité… (lire les résultats de notre sondage dans BàS 9/2010).
Le graphique ci-contre démontre toutefois qu’il s’agit d’une exception. En 1996, en effet, Visana (courbe rouge) était la caisse maladie la plus avantageuse dans le canton de Vaud (219 fr./mois, toujours pour le même exemple). Or, elle est aujourd’hui la plus chère (553 fr./mois en 2011)! Un assuré qui avait fait le bon choix il y a 15 ans, mais qui ne l’a jamais remis en cause, aura donc payé 11 897 fr. de plus que s’il avait transféré sa police chez Assura en 1999.
Scénario encore plus mouvementé avec la CPT (courbe bleue). Aussi avantageuse que Visana en 1996 (219 fr./mois également), elle devient carrément la meilleur marché en 2002 (275 fr./mois), avant d’imposer des hausses canon et de devenir la plus chère entre 2005 et 2007 (456 fr./mois en 2006), puis de redescendre jusque devant Assura en 2011 (403 fr./mois).
L’exemple d ‘Avanex (courbe jaune), une filiale de Helsana, est tout aussi significatif. En 2003, elle tente de se faire une place parmi les caisses avantageuses, ce qu’elle réussit plutôt bien jusqu’en 2006. Puis, alors que la majorité des assureurs stabilisent ou baissent leurs primes dans le canton de Vaud, elle procède à une succession de hausses carabinées qui la place désormais parmi les plus chères.
Moralité de l’histoire: il faut chaque année suivre l’évolution des primes (lire encadré) et ne pas hésiter à changer de caisse si ses primes sont trop élevées par rapport à la moyenne. C’est certes très discutable si l’on tient compte du problème des coûts de la santé en général, mais c’est aussi, en l’état de la loi, la seule solution pour limiter les dégâts dans son budget.
Christian Chevrolet
BONUS WEB: graphiques et tableaux pour les 7 cantons romands
Pour télécharger le graphique, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
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