La limite des amendes
A propos de l’article «Anonymat total pour les amendes d’ordre» (3/98)
Je pense que votre article peut porter à confusion. J’ai en effet d’abord cru que toute infraction constatée au moyen de radars était devenue anonyme (voir phrase introductive). En relisant, je constate que vous prenez la précaution de parler d’amendes d’ordre, mais l’absence de clarté concernant la limite entre les types d’infraction commis confère un goût d’inachevé. A partir de quel seuil le conducteur doit-il être identifié et poursuivi?
ERIK VERKOOYEN, Genève
Les amendes d’ordre ne sont en effet infligées que jusqu’à une certaine limite. Au-delà, il y a dénonciation et donc perte de l’anonymat. S’agissant des limitations de vitesse, les amendes d’ordre sont prévues jusqu’à un dépassement de la vitesse autorisée de 15 km/h à l’intérieur d’une localité, de 20 km/h hors d’une localité et de 25 km/h sur une autoroute, mais à chaque fois après déduction des marges de sécurité pour raisons techniques.
Liquide pour verres de contact
A propos de l’article «Du liquide jeté par les fenêtres» (3/98)
Je me réfère au soi-disant gaspillage de Mme H. Schutz et je ne comprends pas comment elle peut jeter 11 fr. de liquide pour les verres de contact tous les mois à la poubelle, alors qu’un flacon d’Oculosan coûte 8,65 fr: tout au plus pourrait-elle gaspiller 4,33 fr! Et pour son époux, je vous signale que le Timoptic existe en emballage de 5 ml et de 2,5 ml: il est donc impossible qu’un flacon dure plus d’un mois s’il est utilisé correctement.
Josefa Follonier-Serrano
Pharmacienne à Nyon
Vous avez raison, mais cela n’a pas été facile à vérifier! A réception de votre lettre, nous avons en effet consulté trois pharmacies (dont une en Suisse alémanique), qui nous ont donné trois informations différentes. Mais c’est vrai: l’Oculosan revient bien à 8,65 fr. et en effet, depuis 1995, le Timoptic se vend en flacon de 2,5 ml. Nous battons donc notre coulpe et transmettons la bonne nouvelle à qui de droit. Merci de votre lecture attentive.
Génie génétique: suite du débat
A propos de notre dossier «Le génie génétique offre des avantages, mais comporte aussi des risques» (2/98) et du courrier des lecteurs s’y rapportant (3/98)
Le génie génétique n’est pas une technique comme une autre, pour laquelle on pourrait admettre des risques bien gérés. A l’instar du nucléaire, il se caractérise par le fait que les conséquences d’un accident ne peuvent être limitées ni dans l’espace ni dans le temps, ce qui rend la prise de risque acceptable. Quelque faible que puisse être la probabilité de transmission entre espèces d’un gène de résistance à un herbicide ou à un antibiotique, les conséquences potentielles sont trop graves et mal définies pour que le risque soit tolérable. Ce d’autant plus que le bénéfice pour le consommateur est pratiquement nul. Il ne l’est pas en revanche pour le secteur agro-alimentaire, où quelques multinationales cherchent, au moyen du génie génétique, à acquérir des positions de domination mondiale en regard desquelles les visées monopolistiques de Bill Gates font figure d’aimables plaisanteries.
Pierre Bonhôte, Chimiste à Neuchâtel
Je ne veux pas entrer dans les considérations éthiques, mais plutôt économiques. En effet, on a souvent entendu que les principaux producteurs de semences étaient en fait les grandes compagnies agro-chimiques. Si cela est vrai, j’ai peine à croire que ces entreprises cherchent à scier la branche sur laquelle elles sont assises...
Si la recherche «pure» (si tant est qu’elle peut encore exister) s’emploie à trouver des variétés résistantes aux maladies pour éviter les pesticides et diminuer les besoins en engrais de synthèse, je serai bien étonnée que les grands complexes agro-chimiques poursuivent le même but. Vous dites d’ailleurs vous-même que le «nouveau» soja est plus résistant aux herbicides...
Christiane de Charmant, Genève
Comme beaucoup d’autres personnes malades ou bien portantes, M. Bozzio semble avoir été influencé par la désinformation délibérée que propagent les opposants à l’initiative pour la protection génétique.
(...) Tout la documentation et la publicité en faveur de l’initiative sont pourtant claires quant aux buts réels: oui aux aliments naturels et à la protection de l’environnement, oui à la recherche fondamentale en laboratoire, oui à la production de médicaments par génie génétique, non à la mise sous brevet de plantes et d’animaux, non à la production d’animaux génétiquement modifiés, non à la dissémination dans l’environnement d’organismes génétiquement modifiés.
Frances Boo-Townsend
Mont-sur-Rolle
En tant que chercheur dans le domaine des sciences médicales, je suis choqué de lire régulièrement que l’initiative ne nuira pas à la recherche médicale.
(...) Interdire le recours aux animaux transgéniques, comme le souhaitent les initiants, cela équivaudrait,
de fait, à stopper toute recherche contre des maladies tels que le sida, Alzheimer, le cancer, la sclérose en plaques, la myopathie, la mucoviscidose, etc. Hormis les essais sur l’homme, c’est en effet le seul moyen dont disposent les chercheurs. Le recours aux souris génétiquement modifiées ne répond pas à un quelconque désir de jouer à l’apprenti sorcier. Les règles et lois en matière d’utilisation d’animaux transgéniques sont d’ailleurs très complètes et sévères. Et leur utilisation pour des expériences scientifiques n’a cessé de baisser depuis 13 ans, de 18% rien qu’en 1996.
Jean-Jacques Mermod, Genève
Je souffre de sclérose en plaques depuis huit ans et demi, à un tel point que j’ai dû réduire de moitié mon rythme d’activité. L’initiative contre le génie génétique me heurte vivement. Elle semble n’avoir été conçue que pour des personnes en bonne santé. Ses promoteurs pensent-ils aux réactions qu’ils éprouveraient si, un jour, un médecin, au moment de leur communiquer le diagnostic d’une maladie évolutive telle la sclérose en plaques ou la myopathie, ajoutait: «A l’étranger, vous pourriez bénéficier d’un traitement freinant, voire interrompant l’évolution de la maladie, mais en Suisse, un tel traitement a été rendu impossible par le peuple le 7 juin 1998?»
Certes le texte n’interdit pas explicitement l’utilisation de médicaments issus du génie génétique, mais elle en soumet la production industrielle à des conditions drastiques. Je ne vois dès lors pas comment, sans faire preuve d’une incohérence hypocrite, nous pourrions utiliser en Suisse des médicaments produits grâce à des techniques censées être réprouvées et mises au point à l’étranger dans le cadre de recherches interdites chez nous.
(...) En interdisant en Suisse des traitements médicaux qui se révéleraient efficaces à l’étranger, l’initiative est tueuse d’espoir, tueuse de vie.
Monique Gisel, Le Mont-sur-Lausanne
Suite à notre dossier, nous avons consacré par deux fois une place importante pour que nos lecteurs s’expriment sur ce sujet. En revanche, nous ne publierons plus de lettres sur ce thème avant la votation de juin.