Ça siffle, ça bourdonne, ça tape dans les oreilles. Ce sont des acouphènes! Un symptôme banal et vite oublié lorsqu’il n’est que temporaire, mais qui peut devenir intolérable s’il est permanent.
Mais de quoi s’agit-il au juste? Aussi appelé «tinnitus», l’acouphène est un bruit qui est perçu, de manière continue ou intermittente, dans une seule ou les deux oreilles, voire à l’intérieur de la tête. Cette sensation sonore n’est pas liée à une stimulation acoustique extérieure. En clair, la personne qui s’en plaint est la seule à entendre ce son fantôme. Selon les spécialistes, cette affection fréquente concerne une personne sur dix en Suisse, toutes professions et tranches d’âge confondues. Plus précisément, on parle d’acouphène subjectif (99% des cas).
Causes multiples
Ses origines ne sont pas toujours connues et peuvent être multiples: bouchons de cérumen, problèmes de mâchoires, de cervicales, diabète, médicaments ototoxiques (toxiques pour l’oreille) – dont l’aspirine à haute dose et les antipaludéens notamment – stress, choc émotionnel, etc.
La cause essentielle reste toutefois la perte auditive, même infime, et donc indécelable sur un audiogramme. Elle peut être consécutive à l’âge, à une trop longue et constante exposition au bruit, mais aussi à une explosion subite (fusillade, pétards, etc.). L’acouphène occupe la fréquence perdue et se situe le plus généralement dans les aigus. Contrairement à une idée largement répandue, il ne rend pas sourd. Au contraire, c’est parce qu’il y a une perte d’audition qu’il est entendu. Attention toutefois: il est impératif de consulter son médecin ou un ORL dès les premiers symptômes, afin que celui-ci procède à un contrôle sérieux, car, dans de très rares cas, il peut être causé par une tumeur du nerf auditif.
Très faible, le niveau de l’acouphène se situe toujours entre 3 et 5 décibels au-dessus du seuil auditif du patient, se-lon le professeur Jean-Philippe Guyot, chef de l’unité ORL aux Hôpitaux universitaires de Genève. Soit moins que la respiration humaine, qui atteint déjà 10 décibels. Il ne change pas d’intensité et n’augmente pas avec l’âge. Sa perception, sa tolérance et son retentissement sur le quotidien varient pourtant fortement d’une personne à l’autre.
Pas de remède miracle
La plupart de ces personnes s’habituent naturellement à ces bruits fantômes et ne leur prêtent que peu d’attention. Dans 1 à 2% des cas, une prise en charge s’avère néanmoins nécessaire.
A l’heure actuelle, aucun traitement curatif ne peut les supprimer. Mais, différentes thérapies et techniques de relaxation permettent d’apprendre à les apprivoiser, voire, dans le meilleur des cas, à les oublier tout bonnement. Elles peuvent être couplées à la prise d’anxiolitiques ou d’antidépresseurs pour améliorer le moral du patient et, par conséquent, sa tolérance face à l’acouphène.
- Thérapie cognitive et comportementale: ce type de prise en charge vise à aider à ne plus se focaliser sur ces sons. L’hypnose, la sophrologie, le yoga, le taï-chi ou toutes autres méthodes de relaxation sont également recommandés pour diminuer les effets du stress et de l’anxiété.
- Générateur de bruit blanc: ce type d’appareil, porté derrière ou dans l’oreille, génère un bruit de faible intensité dans toutes les fréquences audibles par l’homme. L’objectif? Rendre l’acouphène moins intrusif en rééduquant le cerveau pour le persuader que l’acouphène est un son naturel. Celui-ci perdra donc sa signification négative et le patient y prêtera de moins en moins attention. Les générateurs de bruit blanc doivent être portés dans les deux oreilles, à raison de huit heures par jour pendant plusieurs mois. Compter 2100 fr. pour les prothèses, montant qui n’est pas pris en charge par l’assurance maladie de base.
Chantal Guyon
CONSEILS PRATIQUES
Bien vivre avec ses acouphènes
- Eviter le silence et privilégier l’écoute d’un bruit de fond de faible intensité, cela facilitera l’habituation.
- Dormir suffisamment et éviter le stress: ils constituent l’une des causes principales de l’accentuation de l’acouphène.
- Proscrire la consommation abusive d’alcool, de tabac, de café, ou de thé.
- Toujours signaler cette affection à son médecin, qui évitera alors de prescrire des médicaments susceptibles de l’amplifier.
- Pratiquer un sport ou une technique de relaxation permettra d’évacuer et de mieux gérer son stress.
- Ne pas s’exposer à des sons forts (concerts, tronçonneuses, marteau-piqueur, etc.) et porter des protections, si nécessaire.
- Ne pas s’isoler et continuer à mener une vie normale. L’habituation n’en sera que facilitée.
Où trouver de l’aide
- Consultation acouphène CHUV, après exclusion par un ORL de tout problème organique. Sur rendez-vous: 021 314 27 11.
- Consultation conjointe médico-psychologique, HUG. Sur rendez-vous: 022 382 82 42.