Le mouchoir en papier est apparu en Europe vers la fin des années 20. Il lui a
cependant fallu attendre vingt ans de plus pour détrôner son homologue en tissu. Il représente aujourd’hui ce que l’on appelle un produit de masse: chaque Suisse en utilise en moyenne 500 pièces par an, ce
qui représente 8000 tonnes de mouchoirs en papier!
La Migros, avec sa ligne Linsoft, occupe à elle seule presque 50% du marché, alors que Procter & Gamble (mouchoirs Tempo) en détient 25%.
Bon à Savoir a donc confié onze paquets de mouchoirs en papier à l’Institut suisse du contrôle des textiles Testex (ZH).
La résistance. Le laboratoire a contrôlé comment un mouchoir sec et humide tendu entre deux griffes en acier, résistait au déchirement. A l’état humide (le plus important), seul le Tempo plus aloé a obtenu 5 étoiles, ne cédant qu’avec une force de traction de 500 grammes.
La capacités d’absorption. Le laboratoire est parti du principe qu’un bon mouchoir en papier doit pouvoir absorber le plus d’eau possible dans un laps de temps minimal. Les mouchoirs en papier recyclé n’en sortent pas indemnes. «Les fibres recyclées ne sont pas aussi absorbantes que les fibres neuves et blanches», confirme Raimar Freitag, ingénieur en textiles et directeur de Testex. Europrix Recycling affiche le plus mauvais résultat, alors que Tela Normal et Arcade Normal font le plein d’étoiles.
l’acidité. Des mouchoirs avec une valeur supérieure à 8 pH peuvent être nuisibles à la très fine couche de protection qui préserve notre peau des bactéries et des champignons. Cette dernière a une valeur qui varie entre 4,9 et 5,7 pH. «Des mouchoirs avec une valeur en pH supérieure à 7,5 devraient être améliorés», affirme Raimar Freitag.
les composants chimiques. Si les mouchoirs en papier ne sont bien sûr pas recyclables, on peut en revanche fabriquer des mouchoirs à partir de papier recyclé. Petit problème cependant: ils n’ont pas la belle couleur blanche de ceux issus de matériaux neufs. Leurs fabricants y ajoutent donc des matières colorantes qui font paraître les fibres textiles et les celluloses plus blanches. Avec quelques sérieux désavantages à la clé: une consommation d’énergie nettement plus élevée lors de leur fabrication, une élimination biologique problématique, et encore – semble-t-il – l’irritation de la peau pour quelques individus sensibles.
Interpellé à ce sujet, le porte-parole de Coop, Karl Weisskopf, précise: «Les agents blanchissants qui ont été trouvés dans les mouchoirs Ronda et Europrix n’ont pas été ajoutés lors de la fabrication, mais proviennent directement de la matière première utilisée, à savoir le vieux papier.» Une explication qu’admet volontiers le responsable de l’Institut Testex.
Autre sujet de controverse: les adoucissants. Pour les utilisateurs, la douceur du papier est le critère no 1. Les fabricants le savent et ajoutent donc souvent des adoucissants chimiques. Ces produits sont normalement inoffensifs pour l’homme, mais pas pour l’environnement. Et, en plus, ils sont inutiles: «Le même résultat peut être obtenu sans ce genre de produits, en passant par un procédé mécanique», assure Jean-Pierre Haug, chimiste chez Testex. Il a donc mesuré la teneur de chaque produit en adoucissants, mais aussi en additifs huileux, tels l’aloé ou le menthol.
En prenant connaissance des résultats de notre test, l’entreprise SCA Hygiene Paper, productrice de Zewa Softis, a démenti l’utilisation d’adoucissants, expliquant que «les valeurs découvertes sont uniquement des particules du bois utilisé pour la fabrication de cellulose». Les spécialistes n’écartent pas l’explication, mais ils estiment que le taux maximal d’adoucissants pouvant provenir d’une telle origine est de 0,02%.
le confort. On l’a déjà dit: les utilisateurs des mouchoirs en papier veulent avant tout qu’ils soient doux et moelleux. Cinq personnes ont donc testé tous les produits, qu’ils ont encore comparés à des mouchoirs en tissus (cinq tissus différents), mais aussi à un chiffon pour nettoyer les lunettes et à du papier ménage! Aucun mouchoir n’a obtenu la mention «très bien», mais six d’entre eux ont été gratifiés de quatre étoiles.
Bilan global de l’exercice: les mouchoirs Tempo offrent ce que Procter & Gamble promet à grands coups de pub. Mais si leur qualité est supérieure à la moyenne, celle des mouchoirs Ronda, Linsoft et Tela n’a pas grand chose à leur envier. Or, ils sont bien meilleur marché!
Explications techniques
Attribution des étoiles
- Résistance à l’état sec: après avoir coincé un morceau du mouchoir entre deux griffes, on l’a tendu jusqu’à la déchirure. Le nombre d’étoiles obtenu dépend de la force exprimée au moment de la déchirure.
– > 2 kg: 5 étoiles
– 1,5 à 2 kg: 4 étoiles
– 1 à 1,5 kg: 3 étoiles
- Résistance à l’état mouillé: même procédé que ci-dessus. Le mouchoir a été humidifié avec un spray aérosol pour simuler une utilisation.
– 500 g et plus: 5 étoiles
– 400 à 499 g: 4 étoiles
– 300 à 399 g: 3 étoiles
Ce critère compte double pour le résultat final.
- Absorption d’eau: les résultats dépendent du temps qu’il a fallu à un morceau de mouchoir de 2,5 cm sur 2,5 cm pour absorber un liquide (mélange de 30 g d’amidon pour un litre d’eau).
– < 50 sec.: 5 étoiles
– 50 à 59 sec.: 4 étoiles
– 60 à 69 sec.: 3 étoiles
– 70 à 79 sec.: 2 étoiles
- Valeur pH: la valeur en pH a été mesurée sur un mouchoir mouillé. Plus elle est élevée, plus la substance est agressive.
– pH 7 à 7,5: 5 étoiles
– pH 7,5 à 8: 4 étoiles
– pH 8 et plus: 3 étoiles
– pas du tout: 5 étoiles
– 0,01 à 0,15% : 4 étoiles
– 0,16 à 0,25% : 3 étoiles
– > 0,25% : 2 étoiles
- Confort: pour obtenir 5 étoiles, il fallait que la douceur du papier soit équivalente à celle des tissus utilisés pour nettoyer des lunettes. A l’inverse, si le papier était aussi rêche que du papier ménage, il ne méritait que 2 étoiles. Ce critère compte double pour le résultat final.
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