Si on se rend souvent en vacances dans un pays de la zone euro ou si on a un parent qui y réside et à qui on fait régulièrement parvenir de l’argent, faut-il opter pour un compte en francs ou en euros, sachant que le second est souvent mieux rémunéré et permet d’éviter les frais de change?
Pour le savoir, nous avons demandé à une sélection d’institutions bancaires de calculer les coûts engendrés par deux comptes privés de base libellés dans les deux monnaies (lire encadré).
Première surprise.
- Credit Suisse refuse de remplir notre questionnaire, arguant qu’une comparaison sérieuse est impossible, notamment à cause du cours de change.
- UBS ne souhaite pas utiliser les taux de change effectifs, mais un seul taux indicatif, car estimant que cela permet de mettre en exergue l’influence des frais. Nous ne l’avons donc pas retenue.
- La BCV (la plus grande banque cantonale romande) ne dispose pas de compte privé en euros.
- PostFinance n’a pu être retenu non plus, car aucune des cartes liées à son compte en euros ne permet de faire des paiements en euros dans des commerces à l’étranger.
Exemple significatif
La comparaison se résume donc à un établissement (voir tableau). Elle suffit cependant à tirer trois enseignements.
1- La rémunération du compte en euros n’est pas un argument qui plaide en sa faveur, puisqu’elle est à peine supérieure à celle servie en francs. Tel n’était pourtant pas le cas en 2003, lors d’une enquête un peu similaire*, puisque l’intérêt rémunérateur était de 1,5% pour un compte en euros contre 0,25% en francs suisses.
2- Les frais ne sont pas décisifs non plus, car ces montants se valent à peu près.
3- Un seul critère est donc déterminant: choisir le bon moment pour ouvrir et fermer son compte, sous peine d’y perdre une grosse somme! Notre exemple le montre: le solde du compte en francs à la fin de l’exercice est de 635.50 fr., alors que notre client fictif aurait dû débourser 254.70 fr. avec un compte en euros, soit une différence de 890.20 fr.! Cela est dû à l’évolution du cours de la monnaie européenne: entre janvier 2010 et février 2011, elle n’a, en effet, cessé de s’affaiblir par rapport au franc. Mais si le taux effectif avait été aussi favorable qu’aujourd’hui lors du versement de 10 000 fr. (1 euro = 1.30 fr. au lieu de 1.50 fr. le 4.1.2010), le compte en euros aurait affiché un solde positif de quelque 1077 fr. à la fin de l’exercice!
En définitive, pour qu’un compte en euros soit rentable, il faut que la monnaie européenne soit faible au début de l’exercice et forte à la fin! Et, comme il est difficile de prévoir l’évolution des cours, une conclusion s’impose: «Détenir un compte en euros ne se justifie pas pour des raisons de tarifs, mais pour des questions d’organisation, lorsque le client a des liens forts avec un pays européen», résume la BCGE.
*«Faut-il ouvrir un compte en euros?», TCF 6/2003, à lire dans nos archives sur le site
www.toutcomptefait.ch
Un scénario pour deux comptes
Notre scénario est valable pour un compte privé de base en francs ou pour un compte semblable en euros. Les taux de change retenus correspondent à ceux effectivement demandés aux dates de chaque opération.
M. Lambda, 39 ans, ouvre dans une banque donnée un unique compte privé le 4 janvier 2010, faiblement rémunéré (ligne A du tableau), qu’il gère par e-banking. Il y verse 10 000 fr. le jour même (B).
Ce compte génère des frais de gestion (C).
M. Lambda reçoit sa carte Maestro quelques jours plus tard (D). Durant quatorze mois, il verse chaque mois manuellement (procédure SEPA) 300 euros sur le compte de sa sœur, qui vit à Paris, à la Banque BNP Paribas (E), soit au total 4200 euros. Le scénario ne tient compte que des frais dus par M. Lambda.
En juillet, ce dernier se rend trois semaines dans la capitale française. En prévision de ce séjour, il retire 500 euros à un bancomat de sa banque (F).
Sur place, M. Lambda effectue trois autres retraits de 500 euros, à chaque fois auprès d’un bancomat de BNP Paribas (G). Il utilise également cinq fois sa carte Maestro pour régler ses achats dans divers commerces et restaurants.
Le 28 février 2011, il ferme définitivement ce compte (I). L’éventuel reliquat est transféré sur un compte d’un établissement tiers (J). Aux dépenses s’ajoutent tous les frais perçus (K) ainsi que les intérêts rémunérateurs (L), ce qui repésente un certain coût (M).
A la fin de l’exercice, le compte présente ainsi un certain solde (N).