Sommaire
- CarcassonneCe jeu permet de constituer une sorte de paysage médiéval, à l’aide de cartes simplement posées les unes à côté des autres. Il fait appel au sens de la stratégie, puisqu’il faut créer des citadelles, des chemins ou des champs pour amasser des points. Il n’apporte en revanche aucune connaissance historique, contrairement à ce que la boîte pourrait laisser croire. Ce jeu a séduit notre jury, car il nécessite passablement de rigueur et de réflexion, tout en laissant une certaine place à la fantaisie. Le paysage est différent à chaque partie, et on peut y faire évoluer les petits paysans, moines et chevaliers à sa guise, une fois la partie terminée.Carcassonne n’a pas posé de problèmes aux enfants les plus jeunes (8 ans, voire moins), mais a donné du fil à retordre aux parents au moment du décompte final des points. Un jeu qui ne «dormira» assurément pas au fond des armoires.La bonne payeOn achète, on vend, on paie ses factures, on reçoit son salaire à la fin du mois, on emprunte, on épargne... Ce jeu, aux allures de Monopoly, a été plébiscité par notre jury. Faire comme les adultes, est-ce si passionnant? Avec La bonne paye, oui, car on reçoit du courrier rigolo, des factures du garagiste Otto Mobil et du docteur Sévère Méjuste... Les enfants s’en sont donné à cœur joie, et ont amoncelé les billets, tout en exerçant le calcul oral et en s’initiant aux réalités économiques de la vie. De leur côté, les parents se sont bien amusés aussi, mais ils ont remarqué que la valeur des objets était totalement irréaliste (4500 euros pour un château en Espagne...) et qu’on pouvait emprunter un peu trop facilement. Un atout de ce jeu: les parties peuvent être courtes ou longues, suivant le nombre de tours de plateau choisi au départ.Scotland YardCe classique continue de faire des ravages dans les chaumières. Il est particulièrement attractif cette année, avec un beau coffret en métal célébrant ses vingt ans d’existence. Scotland Yard fait indéniablement appel au sens de la stra-tégie: des détectives traquent Mister X dans les rues de Londres, empruntant différents moyens de transport: métro, bus et taxi. Cette ambiance de mystère ravit les mômes, surtout lorsqu’ils peuvent jouer le rôle de Mister X, coiffer la casquette et avancer incognito (en notant leurs déplacements sur le tableau de bord). Les parents se lassent plus vite, notamment quand le Mister X en culottes courtes prend un temps considérable à étudier son prochain déplacement. Rien n’empêche, dès lors, de fixer une durée limitée pour chaque coup.TicTac Boum JuniorTicTac Boum apporte un plaisir immédiat: on y entre facilement et la bombe qui «saute» entre les mains du perdant crée tout de suite de l’ambiance. Les enfants peuvent y jouer seuls, sans l’aide des parents. Son côté didactique est un atout indéniable: les participants doivent se dépêcher de trouver des mots sur un thème donné par une carte (par exemple «la salle de bains», «les fruits») en se passant la bombe, qui finit par «exploser» entre les mains de l’un d’eux. Les enfants développent donc leur vocabulaire et travaillent les associations d’idées. Mais si le plaisir est immédiat, il est aussi de courte durée. L’assemblée en a vite assez de se creuser les méninges. Tic Tac Boum est idéal pour occuper un groupe d’enfants assez jeune (dès 6 ans) pendant une petite demi-heure, par exemple à l’occasion d’un anniversaire.KayanakCe jeu séduit d’emblée par son matériel plaisant et de qualité. On perce une couche de «glace» (une feuille de papier glissée entre deux parties du plateau de jeu) à l’aide d’un pic, puis on attrape les poissons (des billes de métal) avec la canne à pêche (dotée d’un aimant). La tâche des «esquimaux» n’est pas toujours aisée, car ils doivent se conformer aux instructions des dés, qui ne leur permettent pas à chaque fois de passer à l’action. Petits et grands s’amusent bien, mais les plus grands ne réclameront pas forcément une seconde partie.Kayanak a surtout fait le bonheur des cadets âgés de 6 ans des familles du jury. Il aurait sans doute fait un tabac auprès d’un public âgé de 5 à 8 ans (alors que notre test ciblait les plus de 8 ans), qui apprécie les surprises, mais n’est pas encore attiré par un véritable suspense.La route des épicesLa boîte de jeu est séduisante, avec ses petits pots d’épices à humer et à reconnaître, son beau plateau aux allures d’ancienne carte géographique, ses explications historiques sur la route des Indes. Mais la plupart des familles du jury ont eu un peu de mal à se mettre dans le bain: le mode d’emploi est parfois lacunaire (obligeant à improviser pour pouvoir continuer la partie), les épices sont difficiles à reconnaître. Au final, la plupart des joueurs ont tout de même pris du plaisir à ce jeu inégalable sur le plan de l’esthétique. On se met dans la peau d’un marchand, qui achète et revend ses épices en fonction du prix du marché, en évitant les attaques de pirates. La route des épices est même le jeu préféré d’une des familles «testeuses»: celle qui a essayé, avec l’aîné, la version tactique destinée aux plus de 10 ans.Il était une foisCe jeu atypique a quelque peu dérouté notre jury. Une famille a même abandonné la partie en route, tant elle peinait à se mettre dans le bain. Il faut dire qu’Il était une fois adopte une démarche peu courante: poser des jalons pour inventer une histoire tout en laissant une grande place à la créativité. Certaines familles ont mordu à l’hameçon, découvrant que certains enfants avaient une capacité étonnante à imaginer une histoire. D’autres participants ont eu davantage de peine à s’éloigner des éléments fournis par les cartes (un château, un masque, une bougie, etc.), à placer obligatoirement pour mener la partie à terme. Les sujets des cartes sont un peu répétitifs, évoquant surtout les contes de fées. Au final, Il était une fois a aiguisé la curiosité de notre jury, sans le convaincre complètement.Le temps presseDessiner, mimer ou expliquer des expressions diverses dans un laps de temps limité (à l’aide d’un sablier), de telle sorte que les autres participants en devinent le sens: Le temps presse, partiellement calqué sur le Pictionnary, promet des joutes animées et créatives. Malheureusement, ces promesses ne sont pas tenues. Ou du moins pas avec des enfants de 8-10 ans (auquel le jeu est pourtant aussi destiné). Les expressions sont trop compliquées: par exemple, expliquer une «statistique inofficielle», ou une «échelle sociale», mimer une «guerre de religion» ou dessiner une «mesure à vue d’œil». La plupart des familles ont donc adapté les règles (en supprimant les cartes trop difficiles et en allongeant le temps imparti), de sorte à pouvoir, tout de même, passer un bon moment.Encadréinfluence allemandeLes Suisses aiment les jeuxSelon les distributeurs (venant la plupart d’outre-Sarine) présents au Salon du jeu à Berne, les Alémaniques ont une longueur d’avance sur les Romands. Ils sont influencés par l’Allemagne voisine, où le jeu est presque une institution. Ce sont d’ailleurs souvent des titres allemands qui remportent le «Prix de l’année», véritable Oscar du jeu de société. Et la plupart des nouveautés sortent d’abord sur le marché germanique, avant d’être traduites en français. Néanmoins, les Romands ne sont pas si différents de leurs concitoyens alémaniques. Il suffit de voir le nombre de clubs qui ouvrent leurs portes, permettant à tout intéressé de venir tester les nouveautés sur les conseils de passionnés. Et surprise: les adolescents sont les premiers à plébisciter ces espaces de rencontre. De leur côté, les magasins spécialisés soulignent l’engouement d’un nombre toujours croissant de clients, qui arrivent déjà pourvus de solides informations, pêchées sur l’internet, concernant les éditions, les dessinateurs ou les auteurs. Alors, foin des complexes, c’est le moment de s’initier à la magie du jeu de société! ¬ Soirées jeux: Le Bout du Monde, Vevey, tél. (021 921 40 04 www.leboutdumonde.ch¬ Clubs de jeux: Ellcrys o’ye Nechka, Lausanne, tél. 021 320 03 40 (www.ellcrys.ch), et Ludivers, Fribourg, tél. 026 424 77 69 et (www.yimatique.com)
Al’ère des playstations, le jeu de société n’est pas une espèce en voie de disparition. Au contraire: d’après les spécialistes, il continue de plaire à toutes les générations et reste une idée de cadeau prisée. Oui, mais voilà: lequel choisir?
Les commerces reçoivent une cinquantaine de nouveaux titres par an. Parmi eux, quelques jeux intéressants, mais aussi une majorité de sujets pour lesquels l’engouement ne durera pas. Or, seul le plaisir du jeu à long terme ...
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