Appartement somptueux, à prix abordable... Ce genre d’annonce a de quoi faire rêver quiconque s’est un jour frotté à la recherche infructueuse d’un logement. En période de pénurie, les intermédiaires n’ont en effet plus qu’à cueillir les locataires en détresse, en leur promettant des opportunités inespérées. Or, pour avoir accès à la base de données de ces sociétés, il faut s’acquitter d’une taxe d’inscription plus ou moins élevée. Et parfois leur verser une commission sur l’objet loué par leur intermédiaire.
«Lors de la dernière crise du logement, on a déjà vu fleurir ce genre de sociétés, constate Sabina Mascotto, avocate à l’ASLOCA Genève. Elles ont disparu dès que la situation s’est normalisée.» L’avocate ne mâche pas ses mots: «Les intermédiaires sont parasites et inutiles, puisque les gérances mettent gratuitement leurs bases de données à la disposition des locataires. La plupart le font sur Internet, ce qui facilite les recherches. Et il existe aussi des sites spécialisés dans la location d’appartement*.»
Amère déception
Brigitte Perrin, une lectrice de Bon à Savoir, est tombée dans le panneau. En automne dernier, elle désespère de trouver un appartement sur Genève ou en France voisine, lorsqu’elle tombe sur une annonce dans la presse, avec les coordonnées de Logimo. Pour avoir accès à la base de données de la société, on lui propose une inscription d’une durée de six mois, moyennant finance de 460 fr., payables d’avance. A elle, ensuite, de contacter Logimo tous les deux à trois jours pour voir si une offre correspond à ce qu’elle cherche.
Durant la première semaine, aucun appartement ne peut lui être proposé. «Les journaux regorgeaient pourtant d’annonces paradisiaques, mentionnant les coordonnées de Logimo», s’indigne Brigitte Perrin. Elle visite ensuite un appartement, qui ne correspond pas aux critères qu’elle a définis lors de son inscription. Bref, elle est déçue...
Pas de miracle
Joseph Landro, co-gérant de la société Logimo JL-LVA Sàrl, à Genève, considère les reproches de notre lectrice comme infondés. «Nous fournissons un outil de travail intéressant, en recueillant un maximum d’informations sur des logements vacants. Et grâce à des contacts privilégiés avec certains propriétaires, nous pouvons offrir des opportunités qui ne passent pas par les voies d’annonces officielles», avance M. Landro. Mais – et c’est le principe de ce genre d’intermédiaires – Logimo ne fournit pas la garantie de trouver un logement à ses clients. «Surtout dans l’intervalle d’une semaine!», insiste le gérant de l’entreprise.
Impossible de résilier
Deux semaines seulement après la conclusion du contrat, Brigitte Perrin décide d’annuler son abonnement par lettre recommandée et demande le remboursement de la somme versée prorata temporis. Logimo refuse tout net: «Cette cliente a signé pour une prestation d’une durée de six mois. Ce n’est pas très honnête de sa part de se rétracter», estime M. Landro, qui n’envisage aucune possibilité de résiliation. Rien d’ailleurs ne figure à ce sujet dans le contrat. Notre lectrice a donc poursuivi la société en justice.
En effet, le contrat signé par Brigitte Perrin semble correspondre à un contrat dit de service ou de mandat, l’entreprise s’engageant à fournir un service sans obligation de résultat. Mme Perrin devrait pouvoir le résilier en tout temps, comme le prévoit l’article 404 du Code des obligations. «Si les gens pouvaient annuler leur abonnement, ils le feraient dès qu’ils ont trouvé un logement, et nous ne rentrerions jamais dans nos frais», remarque Joseph Landro. Les juges trancheront.
Sophie Reymondin
*www.zannonces.ch
www.immopool.ch
www.immoclick.ch
www.immoscout24.ch
www.immostreet.ch