Très drôle quand il est porté à l’écran, le syndrome des Tanguy qui prolongent leurs études fait grincer les dents des parents. Car plus personne ne fait de cadeau aux jeunes encore dans le nid familial après 25 ans: une fois coiffée la Sainte-Catherine, il faut passer à la caisse comme les salariés! Tour d’horizon.
Fin des allocations
Le système de prévoyance helvétique est sans pitié pour les oisillons trop réticents à voler de leurs propres ailes. Le droit aux allocations familiales s’éteint ainsi automatiquement à 25 ans. Pour les parents, la perte varie entre 250 fr. et 425 fr. par mois, selon les cantons, pour le premier enfant, ce qui représente entre 3000 fr. et 5100 fr. par an!
Idem pour les rentes
A 25 ans, on n’a plus droit aux rentes d’enfant ou d’orphelin. Certes, les parents retraités – toujours plus nombreux – qui ont encore des enfants à charge peuvent prétendre à une rente d’enfant de l’AVS pour autant que leur rejeton soit encore en formation, mais ce droit s’éteint quand ce dernier a 25 ans. Itou pour la rente d’orphelin en cas de décès d’un parent. Rien à attendre non plus du 2e pilier, la loi sur la prévoyance professionnelle ayant aussi fixé l’âge limite à 25 ans.
Les spécialistes déconseillent de contracter une assurance incapacité de gain privée pour l’étudiant (lire TCF 6-7 2010). On veillera en revanche à constituer un bas de laine suffisant pour lui permettre de mener à bien sa formation, même si le soutien de famille venait à décéder. Selon la constellation familiale, il est judicieux de contracter un pilier 3b avec une clause bénéficiaire en sa faveur, car le pilier 3a serait réparti entre tous les héritiers.
Assurance maladie adulte
Pas de pitié non plus du côté de l’assurance maladie de base, dont les primes passent du tarif jeune adultes au tarif plein dès le 1er janvier suivant l’anniversaire fatidique. Ce qui entraîne une augmentation moyenne de 36.78 fr. par mois dans les cantons romands, soit 441.31 fr. par an (chiffres 2011)!
Assuré avec papa et maman
Pour les autres assurances (ménage, protection juridique, RC, livret ETI), il est conseillé de lire attentivement les conditions générales. Apprentis et étudiants sont généralement couverts par la police de leurs parents s’ils ne changent pas leur domicile légal. Sauf, notamment, la Rega, qui facture une cotisation après 18 ans.
Si l’on dépose ses papiers ailleurs, il faudra alors s’assurer comme un grand. Et plus question, là non plus, de profiter des tarifs préférentiels accordés aux jeunes adultes!
Abonnement CFF à plein tarif
Plus généreux, les CFF accordent une prolongation du tarif jeune, de 2250 fr. (2400 fr. dès le 12 décembre 2010) aux étudiants jusqu’à 30 ans. Les billets internationaux InterRail sont, eux, vendus à prix préférentiel jusqu’à 26 ans, après quoi, ils coûteront quelque 50% de plus.
Banques aux petits soins
La situation est plus favorable du côté des banques. UBS, Credit Suisse, les Banques Cantonales Bernoise, Fribourgeoise, Jurassienne et Vaudoise et PostFinance offrent jusqu’à 30 ans la gestion gratuite du compte et des taux très avantageux à leurs clients encore en formation. La Banque Cantonale du Valais et Valiant octroient même cette faveur jusqu’à 35 ans et Raiffeisen Suisse ne fixe carrément pas de limite d’âge, la condition étant de suivre une formation à temps plein.
Rien de tel en revanche à la Banque Coop qui traite ses clients sur un pied d’égalité après 20 ans. Migros a fixé la limite à 22 ans et les Banques Cantonales Genevoise et Neuchâteloise à 25 ans.
Le fisc est charitable
Les instances les plus charitables sont, contre toute attente, les services des contributions! La plupart des cantons, de même que la Confédération, acceptent encore la déduction d’un enfant qui n’a pas achevé de formation même après 25 ans (voir tableau).
Nous avons retenu les montants fixés pour le premier enfant en partant du principe que les aînés d’un jeune de 25 ans ont, eux, terminé leurs études. Fidèles à leur politique familiale, le Valais et le Jura sont particulièrement généreux avec des déductions de, respectivement, 11 410 fr. et 11 300 fr. pour un Jurassien qui loue une chambre à l’extérieur, ce qui est le cas de la plupart des universitaires de ce canton.
Ces déductions sont en outre acceptées même si l’étudiant a déjà un petit job, avec toutefois un revenu limite variant entre 10 900 fr. dans le Jura et 24 000 fr. dans le canton de Berne. Pour l’impôt fédéral direct (IFD), le fisc accepte la déduction à condition que l’étudiant ne parvienne pas à subvenir seul à son entretien et que ses parents lui versent 6100 fr. par an au moins.
Seul le canton de Genève a fixé la barre à 25 ans. Passé ce cap, la déduction pour enfant n’est plus autorisée.
Claire Houriet Rime