Les mers se vident, le WWF tire la sonnette d’alarme: trois quarts des espèces de poissons commercialisées sont victimes de la surpêche. En cinquante ans, le volume annuel des pêches mondiales a quadruplé, atteignant les 86 millions de tonnes. Le nord-est de l’Atlantique, région la plus surexploitée du monde, connaît une raréfaction dramatique des poissons. Du coup, les importateurs déplacent le problème en se rabattant sur d’autres espèces et d’autres régions du globe.
Trop de prises accidentelles
A ce constat s’ajoutent les chiffres désolants des prises accidentelles. En effet, les navires de pêche sont souvent spécialisés dans l’exploitation d’une seule espèce et ne tiennent pas compte des autres animaux capturés dans le lot. Selon le WWF, pour un kilo de crevettes tropicales pêché, on compte vingt kilos de prises indésirables. Sur une année, ces dommages collatéraux sont désastreux: 300 000 baleines et dauphins, 250 000 tortues, 340 000 phoques et 100 millions de requins périssent dans les filets.
Agir à tous les niveaux
Pour stopper cette hécatombe, tous les acteurs de ce marché sont appelés à agir. Mais les consommateurs peuvent, eux aussi, contribuer à améliorer les conditions de pêche et réduire la surexploitation. Grâce au dépliant «Poissons & fruits de mer», il est possible de faire ses achats en fonction des espèces et des régions les moins menacées (lire l’encadré).
Coop et, tout dernièrement, Migros se sont elles aussi engagées à améliorer leur politique
en adhérant au WWF Seafood Group. Ce regroupement d’entreprises s’engage à contribuer concrètement à la protection des mers en adaptant, progressivement, l’assortiment proposé. Les poissons et fruits de mer les plus menacés sont remplacés par des espèces dont les réserves sont exploitées durablement.
Restaurants indifférents
Si l’amélioration de l’approvisionnement des supermarchés peut avoir un impact positif, il faut néanmoins rappeler que la moitié des poissons et fruits de mer importés en Suisse est utilisée par la restauration. A
la carte, on trouve en moyenne 75% de poissons de mer et 25% d’eau douce. Et de nombreux poissons surpêchés figurent en tête de liste (loup de mer, sole, saint-pierre, turbot, etc.).
Contrairement aux grands distributeurs, les patrons de restaurants se montrent nettement moins sensibilisés au problème. Le WWF a mené un sondage auprès de 29 grands restaurateurs de Genève et Zurich. Si la plupart se disent conscients du problème, la moitié d’entre eux n’a pas été capable de citer la moindre espèce menacée. Et un seul connaissait le label MSC, garant d’une pêche durable.
Au restaurant comme au magasin, il convient donc de faire attention au choix des poissons.
Yves-Alain Cornu
conseils pratiques
Achats de poisson: suivez le guide!
Afin d’aider les amateurs de poisson soucieux de faire leurs achats de façon responsable, le WWF offre en exclusivité aux lecteurs de Bon à Savoir le guide d’achats «Poissons & fruits de mer» (collé ci-dessus). Petit et maniable, il indique les espèces conseillées ou, au contraire, à éviter*.
Les critères de recommandation prennent en compte notamment les méthodes de pêche, l’importance des prises accidentelles, la destruction des fonds marins par des méthodes inadéquates et la mise en œuvre de plans de gestion des quotas de pêche.
De manière générale, le WWF conseille de réserver le poisson pour des occasions spéciales et de préférer la production locale.
Dans l’idéal, le poisson sauvage doit afficher le label MSC et celui d’élevage le label bio.
* Liste complète et infos sur wwf.ch/poisson.