Certains rouges à lèvres «à la tenue et à la brillance extrême» sont censés résister à tout, même au baiser le plus fougueux. Les campagnes publicitaires vantant ce type de produits ont porté leurs fruits, puisque leur chiffre d’affaires a augmenté de 20% ces deux dernières années. Rien que l’an dernier, il s’est vendu trois millions de tubes sur le marché suisse, ce qui représente 36 millions de francs.
Mais ces produits de maquillage tiennent-ils sur les lèvres? Et qu’en est-il de leur effet hydratant? Bon à Savoir a fait tester dix bâtons de rouge à lèvres par l’Institut Dr Schrader, en Allemagne. Outre les modèles de grandes marques, la rédaction a avant tout sélectionné ceux dont les fabricants vantent la longue tenue, et cela exclusivement dans les tons rouges ou bruns.
Critères du test
Le laboratoire d’analyse a d’abord préparé les produits de manière à ce que la marque ne soit pas reconnaissable. Ensuite, quinze personnes ont testé chacun des rouges à lèvres durant une semaine, en les notant et en relevant leurs avantages et leurs inconvénients. Elles ont notamment répondu aux questions suivantes:
- Le «rouge» résiste-t-il aux baisers? La couleur tient-elle longtemps sur les lèvres? A-t-elle tendance à se déposer sur les verres et sur les tasses? (30% de l’appréciation globale);
- Les lèvres sont-elles bien hydratées et graissées? Ou au contraire sont-elles desséchées par le rouge à lèvres? Donne-t-il une agréable sensation de souplesse? (30%);
- Le maquillage est-il esthétique? Les lèvres sont-elles bien couvertes? Le goût et l’odeur sont-ils agréables? (25%);
- La couleur est-elle facile à appliquer, à répartir sur les lèvres et à retirer? (10%);
- Le bâton de rouge est-il facile à ouvrir, à sortir et à refermer? A-t-il une bonne consistance? (5%).
Mauvaise tenue
Les critiques les plus fréquemment émises par les testeuses concernent la tenue de la couleur. Mais l’effet hydratant a également souvent été jugé insuffisant. A l’inverse, le résultat sur le plan esthétique s’est révélé parfaitement convaincant. De même, l’application et le démaquillage se sont montrés tout à fait aisés. Et la maniabilité du tube n’a posé aucun problème.
Le vainqueur du test, Outlast de Cover Girl, marque de Migros, tient nettement plus longtemps sur les lèvres que ses concurrents. Dix des quinze testeuses ont d’ailleurs relevé cette qualité. Ce produit leur a plu, quand bien même son application demande un peu plus de temps que les autres. Il faut, en effet, utiliser successivement deux bâtons: le premier sert à étaler le pigment, avant de fixer la couleur avec le second. Sans oublier d’attendre environ une minute entre-deux pour bien laisser sécher la première couche.
Les résultats obtenus par Outlast confirment un fait avéré: en général, un «rouge» qui dure n’est pas en mesure d’apporter en même temps un effet hydratant de qua-
lité supérieure. La remarque vaut également pour le produit de Margaret Astor, classé en troisième position. Invincible de L’Oréal obtient cependant presque la même note pour les deux critères.
Performants et bon marché
Alors que les trois meilleurs produits se situent dans la même gamme de prix (entre 16 et 19 fr.), le Luciafun de Creative Cosmetics, classé quatrième, constitue la bonne surprise du test: pour 3,30 fr. seulement, ses performances sont très comparables à celles des trois premiers. Dix des quinze testeuses ont affirmé qu’elles choisiraient ce modèle, et cela sans même en connaître le prix. Il obtient ainsi le meilleur indice de satisfaction. Mais Outlast de Cover Girl, Invincible de L’Oréal et Gemey-Hydra-Stay de Maybelline ont aussi convaincu neuf des quinze testeuses, qui se sont déclarées acheteuses potentielles.
Quant aux deux produits les plus chers du test, ils arrivent bons derniers du classement: Rouge Diorific de Christian Dior et Pure Color de Estée Lauder n’ont réussi à convaincre ni pour leur tenue ni sur le plan des soins. Et le modèle de Estée Lauder est le seul à n’obtenir qu’une note «satisfaisant», juste derrière celui de Christian Dior, classé dernier de la catégorie «bon». Pour des prix aussi élevés (40 et 36 fr.), le consommateur est en droit d’attendre une meilleure qualité.
Doris Hefti, représentante de Estée Lauder Suisse est effarée par ces résultats: «Dans les tests que nous avons réalisés, ce produit a obtenu d’excellents résultats en ce qui concerne sa capacité à soigner et à hydrater les lèvres.» Et de relever que le chiffre d’affaires ascendant de ce produit est la meilleure preuve de sa qualité. Pourtant, cinq de nos testeuses seulement l’auraient acheté.
Rolf Muntwyler/sr