Mine de rien, les amateurs de café en capsule surfent sur une véritable avalanche de déchets. Un exemple: le paquet de dix dosettes Èspresso Cremoso vendues chez Coop contient 56 g de café pour 81 g d’emballage, soit 1,45 kg de déchets par kilo de café! Et il ne s’agit pas d’un cas isolé: pour les quatre produits compatibles Nespresso vendus dans les supermarchés, le poids des conditionnements dépasse celui du grain moulu. Seule la marque préférée de George Clooney fait exception avec 451 g pour 1 kilo de café (voir tableau).
En fait, ces produits ressemblent un peu à des poupées russes: le café est placé dans des dosettes à usage unique, elles-mêmes protégées dans des sachets hermétiques réunis dans un carton. A titre de comparaison, les emballages de deux paquets de 500 g de café en grains Chicco d’oro ne pèsent même pas 28 g! C’est dire combien les capsules sont peu à leur avantage.
Destination poubelle!
De surcroît, leurs déchets ne sont pas tous recyclables. Les cartons des paquets le sont, mais pas les capsules en plastique, ni les sachets qui les enrobent. Autant d’enveloppes destinées à la poubelle, puisque, à l’exception du PET, les plastiques des ménages suisses ne sont pas recyclés pour des raisons logistiques et financières. Quant aux opercules en alu qui ferment certaines capsules, il n’est pas toujours pertinent de les déposer dans un bac alu, car ils sont souvent recouverts d’une fine couche synthétique.
Au final, le poids des matériaux non recyclables va de 443 g à 666 g pour un kilo de café. Seul Nespresso fait exception à la règle, car tout est récupérable: le carton bien sûr, mais aussi les capsules en alu que l’entreprise revalorise. Cette opération garantit-elle pour autant un écobilan favorable ou s’agit-il d’un leurre du marketing? Selon Pascal Hottinger, directeur de Nespresso Suisse, une étude – commandée à Quantis – affirme que ses capsules ont un bilan environnemental comparable ou inférieur aux produits concurrents, indépendamment du fait qu’elles soient recyclées ou non et «qu’il y a une différence particulièrement marquée lorsque les capsules Nespresso sont envoyées au recyclage».
Autre son de cloche du côté de Migros. Le géant orange, sans citer Nespresso, rappelle que la production d’aluminium est très gourmande en énergie et affirme que l’impact environnemental des capsules en plastique est meilleur parce que le taux de recyclage de celles en alu est en réalité inférieur à 50%.
Coop et Denner citent aussi une étude de 2011 du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) qui estime que «la charge exercée sur l’environnement par la culture du café influence davantage l’écobilan que le choix entre capsules, machine à café automatique ou café filtre». Migros ne manque pas de préciser à ce sujet que son produit est certifié UTZ, un label environnemental. Coop, de son côté, avoue que son influence est limitée sur le conditionnement des marques qu’elle distribue…
Chauffé aux dosettes
Face aux déchets, on se consolera un brin en songeant que la vie des capsules en plastique ne se termine pas tout à fait au fond d’une poubelle. «Elles sont incinérées et produisent de la chaleur pour le chauffage et la production d’électricité», précise Jean-Paul Humair, directeur de l’Association Les Recycleurs genevois. Ce dernier conseille néanmoins, lorsque cela est possible, de retirer le marc pour le mettre au compost. C’est toujours ça de pris, même s’il brûle bien dans l’incinérateur.
Sébastien Sautebin