Beurre suisse? Pas vraiment...

Les consommateurs et les contribuables sont bernés: un dixième de notre beurre coûteux est importé d’Europe à bon prix.

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Bon à Savoir 02-1997

05.11.1997

Dernière mise à jour:
16.02.2023

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Le saviez-vous, votre beurre de cuisine, celui qui s’appelle simplement LE BEURRE, peut contenir du beurre allemand ou hollandais en hiver? C’est d’ailleurs désormais écrit en toutes lettres sur l’emballage, comme l’a remarqué une consommatrice attentive.
«Notre beurre contient donc du beurre bon marché de l’UE?», s’est-elle demandé.
La réponse est oui. Et c’est ainsi depuis des années, en automne et en hiver, lorsque les vaches donnent moins de lait, explique Esther Thommen, directrice administrative de la Centrale suisse du ravitaillement en beurre (BUTYRA). Qui précise: «Seul le beurre de choix ou celui des laiteries est entièrement d’origine suisse.»
Chaque année, depuis 1986 au moins, des quantités de beurre plus ou moins grandes sont en effet importées, comme en témoigne le rapport de gestion de la Centrale. En 1987, plus d’un tiers du produit vendu en Suisse provenait d’importations. En 1996, elles représentaient encore 10%. Mais ce n’est que depuis cet été, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle ordonnance sur les denrées alimentaires, que son origine doit être indiquée.

BUTYRA en sursis
La Centrale a le monopole de l’importation. Elle paie environ 3 fr. le kilo de beurre européen, subventionné par Bruxelles. Soit un cinquième du coût de fabrication du beurre suisse. Grâce à cette importation de beurre étranger, la BUTYRA a économisé près de 14 millions durant la période 1995/96. Une somme qui ne suffira pas à compenser les subventions et frais de publicité de la Centrale. Ils se sont montés à quelque 358 millions de francs durant la même période, dont 10 millions pour la seule pub. La période 1995/96 s’est ainsi soldée par un déficit de 344 millions. Un trou bouché non pas avec du beurre, mais en espèces sonnantes et trébuchantes par Berne, donc par les contribuables.
Mais cela pourrait ne pas durer longtemps: dans le cadre de la nouvelle politique agricole, le Conseil national a accepté l’idée de dissoudre la Centrale. Si le Conseil des Etats devait le suivre au printemps prochain, sans qu’un référendum ne soit déposé, les tâches de BUTYRA seraient reprises par l’Union centrale des producteurs de lait (UCPL). Pas de faux espoir pourtant: les consommateurs suisses ne verront pas le prix du beurre baisser pour autant.

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