Depuis l’éclatement de la crise européenne (en Grèce et en Espagne notamment), les investisseurs sont toujours plus nombreux à chercher des placements sûrs. Ils se reportent donc en masse sur les emprunts de l’Etat suisse, entraînant ainsi une hausse des cours et, par conséquent, une baisse de leur rendement. Les obligations à dix ans de la Confédération affichent ainsi un rendement de seulement 1,42%, alors qu’il était encore de 3,25% durant l’été 2008! Moralité: ce type d’investissement engendre un minimum de risque, mais les intérêts (coupons) qui en découlent sont dérisoires. Plutôt que d’en acheter, il convient alors se demander s’il ne faut pas se séparer de celles qu’on détient, pour autant que leur cours actuel soit supérieur à la valeur nominale. D’autant que, en Suisse, les gains obtenus grâce à la vente ne sont pas soumis à l’impôt, contrairement à ceux que procurent les coupons.
Plus de risques pour plus de rendements
Les obligations d’entreprises sont plus intéressantes, car leur rémunération annuelle est généralement plus élevée. Mais pas de miracle: la conjoncture actuelle étant encore fragile, le risque d’insolvabilité est aussi plus important qu’un investissement dans des emprunts gouvernementaux. Il faut donc se renseigner sur la qualité de l’entreprise avant de se lancer. Pour Roland Bron, directeur de VermögensZentrum en Suisse romande, le mieux est encore de se référer aux évaluations des sociétés de rating (Standard & Poor’s et Moody’s Investors Service), tout en considérant l’évolution des cours.
La valeur des obligations est en effet directement influencée par les taux d’intérêt: si ces derniers montent, les obligations qui y sont liées perdent de leur valeur, et vice versa. Or, comme ces taux sont, depuis quelque temps, particulièrement bas, il y a de fortes chances qu’ils augmentent dans les années à venir. Il est dès lors vivement conseillé de ne pas investir dans des obligations à long terme (cinq ans), au risque de subir un manque à gagner (les anciens titres d’emprunt rapportant moins que les nouveaux, leur valeur baissera, avec une perte de capital à la clé).
Autres variantes
Deux autres types d’obligations sont des variantes intéressantes.
- Les obligations convertibles en actions – Leur rendement (coupon) est moins important, mais la possibilité de les convertir en actions (selon des modalités fixées à l’avance) peut être bénéfique si ces dernières prennent de la valeur. Ce n’est toutefois vrai que lorsque le marché des actions évolue positivement! Voilà pourquoi il est conseillé de n’investir que 10 à 20% de son portefeuille obligataire dans cette option.
- Les emprunts obligataires qui ne sont pas libellés en francs suisses – Vu le taux particulièrement bas de l’euro, cette variante est actuellement intéressante. Non seulement à l’achat, mais aussi parce que les intérêts sont généralement bien plus élevés. Mais attention au risque de taux de change: l’investisseur gagnera si l’euro monte, mais perdra, dans le cas contraire.
Marie Tschumi