Quand les rappels de paiement s’accumulent sans qu’on ose plus les ouvrir, il est tentant de faire appel à une entreprise qui s’occupera de tout. C’est du moins ce que promettent les sociétés de désendettement. Dans les faits, leurs objectifs sont loin d’être désintéressés, comme le montre cette expérience vécue par un lecteur.
«Angoissé par nos dettes, nous avons fait appel à une société de gestion spécialisée dans ce domaine.» Or, la facture que lui présente la fiduciaire est salée: 5702 fr. d’honoraires pour gérer une dette de 37 230 fr.! «Notre souci est, dès lors, de savoir si les honoraires mentionnés sont définitifs ou s’ils vont encore augmenter. Nous envisageons par ailleurs d’annuler ce mandat, mais à quels frais?» s’interroge Miguel*.
Pour comprendre le piège dans lequel s’est fourvoyé ce lecteur, décortiquons le fonctionnement des sociétés de désendettement.
Première étape: avec une publicité bien ciblée, l’entreprise harponne tous ceux qui n’arrivent plus à faire front aux factures. Il en existe plusieurs en Suisse romande: Creditum, Dettes-Secours (filiale d’Ideal Finances), Gestifin, Synergie Finance ou encore Solution Crédit & Finance.
Toutes promettent de sortir les débiteurs de l’ornière en se chargeant de tout: négociations avec les créanciers, élaboration d’un budget et paiement des dettes. Pour échelonner le rattrapage des montants impayés, le client s’engage à verser à la société des mensualités fixes sur plusieurs années. C’est elle qui réglera ensuite les arriérés, le débiteur devant cependant encore assumer toutes les factures courantes.
Honoraires élevés
Ce service n’est évidemment pas gratuit. Les honoraires sont calculés selon un barème en deux parties.
- Pourcentage du total des dettes (12% dans le cas de Miguel, un tarif usuel).
- Forfait par créancier (dans le cas de Miguel 40 fr.). A noter que, en cas de retard d’impôts, certaines sociétés ne considèrent pas le fisc comme un seul créancier, mais facturent ce forfait pour chaque année fiscale non réglée.
Une fois la première mensualité payée, la société informe son client que les créanciers exigent davantage. Il faut alors, comme l’a vécu notre lecteur, augmenter le montant à verser chaque mois, ce qui implique une dépense supplémentaire souvent insupportable pour un petit budget. Commence alors un nouvel engrenage: la société supposée sauver son client lui envoie, à son tour, des rappels facturés en sus (15 fr. dans le cas de Miguel).
Le piège se referme
Le premier réflexe, bien compréhensible, est alors de rompre le contrat. Et c’est là que le piège se referme, car, alors, son contrat prévoit une pénalité de 700 fr. et le paiement de l’intégralité des honoraires!
«Dans la plupart des cas, nous préconisons pourtant la rupture, mais chaque situation doit être examinée individuellement», explique Corinne Feusier du Service social polyvalent du CSP à Lausanne. Avant de rembourser les créanciers, les sociétés de désendettement se servent en effet elles-mêmes, si bien que, en résiliant le contrat, le gros des dettes reste à régler!»
Il faut donc exiger un décompte précis pour évaluer le solde à payer. «Si les honoraires sont manifestement surévalués par rapport au travail accompli, il faut les contester», explique Joëlle Renevey de Caritas Fribourg. Dès lors, on informera immédiatement les créanciers en cas de résiliation pour entamer de nouvelles négociations.
Pour éviter d’en arriver là, il est donc préférable, sitôt qu’on est débordé par les rappels, d’avoir recours aux professionnels mis gratuitement à disposition par le Centre social protestant (CSP) ou Caritas (adresses sur www.dettes.ch).
Claire Houriet Rime
Précision de la société Ideal Finances Group Sàrl
Nos société de désendettement, Ideal Finances et Dettes-Secours,
ne se contentent pas d’établir un budget et de négocier avec les
créanciers. Le gestionnaire établit, pour chaque client, s’il bénéficie
de subsides auxquels il peut prétendre, s’il a réclamé à son bailleur la
baisse de loyer à laquelle il a droit, s’il a indiqué dans sa
déclaration d’impôt (dont l’établissement est offert aux clients) toutes
les déductions possibles. Il conteste les intérêts moratoires excessifs
et les frais injustifiés. Il propose des abandons partiels de créance
ou provoque des sursis concordataires. Il récupère pour le client des
allocations familiales ou des rentes d’orphelin qui n’avaient pas été
payées. Il fait opposition à une taxation fiscale manifestement
inexacte. Etc. Par ailleurs, si le client résilie le mandat de manière
anticipée, il n’aura, chez nous, aucune pénalité à payer. Le Miguel de
votre article n’était donc pas notre client.
Ideal Finances Group Sàrl
Dettes-Secours
*Nom connu de la rédaction.