«Prenez le temps de lire les conditions générales; ne signez pas avant d’être sûr de ce que vous faites», prévient Mélanie Galofaro. Si Bon à Savoir rappelle régulièrement ce conseil salvateur dans ses colonnes, la jeune Valaisanne parle en connaissance de cause.
L’automne dernier, elle emménage avec son ami dans un appartement «d’un quartier assez mouvementé de Sion». Le couple est alors démarché par Home & Business Security (HBS), une société romande qui propose des systèmes d’alarme reliés à une centrale. Lors de l’entretien, le concept convainc l’ami de notre lectrice, qui y voit une protection bienvenue. La jeune femme signe donc, «sans bien le lire», un contrat de quatre ans, à 116.95 fr. par mois. Dans la conversation qui a précédé, on lui aurait dit qu’elle pouvait résilier en tout temps. Mais ce qu’on a, semble-t-il, oublié de lui préciser, c’est qu’une indemnité de 2500 fr. est, dans ce cas exigée, comme l’indiquent les conditions générales.
Le couple va l’apprendre à ses dépens lorsqu’il décide de rompre le contrat après quelques semaines: «L’alarme se déclenchait quand nous étions chez nous; nous entendions aussi des bruits dans l’interphone provenant de la centrale. Nous avions vraiment l’impression d’être surveillés.» Bilan: une note salée de 1700 fr. – après avoir négocié une réduction de 800 fr. – et l’impression d’avoir été menés en bateau.
«Rien à me reprocher»
HBS a-t-elle embobiné notre lectrice? Sans enregistrement de la conversation, impossible de le certifier. Bien sûr, Mélanie Galofaro aurait dû lire les conditions générales attentivement, mais il est vrai aussi que tout n’est pas rose parmi les vendeurs de ces systèmes d’alarme. Pour preuve, la police vaudoise a même publié – tout en refusant de dévoiler des noms – une mise en garde contre «une minorité d’entreprises adeptes de méthodes de vente agressives, qui utilisent certains arguments fallacieux dans le but d’obtenir un contrat».
Serge Cloutier, directeur de HBS se défend d’en faire partie. «Nous ne faisons pas de démarchage agressif! La commerciale responsable du dossier cité est une jeune femme légèrement timide. Elle n’a pas forcé la conclusion de l’affaire avec un pistolet sur la tempe.»
Il conteste aussi fermement toute accusation d’écoute indiscrète: «La centrale n’a techniquement pas la possibilité d’entendre ce qui se passe dans l’appartement sans que l’alarme se soit déclenchée ou sans intervention du client.» Quant à l’indemnité, Serge Cloutier estime qu’un contrat n’est pas fait pour être rompu après quelques semaines et «que d’autres sociétés demandent non seulement une indemnité de résiliation, mais aussi le solde des mensualités restantes».
Une réflexion personnelle
Plus globalement, on peut encore se demander s’il est pertinent d’installer une alarme chez soi. Pierre-Olivier Gaudard, chef de la Division prévention de la criminalité de la police vaudoise, estime qu’il faut privilégier les sécurités mécaniques dans un premier temps (lire encadré). Et, lorsque tout a été fait à ce niveau, on peut s’interroger sur l’intérêt d’une alarme. «La décision doit alors être le fruit d’une réflexion personnelle et non pas résulter d’un démarchage.» Le cas échéant, la police conseille de comparer les offres, car le coût peut être élevé. En honorant son contrat, Mélanie Galofaro aurait déboursé plus de 5600 fr. en quatre ans.
Sébastien Sautebin
CONSEILS PRATIQUES
Protection mécanique d’abord
«En matière de protection contre les cambriolages, mieux vaut installer d’abord des sécurités mécaniques», conseille Pierre-Olivier Gaudard. Ces dernières – rosace, garnitures de sécurité, barre transversale, etc. – dissuaderont les cambrioleurs en compliquant leur intrusion. C’est d’ailleurs ce que rappelait l’article «Les clés d’une bonne sécurité», de nos confrères de Tout Compte Fait (11/2012).
Les alarmes, en revanche, ne s’enclenchent que lorsque le malfrat est parvenu à l’intérieur. «Beaucoup de voleurs agissent en quelques minutes. Or, même si une alarme sonne, certains continuent leur action. L’idéal serait de renforcer les sécurités mécaniques, puis, ensuite, de poser une alarme. C’est une question de budget», ajoute Pierre-Olivier Gaudard.
Serge Cloutier estime cependant que les 110 décibels de son système font fuir la plupart des cambrioleurs. Il évoque aussi l’effet préventif des autocollants apposés sur les lieux protégés.