Un million et demi d’offres, dans plus de 34 000 villes et quelque 190 pays. Le raz-de-marée airbnb n’en finit pas de lécher de nouveaux rivages. Bête noire des hôteliers, le concept a tellement de succès que ses offres surpassent quantitativement celles des hébergements classiques dans certaines villes. Mais le modèle d’airbnb a-t-il, tout comme l’a fait celui des compagnies low-cost avant lui, démocratisé le voyage en le rendant accessible à toutes les bourses? Pour le savoir, nous avons comparé les prix d’un séjour pour deux dans le centre de trois des villes les plus chères du monde: Zurich, Copenhague et New York.
Le résultat est moins révolutionnaire que prévu: le coût moyen des nuitées est, certes, au dessous de celui de l’offre hôtelière, mais pas dans des proportions spectaculaires (voir tableau). Plus étonnant, l’offre la moins chère que nous avons relevée ne provient jamais d’airbnb!
En «last minute»
Premier scénario, un week-end à Zurich réservé à la dernière minute. Sur le plan quantitatif, airbnb fait exactement aussi bien que les hôtels et les auberges de jeunesse, avec 67 offres libres dans un rayon de 2 km autour du centre – soit 30 minutes à pied. Mais surprise: aucune «chambre partagée» (lire encadré) n’est proposée. Trop timides, les Zurichois? Toujours est-il que la nuitée pour deux coûte 149 fr. en moyenne en «chambre privée» et 233 fr. en «appartement privé». Pas vraiment bon marché, mais tout de même moins que les 241 fr. d’une chambre double dans un hôtel, le même jour et dans la même zone. Soit, respectivement, 38% et 3,4% de moins. Plus surprenant, l’offre la moins chère – 70 fr. pour une chambre double – ne provient pas d’airbnb, mais d’une petite auberge répertoriée sur hotels.com! Raison: les hôteliers bradent souvent leurs chambres à la dernière minute sur les plateformes de réservation en ligne.
Week-end organisé
Direction Copenhague. A 2 km autour de Nyhavn, son célèbre canal entouré de maisons colorées, nous avons relevé pas moins de 817 offres airbnb disponibles pour un séjour de deux nuits le mois prochain! Soit très nettement plus que les 58 offres hôtelières libres à la même période. Le prix moyen de la chambre privée est de nouveau à l’avantage d’airbnb, un peu plus nettement qu’à Zurich: 208 fr. les deux nuits, contre 373 fr. dans les hôtels (–44%). Mais cette fois, l’offre la moins chère tombe dans l’escarcelle de la plateforme en ligne (120 fr. contre 157 fr.). Le vainqueur toutes catégories reste toutefois la bonne vieille auberge de jeunesse: l’une de celles du centre de Copenhague facture 107 fr. les deux nuits pour deux personnes dans un dortoir.
Escapade à New York
Outre-Atlantique, la déferlante airbnb est encore plus forte, mais les conclusions restent les mêmes: impossible de dormir au cœur de Manhattan pour une bouchée de pain, malgré les 607 offres à 15 minutes à pied de Times Square la première semaine de décembre. On y débourse en effet 1324 fr. en moyenne (soit 95 fr. par personne et par nuit). C’est 55% de moins que les 2974 fr. d’un séjour dans la chambre double d’un hôtel, mais la pléthore de palaces que compte Manhattan tire la moyenne vers le haut. Et c’est de nouveau dans le dortoir d’une guesthouse qu’on s’en tire le mieux (567 fr.). Bien entendu, il suffit de s’éloigner un peu de l’hypercentre de New York pour se loger à meilleur compte. Mais l’astuce est valable pour toutes les catégories d’hébergement.
Réseau social ou business?
Contrairement à ce qu’écrit airbnb sur ses pages, les chambres ne se louent donc pas au «tiers du prix d’une chambre d’hôtel». En outre, ce sont toujours les auberges de jeunesse et autres guesthouses qui proposent les prix les plus bas. Mais le voyageur cherchant davantage l’espace que les services trouvera plus souvent son compte sur la plateforme de réservation que dans une liste d’hôtels.
Quant à la carte communautaire jouée par l’entreprise – quoi de mieux que de découvrir une ville avec son hôte comme guide? –, elle semble abattue, en réalité, de moins en moins souvent: 75% des offres de notre relevé sont d’ores et déjà consitutées d’appartements entiers, souvent mis en location à l’année par des personnes qui habitent ailleurs ou des sociétés qui possèdent plusieurs biens. En analysant attentivement les logements et les commentaires laissés par les voyageurs, on peut toutefois cibler relativement facilement celles qui permettent vraiment de partager, pendant quelques jours, le logement, voire le quotidien, du véritable habitant des lieux*.
Vincent Cherpillod
*Bonus web: Réserver sur airbnb, cibler les offres, éviter les écueils.
Canapé, chambre, appart’?
Que trouve-t-on exactement sur airbnb? Une offre comparable à une auberge de jeunesse? A une chambre d’hôte? Un canapé dans le salon d’un inconnu? En fait, les trois à la fois. Réunir sous un même toit des formes d’hébergement très différentes est d’ailleurs l’une des recettes du succès, car des voyageurs aux profils variés peuvent y trouver leur compte. Pour simplifier la sélection, les offres sont réparties en trois catégories.
> La «chambre partagée» se rapproche de l’auberge de jeunesse, ou alors du «couchsurfing»: on partage une chambre avec d’autres voyageurs, voire le salon ou la même chambre que l’habitant des lieux.
> La «chambre privée» ressemble au B&B traditionnel: le visiteur loue une pièce dans l’appartement ou la maison de son hôte.
> L’«appartement privé» se rapproche de la chambre d’hôtel ou de l’appartement loué à la semaine et offre une totale intimité.