Al’occasion de son 75e anniversaire, en août 2000, les enfants d’Henri Bovigny lui ont offert un vol en ballon. A Vaulruz (FR), où Henri est domicilié, on voit assez souvent défiler des montgolfières dans le ciel. Bien sûr, cela fait un peu peur, mais une balade en plein ciel ne se refuse pas.
C’est donc avec un sentiment mêlé d’appréhension et d’excitation qu’Henri et son épouse attendent le jour J, car chacun a reçu un bon d’une valeur de 300 fr./pièce, acheté chez Imagin Air. Sur le bon figure la précision suivante: «Vous serez contacté par le pilote pour fixer la date du vol.»
Or cela fait deux ans et demi qu’ils attendent. «Avec l’âge qu’on a, soupire Henri, on aimerait bien en profiter avant qu’il ne soit trop tard.» Il comprend bien que les conditions météo ne sont pas toujours favorables, mais le temps commence à se faire long. Alors, il téléphone à l’aérostier, Patrick Klosowicz, qui lui demande de patienter encore. Lassé, Henri réclame par écrit le remboursement des bons. Il ne reçoit aucune réponse et a l’impression que l’aérostier vend beaucoup de bons- cadeau mais que, une fois l’argent en poche, il n’est pas très pressé de voler et encore moins de rendre l’argent.
Retard général
Quand nous avons appelé l’organisateur des vols, nous sommes tombés sur un répondeur et personne ne nous a rappelé. Attrape-gogos? La conclusion paraissait s’imposer. Mais, sur le terrain, les choses sont loin d’être aussi simples. Tous les aérostiers que nous avons contactés connaissent des problèmes de surbooking, en raison d’une météo particulièrement capricieuse l’année dernière, surtout le week-end.
A Château-d’Œx, la société Sky Event, qui vole tous les jours de l’année, par beau temps, et qui possède plusieurs ballons, annonce une liste d’attente de 2000 personnes. Certains bons ont été émis il y a 6 ou 7 ans. «La météo n’est pas seule responsable, explique le pilote, Xavier Féal. Beaucoup de ces bons – la moitié peut-être – ne sont jamais utilisés parce que les gens ont peur de voler.»
Quant à Patrick Klosowicz, l’aérostier d’Imagin Air, nous avons finalement réussi à le joindre. Désolé, il reconnaît souffrir aussi du problème de surbooking: «Je comprends que les passagers se demandent si c’est de l’arnaque, mais les clients sont toujours mis au courant de la situation quand ils achètent les billets.» Il se dit pourtant prêt à rembourser les bons-cadeau d’Henri Bovigny, ou alors à placer son nom tout en haut de la liste d’attente. Henri Bovigny a choisi le remboursement.
Eric Jaquier