Si les Suisses boudent la dinde qui garnit les tables de Thanksgiving le quatrième jeudi de novembre aux Etats-Unis, ils ne résistent pas aux prix bradés le lendemain pour le «Black Friday» qui a conquis le Vieux Continent. En 2018, le chiffre d’affaires du commerce en ligne dans notre pays a frôlé les 80 millions de francs à cette date, soit le double d’un jour habituel sur la toile.
Les objets domestiques (électroménager et électronique) se placent en tête de liste. Gare toutefois aux achats compulsifs: s’il veut faire de bonnes affaires, le 29 novembre prochain, l’acheteur futé doit prendre le temps pour se préparer.
1. Identifier ses besoins
La pluie de mails et d’annonces affichant comptes à rebours, offres «top chrono» et rabais de 50% au moins, ne doit pas faire perdre de vue l’essentiel: on peut survivre sans le dernier smartphone. Et, en 2020, c’est l’équipe la meilleure qui gagnera l’Euro de foot… même si on garde son ancien téléviseur.
En revanche, quand l’aspirateur, le presse-agrume ou l’enceinte portable arrivent en fin de vie, quand une doudoune perd ses plumes, il vaut la peine de traquer les bonnes affaires. Idem pour les cadeaux de Noël: mieux vaut réfléchir à l’avance à ce qui fera vraiment plaisir qu’offrir une troisième paire d’écouteurs, parce qu’ils étaient soldés à moitié prix.
Première étape: faire sa liste de courses. On cherchera ensuite le modèle le plus approprié à ses besoins, en consultant les tests parus sur l’application de Bon à Savoir, dans la rubrique Les tests des autres (lire page 43) ou encore sur les sites spécialisés. Ne pas hésiter non plus à demander conseil autour de soi.
Reste, enfin, à établir un budget: dommage de se priver de saison de ski parce que le 13e salaire a été dépensé en novembre! C’est enfin le moment de profiter des bons d’achats oubliés dans les tiroirs mais encore valables.
2. Repérages
Pour dégoter les meilleures offres le jour J, un travail de repérage s’impose au préalable. Il s’agit de se faire une idée du prix de chaque objet, hors promotion. A ce titre, le comparateur toppreise.ch est un outil précieux pour de nombreux équipements.
Combien coûte tel casque audio hors promotion? Où trouver le moins cher? Quels modèles de fin de série pourraient être bradés avant la sortie d’une nouvelle édition? Quelles sont les bonnes affaires flairées par les sites spécialisés?
En octobre, le site lesnumeriques.com conseillait ainsi d’attendre le 29 novembre pour voir baisser le prix de deux téléviseurs sortis en 2019. «Nous savons que certains appareils sont susceptibles d’être soldés. A partir de là, nous basons nos conseils sur les notes obtenues et sur l’historique des prix des produits que nous surveillons», explique le directeur général adjoint Florent Alzieu.
On se méfiera, en revanche, des conseils intéressés glanés: «Il vaut mieux acheter beaucoup que pas suffisamment», lit-on ainsi sur blackfridaydeals.ch, la plateforme qui regroupe les offres des principales enseignes suisses. Le site conseille encore de remplir son panier avant la date fatidique pour bénéficier des rabais: tous les moyens sont bons pour créer la panique.
3. Garder la tête froide
Les Suisses n’ont, contrairement aux Américains, pas congé le jour J pour se ruer dans les magasins ou passer la matinée devant l’ordinateur: ce n’est pas une raison pour céder, faute de temps, à la tentation d’un achat «en un clic»! Grâce à sa liste d’achats et aux tarifs relevés avec soin, l’acheteur futé identifiera les vraies affaires. On se méfiera des rabais trop importants: au-delà de 20%, il y a souvent anguille sous roche.
Vérifier aussi la durée de la garantie, sans pour autant la prolonger à grand prix (lire «Garantie prolongée, TV assurée à moitié»). Inutile, enfin, de multiplier des assurances coûteuses et pas forcément utiles, et ce, même si le vendeur insiste.
4. Pirates en embuscade
Faire ses emplettes en ligne implique quelques précautions. Vérifier d’abord que l’adresse physique du vendeur se trouve en Suisse, ce qui n’est pas forcément garanti par l’extension.ch. (lire «Ces sites en .ch pas suisses pour un sou»). Les sociétés basées à l’étranger facturent des frais de port élevés, sans parler du dédouanement et de la difficulté de renvoyer l’objet s’il ne convient pas.
Si on crée un compte sur un nouveau site, on choisira un mot de passe spécifique. Veiller à ce que la transaction soit sécurisée comme l’atteste le petit cadenas sur la barre de navigation. Et, s’il faut passer commande pendant la pause de midi, on privilégiera la 4G plutôt que de donner des informations bancaires sensibles sur un site public (CFF, café ou institution).
5. Vêtements et chaussures
Avant de partir en chasse, il vaut la peine d’aller chercher, au fond de l’armoire, les vêtements chauds oubliés depuis l’hiver dernier: inutile d’acheter un quatrième pantalon noir. Quant à la chemise trouvée aux soldes de janvier et déjà oubliée, elle fera très bien l’affaire pour le réveillon! Les familiers d’une marque de jeans ou d’articles de sport spécifiques repéreront, à l’avance, modèles et tarifs pour profiter de vraies bonnes affaires le jour J.
Tous les coups de cœur sont permis le fameux vendredi, moyennant quelques vérifications. Dans les boutiques, ne pas hésiter à décoller les étiquettes: la réduction est-elle réelle ou l’article était-il aussi avantageux la veille? Les coutures sont-elles de qualité? Ne pas craquer pour un vêtement ou des chaussures sans les essayer, à moins d’avoir la certitude de pouvoir les rapporter à moindres frais. Pour les achats en ligne, consulter le guide des tailles et s’assurer de pouvoir les renvoyer, s’ils ne vont pas.
Claire Houriet Rime
