Une étonnante «fake news» a suscité l’émoi l’automne dernier: l’Union européenne allait-elle interdire le kebab? La nouvelle est partie d’Allemagne, dans un article publié dans Bild fin de novembre, puis s’est répandue en Angleterre, en France, etc.
Finalement, le kebab a été sauvé, les internautes soulagés!
Mais l’issue de cette fausse rumeur est-elle réellement rassurante?
Eh bien, non! Que les amateurs de kebab soient tranquillisés, nous n’avons rien à reprocher à ce mets qui, bien que meilleur dans les pays dont il est originaire, est largement consommé dans nos régions, davantage que les sandwichs et autres hamburgers.
En réalité, la polémique est partie des additifs chimiques à base de phosphates inorganiques servant à lier les morceaux de viande destinés à tourner sur la broche. Pas interdits, sans être vraiment autorisés, ils sont pourtant soupçonnés d’augmenter les risques cardiovasculaires, entre autres méfaits. C’est pourquoi l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pose une limite pour sa consommation quotidienne à 550 mg, alors qu’elle atteint actuellement une moyenne de 1500 mg par jour!
Contre toute attente et malgré l’avis de la Commission santé du Parlement européen, les députés ont donné leur feu vert à l’utilisation de ces additifs à base de phosphore. A une très courte majorité, il est vrai.
Cet épisode d’apparence anecdotique démontre, une fois encore, le jeu sournois de l’industrie alimentaire qui, derrière une codification des plus opaques, cache une quantité insoupçonnée de substances parfois inutiles, souvent nuisibles.
Afin d’accompagner les consommateurs dans cette jungle des additifs qui parasitent la lecture des ingrédients, notre application «Codes E», lancée en 2011 déjà, a été entièrement mise à jour et complétée avec l’ouvrage de référence d’Anne-Laure Denans, docteur en pharmacie et diplômée en nutrition. Notre synthèse des différentes sources débouche sur une classification simple, didactique et pratique (lire «Des additifs phosphatés dans le kebab»).
Zeynep Ersan Berdoz
