La force du franc aura au moins eu un mérite, celui de pousser les principaux importateurs à baisser significativement les prix catalogue des automobiles neuves en Suisse. Pour les consommateurs, les réductions actuelles sont alléchantes. Quelques exemples: Opel octroie un bonus E-Flex allant jusqu’à 27% sur le prix d’une Opel Corsa Twinport Ecotec: le modèle à 100 ch, 5 portes, vendu jadis 22 950 fr., coûte désormais 17 350 fr. Chez Renault, les rabais actuels vont de 3000 fr. à 11 000 fr. selon les modèles: ainsi, une Espace, prix catalogue de 46 300 fr., est proposée à 33 300 fr. jusqu’au 30 novembre. Ces chiffres ne constituent pas des exceptions. Les représentants des dix principales marques vendues en Suisse proposent des baisses dépassant souvent les 20% et pouvant atteindre 30% sur leurs prix catalogue. Les tentations sont dès lors grandes pour les clients. Mais faut-il se lancer maintenant, ou attendre encore un peu pour profiter d’offres encore plus alléchantes?
«A ma connaissance, la situation n’a jamais été aussi intéressante pour acheter un véhicule neuf, estime Moreno Volpi, porte-parole du TCS, mais nul ne peut prédire avec certitude comment la situation va évoluer». Or, selon Kaspar Haffner, porte-parole de Ford Suisse, «fixer des eurobonus est très compliqué, car de nombreux facteurs interviennent». Le taux de change du franc suisse avec l’euro et les stratégies adoptées par la concurrence sont les deux plus importants: «S’ils restent stables, nous devrions maintenir nos offres actuelles», poursuit Kaspar Haffner. En revanche, un affaiblissement du franc, sous l’influence par exemple d’une décision de la BNS de fixer un nouveau taux plancher, pousserait sans doute certaines marques à dminuer leurs rabais. Dès lors, à trop attendre…
L’importation directe reste attractive
Si les prix actuels rendent les importations directes moins attractives, cette démarche n’en demeure pas moins intéressante. Il faut bien évidemment comparer les offres de part et d’autre de la frontière, mais, en principe, plus le véhicule a une valeur élevée, plus la différence sera importante. Attention toutefois: il faut se rappeler que les équipements proposés varient selon les pays et ne pas oublier d’intégrer dans son calcul les différentes taxes d’importation. De plus, les garanties et services proposés en Suisse sont souvent supérieurs et il est très difficile d’obtenir un leasing ou une reprise de son ancienne voiture hors de nos frontières.
Vendez à un privé
La baisse des prix catalogues des véhicules neufs crée aussi une pression sur les prix de ventes des occasions en Suisse. Ce phénomène a plusieurs conséquences.
> Les automobilistes courent le risque de se voir proposer un faible prix de reprise pour leur voiture à l’achat d’une neuve, certains garagistes étant devenus frileux à l’idée d’acheter des occasions. Si l’on veut éviter de trop brader son véhicule, on peut essayer de le revendre à un privé: on s’en tire parfois mieux qu’avec un garage. La meilleure méthode pour fixer un prix correct est de prendre la moyenne entre les valeurs Eurotax «Achat» et «Vente» du véhicule (www.eurotaxglass.ch) et de jeter un œil sur les sites internet spécialisés. Il reste ensuite à trouver un acheteur, ce qui n’est pas toujours facile.
> Les professionnels du domaine rechignent à parler de l’évolution des prix, affirmant qu’il est impossible de jouer à Nostradamus. Selon le TCS, il vaut néanmoins la peine, dans la mesure du possible, d'attendre quelques semaines si l’on souhaite acquérir une occasion: la différence de prix avec les voitures neuves ayant diminué, le club «part du principe que le marché de deuxième main va, lui aussi, subir une correction et que les prix vont donc baisser à court ou à moyen terme».
Sébastien Sautebin