Neuf des dix quittances analysées par le Laboratoire cantonal de Zurich contiennent du bisphénol A, un perturbateur endocrinien.
«Voulez-vous le ticket de caisse?» En répondant par l’affirmative, le consommateur doit être conscient qu’il prend un risque. Une analyse du Laboratoire cantonal de Zurich montre en effet que neuf quittances sur dix contiennent en moyenne 1,3% de bisphénol A.
Présent dans les biberons ou le revêtement intérieur des canettes (lire Le bisphénol est partout), voire même, selon une enquête publiée ce jour dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, dans le matériel médical utilisé pour effectuer les césariennes, ce perturbateur endocrinien modifie l’équilibre hormonal. Des études ont montré qu’il diminue, à haute dose, la quantité de spermatozoïdes et augmente le risque de maladies cardiovasculaires ou de diabète.
Les caissières sont particulièrement exposées: le Laboratoire cantonal de Zurich a retrouvé jusqu’à 70 microgrammes de bisphénol A sur leur peau après une journée de travail de dix heures. C’est certes quatre fois moins que la valeur limite autorisée, mais le risque d’absorption augmente fortement en cas d’utilisation d’une crème pour les mains, qui rend la peau perméable. Une étude française a d’ailleurs montré que 46% de la substance traverse la peau après 72 heures.
A l’étranger, les supermarchés en ont tiré les conséquences: le Français Carrefour et l’Allemand Rewe utilisent désormais du papier sans bisphénol. En Suisse, on tarde à réagir, au grand regret du syndicat Unia, qui exige que les distributeurs locaux prennent des mesures. Coop et Manor affirment examiner des solutions de remplacement. Migros et Denner estiment au contraire qu’il «n’y a aucune raison d’agir».
Récemment interpellé sur le sujet au Conseil national, le ministre Didier Burkhalter a déclaré que la teneur en bisphénol A dans les tickets est inférieure à la limite légale. Une étude a néanmoins été commanditée, mais, selon l’Office fédéral de la santé publique, ses résultats ne seront «pas disponibles avant la fin de l’année.»
En attendant, il faut éviter de laisser les enfants jouer avec les quittances. Selon l’Institut allemand d’évaluation des risques, il n’est en effet pas exclu qu’ils absorbent du bisphénol en les mettant en bouche.
Christian Egg /nz