Couturière de formation, Natacha Nicolate* rêvait d’une reconversion dans le secteur touristique et a donc suivi une formation commerciale bilingue à l’Ecole suisse de tourisme à Sierre. Ses études ont été couronnées de succès, mais sa carrière dans la branche, elle, peine à démarrer, faute de poste disponible. Aujourd’hui, notre lectrice doit se contenter d’un travail de secrétaire dans une entreprise industrielle sédunoise et, moins rigolo encore à 33 ans, elle jongle avec une dette de 26 000 fr. contractée pour financer sa formation.
«J’ai déjà remboursé 3000 fr., mais mon budget est parfois très serré, surtout lorsque je reçois de grosses factures et, pour mes dernières petites vacances, j’ai été obligée de puiser sur ma carte de crédit», confie Natacha. Résultat: en plus de ses 23 000 fr. de dette restante pour sa formation, elle accuse un retard d’impôts de 2180 fr., doit 980 fr. à l’émetteur de sa carte de crédit et il lui reste aussi huit mensualités de 351 fr. à payer pour le leasing de sa voiture.
Sortir des chiffres rouges
Bien que la situation ne soit guère agréable, elle n’est pas catastrophique, car notre lectrice sait gérer son argent, tient parfaitement à jour ses comptes et réussit à économiser environ 600 fr. par mois (soit près de 7200 fr. par an), en plus de ses remboursements (voir listes de ses revenus et de ses dépenses).
Ses objectifs sont aussi très clairs: «J’aimerais me remettre à flot le plus vite possible, me constituer un matelas de secours, puis épargner pour m’acheter un appartement. Quel serait le meilleur moyen d’y parvenir?»
La première chose à faire est de liquider son retard d’impôts, de rembourser, au plus vite, le solde de sa carte de crédit et de verser les dernières mensualités de son leasing, afin d’interrompre la course des intérêts. Ces objectifs devraient être atteints, sans trop de problème, avant la fin de l’année.
Future propriétaire
Ensuite, tout en remboursant ses dettes d’étude, elle pourra déjà mettre de l’argent de côté pour son futur logement. «Au vu de son revenu actuel, Natacha Nicolate pourrait envisager d’acquérir dans quelques années un appartement d’une valeur de 300 000 fr. environ, estime Roland Bron, directeur de VZ VermögensZentrum en Suisse romande. J’utilise une règle toute simple pour cela: salaire brut annuel : 3 : 5,8% = prix maximal.
»Le salaire brut, dans ce cas étant de 54 000 fr., cela donne un bien dont la valeur ne devrait pas excéder 310 345 fr. Les charges liées à son acquisition correspondront ainsi au tiers du revenu, condition sine qua non à l’obtention d’un prêt.»
Et, comme il faut aussi avancer 20% de fonds propres à la banque pour qu’elle accepte de financer le solde, Natacha devra réunir quelque 60 000 fr. avant de concrétiser son projet.
Pour y parvenir, elle travaille dur: «Mon poste de secrétaire est à 100%, mais je fais aussi de la vente à domicile et un peu de couture, en soirée et le week-end. En moyenne, cela me rapporte environ 300 fr. de plus.»
Elle s’est aussi récemment mise en ménage avec un ami, ce qui leur permet de partager certains frais, comme le loyer.
Pour nos calculs – peu romantiques –, nous n’en avons pas tenu compte, afin que le scénario tienne la route même en cas de séparation. Résultat: au rythme de 600 fr. d’économies par mois, pendant six ans, puis 950 fr. dès que Natacha aura remboursé la dette liée à sa formation, elle devrait avoir réuni le pécule nécessaire à l’achat de son appartement dans huit ans (voir plan d’épargne).
Epargne à deux vitesses
«Le plus indiqué serait de répartir l’argent entre un compte épargne et un compte de prévoyance lié (3a), conseille Roland Bron. Le premier permet de disposer de ses économies, si besoin, car on peut facilement retirer ses avoirs d’un compte épargne. Le second offre un intérêt plus intéressant, de l’ordre de 2,5% actuellement et, surtout, les versements sont déductibles du revenu imposable. Natacha Nicolate paiera ainsi 623 fr. de charge fiscale en moins. En principe, l’argent est bloqué sur ce type de compte jusqu’à la retraite, mais on peut en disposer avant pour acheter sa résidence principale. Le retrait est toutefois soumis à un impôt de déblocage.»
Natacha, elle, avait songé à des fonds de placement en s’approchant de notre rédaction: «Ne serait-ce pas un moyen de rembourser ma dette et d’épargner plus rapidement?» «Non, répond Roland Bron, l’horizon de placement est trop incertain, car l’argent doit, ici, rester disponible à court et à moyen termes. Même un compte de prévoyance lié à des fonds n’est pas indiqué, car il s’agit de financer l’achat d’un appartement dans huit ans et le rendement n’est pas du tout garanti à une telle échéance.»
But atteint dans huit ans
Totalement désendettée dans six ans et propriétaire dans huit, Natacha doit donc prendre patience. Mais sans doute parviendra-t-elle à ses fins plus tôt. Plusieurs économies supplémentaires peuvent, en effet, être réalisées. Son ami partage le loyer (+4860 fr.). Sa note de carte de crédit et son retard d’impôts seront bientôt remboursés (+2180 fr. et +980 fr.), de plus, son 3e pilier bancaire diminuera ses futures factures fiscales (+623 fr.). La fin de son leasing est proche (+2808 fr.) et elle pourra alors opter pour une assurance casco partielle et non complète. Bref, de quoi réunir au moins 11 000 fr. de plus par an. A ce rythme, elle aurait assez pour s’acheter son appartement dans quatre à cinq ans déjà.
«A moins qu’on fasse des bébés…», lance Natacha.
Joy Demeulemeester
* Nom modifié.