Votre opérateur de téléphonie ou votre assureur vous ont sûrement déjà fait le coup. «Simplifiez-vous la vie en utilisant le recouvrement direct», recommandent-ils dans un document joint à votre facture. Il suffit alors de renvoyer ledit formulaire signé pour que votre compte soit ensuite automatiquement déduit du montant de toutes leurs factures. A PostFinance, cela s’appelle le débit direct (DD); à la banque, le recouvrement direct ou LSV (Lastschriftverfahren).
En soi, le recouvrement direct n’est pas pire qu’un autre moyen de paiement. Plus discutable est la façon dont les entreprises essaient de l’imposer. En faisant, par exemple, échoir leurs factures au beau milieu d’un mois, elles impressionnent le consommateur, qui craindra d’oublier le délai et cédera à la nouvelle offre. Sur leurs sites internet, elles insisteront également lourdement sur le fait qu’un autre moyen de paiement, comme un ordre permanent, peut être payant. Enfin, pour ceux – toujours plus nombreux – qui règlent leurs facture par internet, la seule façon d’éviter le pénible travail de transcription du numéro de référence (jusqu’à 27 chiffres par paiement), c’est aussi et toujours le LSV/DD!
Avantages…
Le système a certes des avantages pour le consommateur. Gratuit, il permet d’éviter de coûteux frais de rappel en plus de la corvée des paiements, que ce soit par internet ou aux guichets. Outre le fait qu’il s’adapte à des montants variables, le recouvrement direct dispose d’un atout majeur: le droit de contestation – obligatoire – de 30 jours dès l’avis de débit. Pour annuler un paiement, il suffit d’écrire à sa banque ou à PostFinance. Aucun justificatif n’est nécessaire.
…à double tranchant
Ces avantages sont toutefois à double tranchant. Votre compte doit en effet être suffisamment fourni en tout temps, sinon la transaction ne pourra s’effectuer. Des frais de rappel de la part de votre assureur ou de votre fournisseur de téléphonie ne sont donc pas exclus. Surtout, il faut impérativement contrôler vos relevés de compte! La vigilance doit être d’autant plus grande que des entreprises, comme certains assureurs maladie, n’envoient plus du tout de factures.
Rares contestations
L’année dernière, le LSV a généré 36 millions de transactions, le chiffre le plus bas depuis 2003. Cette diminution est à mettre en relation avec la nature du système, qui provoque une certaine méfiance chez le consommateur: après tout, on lui débite son compte derrière son dos! Pourtant, le taux de contestations est très faible: 0,04% pour plus de 12 millions de paiements par année à PostFinance (chiffre stable) et 0,5% pour le LSV, selon la société SIX Paynet, qui gère le recouvrement direct en faveur des banques. On comprend donc l’intérêt des entreprises: l’encaissement est immédiat dans l’écrasante majorité des cas dès l’émission de la facture, ce qui leur assure des liquidités en plus de réduire leurs coûts administratifs.
Tant qu’à faire, autant opter pour la nouvelle facture électronique (e-facture), qu’il suffit de confirmer dès réception. Elle a tous les avantages du LSV/DD, le contrôle avant paiement en plus. Certes encore peu proposée, elle est véritablement plus pratique. Et moins invasive.
Nicolas Zeitoun
Formulaire d’inscription peu clair
A moins d’être juriste, le jargon du formulaire d’inscription au recouvrement direct est difficile à comprendre. Il est notamment aisé de renoncer totalement au LSV/DD, mais cela n’y figure pas de manière limpide pour le commun des mortels. En général, cette clause est indiquée par un laconique «sous réserve de révocation». En fait, il suffit d’écrire à sa banque qu’on renonce au système, sans autre explication.