Chaque Suisse utilise en moyenne 2,6 brosses à dents par année. A peine moins que les Japonais (2,8), champions du monde dans ce domaine. Pour satisfaire cette fringale d’hygiène dentaire, les fabricants se bousculent pour mettre sur le marché le modèle le plus ergonomique ou le plus coloré. Mais auquel peut-on confier ses dents sans crainte?
Les soies, critère décisif
Bon à Savoir a testé, en collaboration avec le magazine alémanique saldo, seize brosses à dents souples vendues en Suisse. Le test a été réalisé par la Polyclinique de prévention dentaire de l’Université dentaire de l’Université de Giessen, en Allemagne, selon trois critères: la finition des soies, l’ergonomie de la brosse et la solidité de la fixation des soies au manche (lire l’encadré). Le test n’a pas porté sur l’efficacité du brossage, celle-ci étant avant tout question de technique*.
Résultat: l’immense majorité des modèles testés sont jugés satisfaisants à bons (voir tableau). Seule la Colgate 360° obtient la mention «très bien», grâce au critère, fortement pondéré (65%) de la terminaison des faisceaux. Sur cette brosse en effet, 97% des soies forment un arrondi parfait et ne présentent donc aucun danger de lésion aux gencives.
Ce critère pénalise en revanche tous les autres modèles, dotés de soies en majorité mal taillées. Utilisées avec une pâte dentifrice de type abrasif, elles peuvent même causer des lésions à l’émail des dents.
Sur la brosse Carrefour Tech’soft, plus de la moitié des soies sont ainsi taillées de façon irrégulière. Elle obtient donc la mention «insuffisant», ce qui la place en queue de classement. Un résultat que le porte-parole de Carrefour, Michel Donath, ne commente pas, faisant valoir que les contrôles du fabricant affichent des résultats nettement meilleurs.
Les fabricants minimisent ces résultats
Migros indique également que les modèles Candida Parodin et Candida Multicare ont été jugés satisfaisants par l’Université de Zurich, ce qui contredit le résultat médiocre obtenu lors de notre test. Même réaction de Coop, qui estime que la Dentalux Design ne représente aucun danger, malgré la finition hasardeuse de ses soies.
Nous n’avons enfin pas noté les soies de la brosse Meridol, conçue selon un autre principe. Elles sont en effet taillées en pointes effilochées et se plient au contact de la dent ou de la gencive. Ce modèle a donc été exclu du classement, même s’il est sans danger (voir tableau pour les autres critères).
Pour un nettoyage efficace, la brosse à dents doit répondre également à des critères d’ordre ergonomique: bonne prise en main, courbure du manche pour atteindre les molaires et tête à bout rond. Tous les modèles testés ont été bien notés à cet égard.
Pour la dernière note, les experts ont analysé la fixation des faisceaux de soies au manche. Sur la plupart des brosses, les soies sont insérées sous une plaquette de métal fixée dans le manche. Ce procédé a l’inconvénient de laisser un espace creux où les bactéries s’en donnent à cœur joie. La deuxième méthode, plus hygiénique, consiste à fixer les soies à la brosse par une fine couche de plastique, ce qui laisse moins d’espace aux microbes.
Gencives en danger
La plupart des produits sont conçus avec la première méthode, ce qui leur vaut la mention «satisfaisant». Seuls deux modèles de notre échantillonnage ont été fabriqués avec le deuxième procédé: l’Oral B et la Colgate 360°, ce qui confirme la place de cette dernière en tête de notre classement.
La qualité a son prix
Conclusion: la qualité a son prix, mais le prix ne garantit pas la qualité. La Colgate, meilleure du test, est l’une des deux plus chères avec la Sensodyne, qui est pourtant très mal notée.
Pour une bonne hygiène à petit prix, on optera pour la Sensident ultra 4 vendue par la chaîne de drogueries Müller. A condition, toutefois, d’en changer régulièrement, pour éviter la prolifération des bactéries.
Jeannette Büchel (chr)
Bonus Web: conseils pour un brossage efficace
Critères du test
> Arrondi des soies – Les soies ont été lavées puis recouvertes d’une couche conductible d’or pour être photographiées au microscope électronique. Cinq endroits différents de la tête ont été examinés pour juger de leur finition et de la façon dont elles ont été coupées.
> Ergonomie – Pour être bien notées, les brosses devaient être dotées d’un manche maniable, formant un angle par rapport à la tête afin de permettre le brossage des molaires. La tête de la brosse devait présenter une taille optimale (longueur: de 17 à 40 mm, largeur: de 11 à 13 mm) et le diamètre des soies ne devait pas excéder 0,23 mm.
> Fixation des soies – La tête des brosses à dents a été coupée en deux afin d’observer au microscope la fixation des soies au manche.