Etonnant! Selon une étude allemande effectuée par l’institut Hohenstein, un tiers des femmes interrogées achètent des soutiens-gorge qui ne sont pas à leur taille. Et plus de la moitié d’entre elles s’en déclarent insatisfaites. Une déception qui, selon les auteurs de l’étude, pourrait être atténuée par un achat plus avisé – en demandant notamment conseil à une vendeuse.
Mais cela n’empêche pas que la qualité de certains modèles laisse tout de même à désirer. Cela après une dizaine de lavages déjà. C’est le résultat du test de dix soutiens-gorge, mené par Bon à Savoir et son partenaire alémanique K-Tipp. Outre la perte de forme et d’élasticité des bretelles et de la partie dorsale, les résultats ont également démontré des changements des teintes. Si bien qu’un seul dessous, le Stepy Soft de Triumph, a été jugé très bon (voir tableau). Mais à l’inverse, un seul article, de la marque Migros, est carrément insatisfaisant.
Le déroulement du test
Au banc d’essai: dix modèles noirs à balconnets et baleines, en matière synthétique et légèrement rembourrés, de marques connues, mais également de marques maison (pour Coop, Manor et Migros) et exclusives, vendus entre 19 fr. et 98 fr.
L’institut spécialisé Textex de Zurich a jugé, d’une part leur état général avant lavage et s’ils étaient endommagés après dix passages en machine. Les experts ont noté aussi si le vêtement avait rétréci, si sa teinte avait changé et si elle déteignait sur des habits clairs.
D’autre part, ils ont vérifié combien de temps les bretelles gardaient leur élasticité. Ils les ont donc mesurées avant lavage, puis soumises à dix fortes tractions, et remesuré leur longueur.
Enfin, les experts ont recherché la présence de colorants textiles azoïques, interdits depuis 2002 (cancérigènes), de phénols (idem) et de nickel (allergène) que pourraient dégager les fermetures. Disons-le d’emblée: ce ne fut le cas pour aucun modèle, sauf le Skiny. Mais il ne contenait que des traces inoffensives de nickel.
Lavés en machine
Selon les étiquettes de lavage, tous les soutiens-gorge, sauf le modèle de la marque Calida, étaient à laver à la main. Toutefois, comme l’explique Ralph Sontheim, directeur du test, un grand nombre de femmes lavent tout de même leurs dessous en machine. Et il soupçonne les fabricants de chercher avant tout à se couvrir légalement pour le cas où un textile serait endommagé en machine. A noter que les articles testés ont été lavés dans un sac de protection et à une température de 30°C seulement.
Résultats détaillés
> Le meilleur: comme indiqué plus haut, seul le modèle de Triumph a mérité l’apprécia-tion «très bon». Bien que l’élasticité de ses bretelles pourrait encore être améliorée. De plus, à 39,90 fr., il fait partie des moins chers du test.
> Les bons: le Skiny et celui de Manor n’ont péché que par leurs bretelles, dont l’élasticité disparaît assez rapidement. Cependant, il est possible de remédier à cette faiblesse en les réglant plus court. Ces deux modèles ont aussi légèrement rétréci, comme d’ailleurs tous les autres, sauf le vainqueur du test.
Selon les experts, c’est normal avec ce genre de textiles, préalablement traités avec des teintures et d’autres produits chimiques. Ils se déforment et se détendent inévitablement. Mais l’eau et les mouvements de la machine leur font reprendre leur forme initiale.
Les deux suivants du classement, Calida et Calvin Klein, ont également rétréci. Et à l’état humide (simulant la transpiration), ils ont déteint sur des habits clairs, ce qui ne fut le cas d’aucun des soutiens-gorge examinés à sec. Mais ils sont plus chers que les deux précédents jugés bons.
> Les satisfaisants: les dessous les plus chers du test (Hanro,
98 fr. et Beldona à 89 fr.) ont rétréci et leur tissu a fait des bulles (déjà à l’état neuf pour le premier), d’où leur classement après les deux autres modèles jugés satisfaisants et bien moins coûteux (Coop, 22,90 fr. et Passionnata 44,90 fr.).
> Le moins bon: c’est aussi le moins cher. Après dix lessives, les tissus collés de la partie latérale du modèle de la marque Migros se sont carrément séparés.
Réactions
Confronté à ce résultat, Migros rétorque qu’il ne faut pas laver son soutien-gorge en machine et estime que, vu les conditions du test, leur produit s’en sort plutôt très bien. Même réaction chez Coop et Passionata qui attribuent les bulles sur le tissu au passage en machine. Reste que ce ne fut pas le cas pour les autres dessous également interdits de machine.
Et comme l’indique encore le directeur du test, dix lavages ne sont pas une vraie épreuve de force pour des soutiens-gorge, bien plus éprouvés dans la réalité.
Rolf Muntwyler / ew