Un DVD vierge permet de stocker un grand nombre de données – images, vidéos, etc. –, par exemple l’équivalent d’un film de deux heures. Mais comment choisir parmi les multiples marques du marché, et surtout parmi les deux normes, qui se déclinent elles-mêmes en deux formats différents (-R/-RW et +R/+RW, lire encadré ci-contre)? Choix d’autant plus délicat que ces disques ne sont pas compatibles entre eux. Au moins, aujourd’hui, un même graveur peut, en principe, lire tous les formats.
Pour mieux choisir
Pour vous faciliter le choix, Bon à Savoir et le magazine alémanique saldo ont cherché à connaître la qualité de 20 DVD vierges et leur compatibilité avec divers graveurs. Nous les avons donc confiés au laboratoire Müller-BBM à Planegg (D). Là, rien ne leur a été épargné (lire en p. 18): exposition à la chaleur et au froid, aux rayons UV et passage au papier de verre plus ou moins fin.
Disons-le d’emblée: seul le Sony +R (voir tableaux ci-dessous et en p. 18), a vraiment résisté à ce traitement de choc, et mérité la mention «très bon». Globalement, les experts ont constaté que les disques réenregistrables (+RW, –RW) ne supportent guère les raies, alors que les rayons UV ne les atteignent pas. A l’inverse, les supports ne servant qu’à un seul enregistrement (+R, –R) fonctionnent encore assez bien, même rayés, alors que les bains de soleil artificiel en ont rendu plus d’un hors d’usage. Voici les résultats dans le détail:
> Compatibilité avec les graveurs: faute de technologies unifiées, tous les DVD ne fonctionnent pas toujours avec n’importe quel graveur. C’est le cas du Philips +R qui ne peut être gravé avec un appareil Liteon. Et sur les Emtec –RW, un enregistrement sur trois n’a pas pu être réalisé ni relu sans erreur par les graveurs de LG et de Panasonic. Quant au Swisstec –R, il a échoué lors d’un enregistrement sur trois avec l’appareil de Liteon. Les autres étaient lisibles sur les cinq graveurs utilisés pour le test.
> Qualité de la gravure: là, Sony a obtenu les meilleures notes pour ses galettes +RW, –RW et –R, avec un taux d’erreur presque aussi bas que celui des DVD commerciaux préenregistrés. Ont été jugés satisfaisants: Emtec –R, M-Electronic –R et Verbatim +R. Mais le taux d’erreur le plus élevé a été détecté sur le +R de TDK. L’utilisateur ne peut certes pas s’apercevoir de ces problèmes, réparés automatiquement par le programme de correction du DVD. Toutefois, Bernd Mönninger, directeur du test, estime que les supports avec un taux d’erreur plus élevé risquent d’être aussi plus sensibles aux rayons UV, aux raies et aux variations de température.
> Variations de température: les DVD sont souvent soumis à des températures extrêmes, notamment dans une voiture. Mais quatre ont parfaitement résisté aux chauds-froids (Philips +R, Sony –RW, –R et +R), pratiquement sans erreurs ou problèmes de lecture. D’autres en sont ressortis inutilisables (Emtec +RW, Sony +RW et TDK –RW). Et plusieurs disques présentaient des lacunes (M-Budget –R, Swisstec –R, TDK +R et Verbatim +R).
> Raies: globalement, les DVD enregistrables, surtout les +R, étaient plus résistants au papier de verre que les +RW et –RW. Mais deux seulement (Philips +R, Sony +R) ont parfaitement fonctionné après l’abrasion au gros grain. Quatre autres DVD enregistrables (Imation –R, Swisstec –R, Tdk +R, Verbatim +R) ont été jugés insatisfaisants. Et tous les autres DVD étaient devenus illisibles, et même légèrement rayés, la plupart ont montré des problèmes de lecture.
> Rayons UV: un grand nombre de DVD n’aiment pas le soleil, notamment les enregistrables (Emtec –R, +R, M-Budget –R, M-Electronic –R, +R, Sony –R et Swisstec –R). Le rayonnement UV a endommagé leur couche de données, devenues illisibles. A l’inverse, les réenregistrables ont supporté sans autres les 115 heures d’UV et mérité les mentions «bon» à «très bon».
Réactions des fabricants
Vu nos résultats, Migros estime que la sécurité des données n’est pas assurée avec le DVD M-Budget, même à température ambiante. Le géant orange va donc analyser nos résultats et procéder à des corrections s’il les estime nécessaires.
Chez TDK Europe on admet que la qualité insuffisante des +R ne correspond pas aux propropres exigences du fabricant. Cependant, il juge nos méthodes d’examen très sévères.
Philips suppose que l’incompatibilité de leur DVD avec le graveur Liteon provient de l’appareil.
Et enfin le fabricant Imation estime, au vu du taux d’erreur mesuré, que la lisibilité des données reste toujours assurée sur ses DVD.
Comme le montre notre test, le prix d’un DVD n’est pas garant de sa qualité: même des supports plus chers, comme les TDK –RW (4,98 fr./pce) ou les Emtec (3,90 fr./pce) ont montré plusieurs faiblesses. Quant au vainqueur, le Sony +R, à 1,99 fr./pce, il représente un rapport qualité-prix plutôt satisfaisant. A noter que les prix en la matière sont fort variables, et les actions et offres spéciales très fréquentes.
Nos résultats démontrent clairement que les fabricants ne parviennent pas à produire des DVD de qualité égale. Dès lors, un seul conseil: n’hésitez pas à opter pour un DVD vierge de bonne qualité, sans quoi vous risquez de perdre du jour au lendemain, et à tout jamais, vos précieux fichiers, films, photos, etc.* Jeannette Büchel / ew
*Lire notre article sur la conservation des CD et DVD (BAS 12/04).
Lexique
Histoire de formats
> La norme DVD-R/–RW a été lancée en 1997 par le DVD Forum, regroupant de nombreux fabricants. La version –R est enregistrable une seule fois alors que la –RW est réenregistrable près de 1000 fois selon ses fabricants. Capacité de stockage: 4,7 Go.
> La norme DVD+R/+RW existe depuis fin 2001, et a été lancée par la DVD+RW Alliance, un autre consortium de fabricants. Ses membres sont moins nombreux, mais plus influents dans leurs domaines. Parmi eux: Dell, Hewlett Packard, Mitsubishi Chemical/Verbatim, Philips, Sony, Thomson et Yamaha. Le format +R est enregistrable une fois, et le +RW, réenregistrable. Capacité de stockage: 4,7 Go. Quant à la récente norme DVD+R DL, à double couche, leur capacité est de 8,5 Go.
> Les DVD-RAM, plus récents, ont une capacité de 9,4 Go. Mais ils nécessitent un graveur et une platine compatibles. C’est pourquoi ils n’ont pas été retenus pour notre test. Ces DVD n’ont pas besoin de logiciel de gravure, fonctionnant comme un disque dur, de sorte qu’on peut y supprimer certains fichiers et en ajouter d’autres.
Les phases du test
Du chaud, du froid, du soleil, etc.
Les 20 DVD vierges ont été testés en plusieurs phases:
> Compatibilité: trois exemplaires de chaque DVD ont été gravés puis lus avec cinq appareils, soit: LG DR 7500, Liteon LVM-5006, Loewe Centros 1172 Platinum, Panasonic DMR-E 10 EC-S, Philips DVDR 730/00, Sony RDR-GX 210.
Avant chaque nouvelle phase, les DVD ont été gravés puis les experts ont vérifié leur lisibilité.
> Qualité de gravure: elle a été évaluée avec l’Error Checker AEC-1000 d’Almedio. Ce système de mesure repère les erreurs sur un DVD.
> Résistance aux variations de température: les DVD ont été placés pendant 60 heures dans une enceinte climatique à 800°C, puis, pendant la journée, ils ont été refroidis à –200°C, puis réchauffés à 800°C toutes les 2 heures. La nuit, ils étaient entreposés à 800°C. Au total, ils ont ainsi chacun été refroidis puis réchauffés 12 fois, et ont passé 115 heures à 800°C.
> Résistance aux raies: afin de simuler des raies simples et des plus profondes, les experts ont passé du papier de verre, alourdi de sorte à avoir une pression constante, sur chaque DVD. Cela en deux fois: avec du papier fin (grain 800) et ensuite avec du plus gros (grain 150).
> Résistance aux rayons UV: sur un carré de 75 cm de côté, des lampes UV (Osram Ultra Vtalux, 300 W) ont été placées à 50 cm des DVD, ce qui correspond à peu près à l’intensité de la lumière du soleil un jour de juin à midi en Europe centrale. Les supports ont été ainsi éclairés pendant 65 heures une première fois et pendant 115 heures la deuxième fois.