Et Dynastar créa la femme, annonçait en janvier dernier le magazine français Stratégies et, un mois plus tard, Figaro Entreprises titrait: «La femme est l’avenir du ski». Car, désormais, les skieuses ont des lattes adaptées à leur anatomie.
Du moins, à en croire les fabricants. Dynastar, en tête, qui a été le premier à lancer un modèle respectant la morphologie féminine. Avec un bassin plus large et un centre de gravité plus bas que les hommes, les skieuses ont, selon le fabricant, un point d’équilibre situé sur les talons, alors que les skieurs, eux, prennent appui sur la plante des pieds. Dès lors, les skis féminins ont, pour la plupart, un talon surélevé et une fixation placée plus en avant, permettant aux dames de tourner plus facilement.
Physique élémentaire
En réalité, ces adaptations se fondent sur des principes de physique et non pas morphologiques: en avançant la fixation, on aide les skieurs moins bons en compensant leur tendance à s’appuyer sur l’arrière. Les fixations actuelles, montées sur rail, sont d’ailleurs en majorité réglables – sur l’arrière de la planche, au milieu ou plus en avant.
Pour vérifier si ces skis sont réellement mieux adaptés aux femmes, Bon à Savoir, l’émission A bon entendeur (Télévision suisse romande) et l’association des consommateurs autrichiens VKI ont décidé de mettre au banc d’essai 13 paires de skis destinées aux seules skieuses et également 13 paires unisexes. Leur solidité a été mise à l’épreuve en laboratoire et onze personnes, femmes et hommes, les ont essayées sur pistes (lire encadré).
Pas plus légers
Premier constat, malgré les promesses des fabricants, les skis féminins ne sont pas plus légers que leurs frères unisexes: certains modèles de notre échantillonnage affichent encore jusqu’à 6 kg. Mais les poids plume, à moins de 5 kg, existent. Par exemple le Salomon Siam N° 6, l’Atomic Balanze 7:4 Lady et le Dynastar Exclusive 10XT.
Sur les pistes, en comparaison avec les skis unisexes, les modèles pour femmes n’ont pas davantage convaincu nos skieuses d’essai. En effet, les premiers obtiennent globalement de meilleurs résultats au test pratique (voir tableau ci-dessous).
> Les meilleurs pour elle:
Vainqueur incontesté du test: Head. Et cela tant dans la catégorie Woman, que dans celle des skis pour elle et lui. Ses modèles Hot Thang (femmes) et C260 i System (unisexe) sont en effet jugés bons. Cependant, aucun des 26 modèles testés n’a mérité la mention «très bon». Les Fischer Vision 50 FTI Railflex, seconds sur le podium féminin, affichent seulement deux points de moins que les premiers. Cela à cause d’une épaisseur de carres jugée insatisfaisante.
Sur la troisième marche du podium se trouve une paire suisse, les Stöckli Spirit Edition VI. C’est la seule du trio de tête féminin qui est proposée sans fixations. La plupart des fabricants vendent en effet d’emblée des sets. Avantage: la fixation est adaptée au ski. Inconvénient: le skieur qui voudrait utiliser sa fixation préférée se voit forcé à en utiliser une autre.
Ex æquo avec les Kneissel, les K2 T. Nine One Luv, au look très féminin, se placent au quatrième rang à cause de leur prix plus élevé (799 fr.). Une différence de taille surtout si on les compare aux derniers parmi les bons, par exemple, les Salomon Siam No 5. C’est d’ailleurs l’une des paires les plus avantageuses de notre test (550 fr. le set).
> Les moins bons pour elle:
En fin de piste, deux modèles féminins: les Dynastar Exclusive 10XT, encore tout juste classés «satisfaisant» et les Kneissel Glide S3, carrément insuffisants. Ils n’ont pas du tout su convaincre nos skieuses d’essai qui ne leur ont attribué que des «insatisfaisant» à «mauvais» lors du test pratique. Selon Kneissel, ce fabricant nous aurait fait parvenir par erreur une paire unisexe, dont l’appellation serait identique à celle du modèle pour femmes. A l’en croire, nos résultats se reporteraient donc au modèle unisexe.
> Les meilleurs pour elle et lui:
Côté skis unisexes, Head l’emporte donc aussi, et Fischer fait également partie du trio de tête (bien que la protection du bout de ce ski se soit cassée lors du test de collision). Second, le modèle de Nordica représente aussi un bon rapport qualité-prix; tout comme la paire d’Atomic, avec toutefois un seul bémol, du côté de la solidité de la fixation de ses carres.
> Le plus avantageux:
Il n’a manqué qu’un point aux Black Star de Kneissel pour mériter l’appréciation «bon» dans la partie pratique. Et côté laboratoire, on ne lui a guère trouvé de faiblesse. Vendu 529 fr. en set ou 459 fr. sans fixations, il est ainsi le ski unisexe le moins cher du test.
> Le moins bon pour elle et lui:
En queue de peloton, l’Elan Mag-fire 8 Fusion a failli à l’examen de solidité, puisque ses carres se sont détachées du ski lors du coup donné sur la semelle. Seul l’Atomic Izor 5:3 a également montré une faiblesse de ce côté-là. Et aucune des skieuses d’essai n’a été convaincue par la qualité de conduite du ski d’Elan, qui remporte ainsi les moins bonnes appréciations sur les 13 paires unisexes testées. Le fabricant n’a pas pris position sur ces résultats.
D’autres, en revanche, ont critiqué que le test pratique n’ait été effectué que par onze personnes et cela durant une semaine seulement. Philippe Egli, de Dynastar, fait remarquer que la préférence pour un ski ou un autre est une affaire très individuelle. C’est pourquoi il souligne qu’il faut, dans la mesure du possible, essayer un ski avant de l’acheter.
Rolf Muntwyler / ew
Conseils pratiques
Comment trouver le modèle adéquat au meilleur prix
> Les fabricants donnent des prix indicatifs pour les skis, mais les revendeurs les proposent en général à des tarifs plus bas. Discutez donc le prix.
> Offrez-vous une bonne paire à moindre coût en achetant un modèle de la saison précédente, moins cher (lire les résultats de notre dernier test de skis , BAS 11/04). Ou attendez les soldes, qui débutent déjà en janvier dans certains commerces.
> Les skieurs occasionnels ont avantage à louer* leur matériel. Ce n’est qu’à partir d’environ dix jours de ski par saison que l’achat en vaut la peine.
> Indiquez clairement votre niveau et style au vendeur. Ils influenceront le choix de:
– La taille des skis: plus ils sont courts, plus ils sont maniables. A l’inverse, plus ils sont longs et plus ils sont stables. Si vous êtes un slalomeur, préférez des lattes moins longues que si vous êtes fan de vitesse. Si vous débutez, choisissez un modèle un peu plus court que votre taille (de quelques centimètres), et en tant que skieur confirmé, ajoutez-y 5 à 10 cm.
– La flexibilité: plus les skis sont durs, plus ils sont difficiles à maîtriser, et donc plutôt destinés aux adeptes de vitesse et de slalom. Si vous êtes débutant ou moins sportif, préférez un modèle plus souple.
– Les fixations: elles doivent être réglées en fonction de votre poids, et surtout de votre niveau. Pour débuter, mieux vaut un réglage assez souple pour déchausser facilement en cas de chute.
> Ne vous fiez pas à des appellations comme Allround, Cross, Race ou Slalom, car chaque fabricant en fait son propre usage.
> Essayez les skis avant l’achat. Certains commerces les prêtent à cet effet, une ou plusieurs paires à la fois. Et des magasins, hôtels et stations d’hiver organisent des journées ou des week-ends de tests. La Swiss Ski Test Organisation propose chaque année de tels essais, en octobre et novembre, à Saas-Fee et Zermatt. Informez-vous auprès des revendeurs ou des Offices du tourisme.
*Lire également notre article «Faut-il louer ou acheter les skis des enfants?» (BAS 12/03).
Les phases du test
En labo et sur piste
Les 26 paires de skis ont été examinées en laboratoire (A.) et sur piste (B).
A. Le test pratique, comptant à 80% pour le jugement final, a été mené pendant une semaine (selon la norme ISO 8783) par onze femmes et hommes ayant des niveaux différents. Les skieuses ont essayé et noté les deux sortes de skis. Les hommes ont seulement noté les modèles unisexes. Points évalués:
> Qualités de conduite: Y a-t-il des phases de glisse involontaires? Quelle force faut-il pour tourner? Le ski tourne-t-il facilement? Peut-on bien maintenir la direction à une certaine vitesse? A quel point le ski dérape-t-il et vibre-t-il lors d’un virage effectué dans un rayon donné? Peut-on bien contrôler la direction lors d’un changement de direction?
> Dynamique du ski lors du carving: Quelle force faut-il et comment se comporte-t-il lors des changements de carres? Crochent-elles bien dans la neige?
> Confort/tolérance: Les skis ont-ils des réactions désagréables dans des situations particulières? Restent-ils stables lors de virages classiques? Amortissent-ils les chocs?
B. Points évalués lors de la phase technique (pondération 20%):
> Solidité des carres: Résistent-t-elles, même aux grands coups donnés pour simuler un choc sur une pierre?
> Epaisseur des carres: De combien de cm est-elle, sachant que plus les carres sont épaisses, plus souvent on pourra les aiguiser?
> Résistance à la collision: Le ski supporte-t-il une collision, simulée en le tirant (une fois avec la pointe vers le haut une fois avec le bout), sur une plaque en métal, à des forces différentes?
> Surface de la semelle: Est-elle absolument plane et lisse?