Les crèmes antirides ont toutes un point commun: elles ne peuvent pas gommer les signes du temps. Tout au plus les scientifiques s’accordent-ils sur le fait qu’elles hydratent et nourrissent la peau. Cependant, la grande majorité d’entre elles sont parfumées. Or ces parfums synthétiques peuvent irriter la peau ou provoquer des allergies. Si les consommateurs ne doivent donc attendre aucun miracle de ces fluides raffermissants, ils peuvent au moins exiger qu’ils ne contiennent aucune substance nocive.
Afin de connaître les crèmes qui remplissent cette exigence, Bon à Savoir et son partenaire alémanique K-Tipp ont fait analyser onze produits au laboratoire Eurofins WEJ, à Hambourg. Les crèmes ont été achetées dans différentes grandes surfaces: Manor, Migros et Coop, mais aussi dans le magasin de cosmétiques Body Shop et dans des pharmacies.
Les résultats
L’analyse prouve que les fabricants peuvent parfaitement produire une crème sans utiliser de composants dangereux pour la santé. Deux produits s’en avèrent ainsi totalement exempts et arrivent en tête du classement (voir tableau): Revital, de Zoé, et Visibly Young, de Neutrogena. Revital est également le cosmétique le moins cher du test (15,80 fr./50 ml). A l’opposé, le plus cher, Rénergie, de Lancôme, vendu 125 fr. (!) chez Manor, est déconseillé.
Les neuf autres antirides analysés recèlent de nombreuses substances chimiques pouvant causer une allergie:
> Des dérivés du formaldéhyde: trois crèmes renferment ces composants, utilisés pour la fixation et la conservation du produit: Réner-gie, de Lancôme, Ultra-Lift, de Garnier, et Revitalift, de L’Oréal. Volker Mersch-Sundermann, professeur en toxicologie de l’environnement à l’Université de Giessen (D), met les consommateurs en garde: selon lui, «on ne devrait plus utiliser ces substances dans les cosmétiques», car elles peuvent être cancérigènes et risquent d’endommager l’ADN si elles sont utilisées à hautes doses. C’est pourquoi, lors de l’appréciation finale du test, les antirides contenant une concentration de dérivés du formaldéhyde supérieure à 150 milligrammes par kilo (mg/kg) ont été dévalués de deux rangs, et sont classés non recommandables.
> Des composés halogénés: l’analyse en a révélé dans la crème Capture Sculpt 10, de Dior, ainsi que dans les trois produits qui contiennent aussi des dérivés du formaldéhyde (Rénergie, Ultra-Lift et Revitalift). Tous les quatre ont été dévalués d’un rang.
> Des substances parfumantes allergènes: le laboratoire a décelé, entre autres, de l’Hydroxycitronellal et du Lyral. Or, ces composants font partie des vingt-six substances parfumantes qui, lorsque leur concentration dépasse les 10 mg/kg, doivent être déclarées sur les emballages.
Cette loi a été introduite en mars 2005 dans l’Union Européenne, et entrera également en vigueur en Suisse dès l’année prochaine. Les crèmes testées ont donc été dévaluées d’un rang lorsqu’elles contenaient de deux à dix de ces composants, et de deux rangs lorsqu’elles en renfermaient plus de dix.
> Des muscs polycycliques: cinq
des produits testés, soit Liftactiv de Vichy, Total effects de Oil of Olay, Capture Sculpt 10 de Dior, Ultra-Lift de Garnier et Revitalift de L’Oréal, contiennent ces substances. Les muscs polycycliques peuvent entre autres pénétrer dans le tissu graisseux et sont soupçonnés d’être dangereux pour la santé. Lors de l’appréciation globale, les crèmes Capture Sculpt 10 de Dior et Revitalift de L’Oréal, qui renferment une concentration de muscs inférieure à 200 mg/kg, ont donc été dévaluées d’un rang. Les trois autres produits, dont la concentration est supérieure, ont été dévalués de deux échelons dans le classement.
Réactions des fabricants
Dans une réaction écrite à nos résultats, le groupe L’Oréal – auquel appartiennent aussi, notamment, les marques Vichy, Lancôme et Garnier – se réfère à l’Association suisse des cosmétiques et des détergents et souligne que les produits utilisés dans la composition des crèmes correspondraient aux statuts fixés par la loi. Les dérivés du formaldéhyde et les substances parfumantes ne seraient «pas des substances douteuses pour la santé», les composés halogénés, utilisés dans la limite des concentrations fixées, ne seraient «pas dangereux pour l’homme». En outre, les muscs polycycliques «ne porteraient pas atteinte à la santé».
Otto Hostettler / vk