Les Australiens portent des vêtements anti-UV depuis des années. Les Suisses s’y sont mis bien plus tard, mais leur choix s’élargit d’année en année. Une évolution louable, sachant que, chaque année et rien qu’en Suisse, plus de 10 000 personnes sont atteintes d’un cancer de la peau, parmi lesquelles 1600 cas de mélanomes malins, dont 20% ont une issue mortelle.
«Les vêtements déclarés anti-UV sont surtout utiles aux personnes à la peau claire et aux enfants qui ne sont pas suffisamment protégés du soleil», explique Ruth Barbezat, responsable du secteur protection de la peau, à la Ligue suisse contre le cancer. Et ces habits sont particulièrement indiqués en cas de séjour prolongé à l’extérieur, par exemple lors de travaux de jardinage ou pour des randonnées en montagne.
Les textiles anti-UV sont tissés de manière plus serrée que les tissus normaux, à partir de fibres synthétiques qui «avalent» les rayons UV, ou ils sont traités chimiquement pour remplir cette même fonction. Les fabricants promettent ainsi des indices de protection très élevés, entre 30 et 50. Des valeurs conformes au standard australien, plus sévère que celui retenu en Europe pour les crèmes solaires.
Le test
Reste à savoir si le consommateur peut se fier aux promesses des fabricants. Nous avons donc soumis 13 chemisiers et t-shirts anti-UV (voir tableau) au laboratoire STR Testing & Inspection à Steinach, dans le canton de Saint-Gall. Les experts ont vérifié s’ils offraient la protection anti-UV indiquée (selon les standards australiens) et si elle était durable, en examinant pulls et chemisiers à l’état neuf, puis après dix passages au lave-linge.
Parallèlement, ils ont examiné quatre vêtements ordinaires (qui ne figurent pas dans le tableau) pour en mesurer la protection anti-UV.
Premier constat décevant: seuls quatre des treize vêtements du test tiennent vraiment leurs promesses. Les neuf autres n’offrent pas la protection anti-UV indiquée. Et parmi ces derniers, trois se sont carrément révélés insuffisants.
Un constat d’autant plus surprenant lorsque l’on sait qu’un t-shirt foncé ordinaire, non traité, vendu 9 fr. chez Migros (marque Authentic Wear), offre, lui, une excellente protection!
Les moins bons
- Le chemisier enfant de Salewa n’a même pas atteint un indice de protection de 15, soit la limite inférieure des normes australiennes. Pourtant, le fabricant promet un facteur de 30. Jürg Buschor, porte-parole de Salewa, a indiqué que l’entreprise s’était fiée à son fournisseur, mais qu’elle allait effectuer ses propres tests.
- Le chemisier Ruth, de Schöffel, ne protège pas vraiment non plus alors que le fabricant promet un indice de 25. Réaction de ce dernier: le chemisier ne sera plus vendu avec l’étiquette qui promet une protection anti-UV et l’entreprise a prié les magasins qui en vendent encore d’ôter cette étiquette. A l’avenir, elle va contrôler systématiquement les textiles utilisés.
- Le chemisier pour hommes HS Hot Sportswear, vendu chez Ochsner Sports, ne protégeait plus après dix lavages. Mais même à l’état neuf, la protection anti-UV n’était que de 20 au lieu des 40 promis. Selon Dieter Bisinger, de Hot Sportswear, il s’agirait d’un modèle de la collection 2003 qui aurait perdu sa protection sous la lumière des néons du magasin.
Promesses, promesses…
Six autres vêtements (voir tableau) protègent certes du soleil, mais en promettent trop. Selon la véritable protection qu’ils offrent, ils ont ainsi obtenu l’appréciation globale «bon» ou «satisfaisant».
Les meilleurs
Ce sont deux vêtements vendus par Migros qui remportent la palme en offrant vraiment le facteur de protection indiqué. Et ce sont en même temps les modèles les moins chers du test!
Les non traités
Restent les quatre vêtements «ordinaires» soumis aux experts, pour comparaison (ils ne promettent donc aucune protection):
- Comme dit plus haut, le t-shirt foncé de Migros à 9 fr. offre une excellente protection contre le soleil (indice UV 50).
- En revanche, le maillot Kakadu (79,90 fr.) et la chemise à manches courtes Alaska (99,90 fr.) d’Odlo ne protègent pas mieux que les trois vêtements spéciaux classés «insatisfaisant» dans notre test.
- Enfin, un t-shirt blanc, également de Migros (8 fr., marque Authentic Wear) filtre à peine les rayons UV. Indice de protection mesuré: 2.
Mais même en portant des vêtements anti-UV de qualité durant vos vacances d’été, n’oubliez jamais qu’il est dangereux d’abuser du soleil (lire encadré ci-contre).
Rolf Muntwyler / ew
Conseils pratiques
Protection optimale
Voici les règles d’or pour résister aux assauts du soleil:
- Porter des vêtements foncés et larges plutôt que des habits clairs et serrés.
- En revanche, préférer des tissus serrés et plus épais. Ils repoussent davantage les rayons UV que les vêtements plus légers.
- Eviter les bains de soleil en milieu de journée.
- Bien enduire de crème solaire toutes les parties du corps non recouvertes par les vêtements.
- Pour les enfants: leur faire porter des maillots de bain anti-UV qui, en général, recouvrent aussi mieux leur corps que les autres.
- Rester d’abord à l’ombre pour permettre à la peau de s’habituer lentement au soleil. Rappel: la peau bronze aussi à l’ombre, mais moins vite.
- Examiner régulièrement sa peau. En cas de changements suspects, consultez un médecin. La Ligue suisse contre le cancer distribue une brochure traitant de ce thème, à commander au (031 389 91 00 ou sur le web: www.swisscancer.ch