Il y a une trentaine d’années, une des corvées matinales consistait à «faire son lit», en lissant les draps et en les coinçant sous le matelas. L’avènement de la mode nordique, débarquée sous nos latitudes dans les années 70, a lancé sur le marché suisse le drap-housse, désormais incontournable.
Mais s’il a fait disparaître une tâche fastidieuse, le drap-housse a aussi ses mauvais côtés et sa mise en place sur le lit peut tourner au rapport de force. Surtout s’il n’est pas de bonne qualité, coupé un peu juste ou qu’il a perdu sa forme au lavage.
Quels sont les draps-housses qui remplissent les exigences qu’on est en droit d’attendre d’eux? Pour répondre à la question, Bon à Savoir a acheté 16 modèles différents pour un matelas standard à une place (90 à 100 cm x 190 à 200 cm).
Les phases du test
Nous avons choisi les arti-cles proposés par les grandes surfaces, les magasins de meubles et les maisons de vente par correspondance les plus répandus en Suisse. Ces draps-housses ont été soumis à l’institut Testex, à Zurich, spécialiste de l’analyse des textiles, qui a évalué les points suivants:
• Après vingt lavages, peut-on poser le drap-housse sur le matelas sans que cela exige une force au-dessus de la normale?
• L’étoffe a-t-elle une longue durée de vie? Combien de temps résiste-t-elle aux frottements?
• Des peluches apparaissent-elles, soit à cause des passages en machine à laver soit à cause des mouvements du dormeur?
• La couleur résiste-t-elle même si on transpire pendant son sommeil? Si non, déteint-elle sur d’autres tissus?
• Est-ce que la couleur est encore intense après vingt lavages et est-ce qu’elle déteint en machine?
Opération musclée
En ce qui concerne le critère le plus important du test, à savoir la forme du drap-housse après vingt lavages, il y a eu beaucoup d’échecs à signaler.
• Le moins bon modèle est celui de Jelmoli VPC. Mettre ce drap sur un matelas de
2 mètres n’était tout simplement plus possible. Pour les draps de Veillon et de Carrefour, il a fallu user de la force pour parvenir à les faire tenir, mais les coutures des coins ne servaient plus à grand-chose, vu qu’elles se retrouvaient sur le dessus du matelas.
• Cinq autres draps avaient juste encore une dimension passable et c’est avec peine qu’on a pu les mettre en place. Ils obtiennent, pour ce critère, la note «satisfaisant», tout comme le modèle Thomas de Micasa qui, lui, était à l’inverse coupé trop grand.
La coupe «au plus juste» de ces draps s’explique par l’aspect financier: chaque centimètre économisé par le fabricant est autant de bénéfice pour lui. Certains sont même soupçonnés d’avoir recours à quelques combines pour allonger artificiellement leurs modèles. «Pour qu’un tissu rétrécisse de près de 20%, comme ce fut le cas pour le plus mauvais du test sur ce critère, il faut qu’il ait été trafiqué», relève Ralph Sontheim, chef de projet chez Testex. Ce qui signifie que l’étoffe a sans doute été tirée dans sa longueur (voir tableau, à la ligne «Rétrécit au lavage»). Si bien qu’au lavage, ils rétrécissent d’autant plus vite. Or, en règle générale, un tissu ne devrait pas rétrécir de plus de 10%.
Mais il n’y a pas que l’avarice des fabricants qui soit à l’origine du problème. «C’est un art que de réussir à faire garder sa forme à un tissu après plusieurs lavages», commente Urs Meyer, professeur à l’EPFZ (Ecole polytechnique fédérale de Zurich) et spécialiste en textiles.
Pas plus de 225 nuits
Le deuxième critère le plus important de notre test était la résistance aux frottements. Pour reproduire les effets des mouvements d’un dormeur dans son lit, une machine opérait sans discontinuer une friction sur le drap et comptait chacun de ses passages jusqu’à ce que l’étoffe cède et se déchire. Le plus résistant a été le drap-housse de Veillon, qui a enduré 39 000 frottements, suivi par le modèle de l’EPA, qui a supporté 34 000 passages. En revanche, le drap d’IKEA n’a pas résisté au-delà de 9000 passages. Ce qui signifie, en théorie, qu’une personne au sommeil un peu agité, et se tournant donc une quarantaine de fois par nuit, devrait jeter son drap après 225 nuits seulement!
Dans l’appréciation globale, on constate que quatre draps-housses ont été jugés insatisfaisants. Réagissant à ce classement, Carrefour a indiqué vouloir discuter de ces problèmes avec le fournisseur et, le cas échéant, tirer les conséquences qui s’imposent s’il s’avérait qu’il livre effectivement une marchandise de moindre qualité. De son côté, Coop souligne que le coton de la ligne bio Naturaline se passe d’additifs chimiques, aussi bien lors de la culture que pendant la production et qu’à ce titre, ce drap ne devrait être comparé aux articles fabriqués à base de coton conventionnel qu’avec les réserves qui s’imposent. Quant à Veillon et Jelmoli VPC, ils n’ont pas tenu à s’exprimer sur le sujet.
Meilleur rapport qualité-prix
Les meilleurs du test, Bella Luna (Pfister meubles) et Schlossberg (Jelmoli) affichent pratiquement les mêmes caractéristiques. Ce qui les différencie, c’est que le second est coupé et cousu à la main, dans une fabrique de l’Oberland zurichois, ce qui implique un coût de production nettement plus élevé. Le drap-housse de Schlossberg, avec ses 129 fr., est d’ailleurs de loin le plus cher du test. Troisième du classement, le modèle Tupplur d’Ikea s’affiche au contraire comme le meilleur marché. Il est cependant le seul du test à ne pas être fabriqué en jersey. Si on cherche le meilleur rapport qualité-prix pour un drap-housse en jersey, c’est le modèle de l’EPA qui l’emporte.
Rolf Muntwyler / jf
Labels écologiques
Sans dommages pour l’environnement
A côté des critères retenus pour notre test, la méthode de fabrication des draps-housses peut influencer le choix de l’acheteur. Parmi les seize modèles choisis, certains sont munis de l’un des trois labels écologiques suivants: Öko-Tex Standard 100, eco et Naturaline Bio .
• Öko-Tex Standard 100 est un label international qui permet de certifier que les tissus répondant aux critères de cette norme sont dénués de tout produit toxique pouvant porter atteinte à la santé de l’être humain.
• Eco, label de Migros inclut en plus de la non-utilisation de produits toxiques un cahier des charges et un code éthique pour les producteurs et fabricants, dans le but d’assurer également la santé et la sécurité des employés dans les pays de production.
• Naturaline Bio, spécialité Coop, signifie quant à lui que le coton utilisé est issu de la production biologique. Les paysans obtiennent la garantie de pouvoir écouler leur marchandise, qui leur est payée à un tarif plus élevé que le cours du marché local.