Grands, mini ou automatiques. A la rose, à la lavande ou encore au citron: la gamme des vaporisateurs d’ambiance disponible sur le marché helvétique est pléthorique. Nous avons donc voulu savoir si ces produits censés nous débarrasser des mauvaises odeurs de nos cuisines, de nos salles de bain ou de nos WC sont nocifs pour la santé, ou pas. Nous avons confié cinq désodorisants, cinq minisprays et deux diffuseurs automatiques au laboratoire Bau- und Umweltchemie à Zurich. Il a analysé le taux de composés organiques volatils (COV), de microparticules inhalables ainsi que la présence de substances allergènes et problématiques (lire encadré).
Parmi les cinq vaporisateurs testés, seul celui de la marque Farfalla obtient la mention «bon» et de justesse encore! Il ne contient, en effet, aucun gaz propulseur, ce qui limite fortement l’inhalation de microparticules. Et il ne renferme pratiquement aucune substance problématique. En revanche, le taux de COV mesuré était légèrement élevé.
Trop de microparticules
Les quatre autres désodorisants des marques Migros, Denner, Coop et Lidl sont, eux, «satisfaisant» seulement. Les experts ont trouvé une concentration élevée de micro particules dans ceux de Denner et de Lidl. Or, elles peuvent endommager les poumons lorsqu’elles sont inhalées. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la concentration ne devrait pas excéder 25 microgrammes par m3 en moyenne sur vingt-quatre heures. Le Fresh Lemon de Denner n’est redescendu à ce seuil qu’après 75 minutes seulement. Pire encore, il a fallu attendre 100 minutes pour le W5 de Lidl. Interpellées, aucune des deux enseignes n’a souhaité s’exprimer.
De leur côté, les minisprays ne sont guère plus convaincants. Seuls le MyAir d’Aldi et le Touch&Fresh vendu à Coop sont considérés com me «bon». Dans le second, les experts ont toutefois retrouvé des phtalates considérés comme toxiques pour la reproduction notamment. Raison pour laquelle il a écopé d’un «peu satisfaisant» sur le critère des substances problématiques.
Urs Meier, le porte-parole de Coop, indique que les phtalates proviennent de l’alcool cétylique employé pour fabriquer le spray. Cet alcool gras est utilisé principalement dans les cosmétiques, les shampoings, les déodorants aérosols et les laques. Il affirme que les nouvelles recharges de Touch&Fresh n’en contiennent plus.
Le laboratoire a également décelé des phtalates dans le Vaporisateur d’ambiance M-budget. Interpellé, le géant orange se dit surpris par les résultats de notre test. Selon lui, le mélange employé dans la fabrication ne renferme aucun phtalate et les composants utilisés pour le contenant en sont exempts également. A notre demande, le laboratoire a donc procédé à une nouvelle analyse. Laquelle a confirmé la présence de ce produit chimique.
Les diffuseurs automatiques AirWick Freshmatic Max et Glade Sense & Spray ont en revanche créé la surprise: tous les deux obtiennent la mention «bon», voire «très bon» pour tous les critères: le dosage est en effet si faiblement réglé que seule une très petite quantité de parfum est diffusée.
Gare à vos poumons!
Dans sept des douze vaporisateurs que nous avons analysés, la concentration en composés organiques volatils ne peut être considérée comme sans risque que si la pièce est régulièrement aérée après la vaporisation. La valeur la plus haute a été mesurée avec le spray Prix Garantie de Coop. Interrogé sur le piètre résultat de son produit, le fabricant Frike Group s’est engagé à les réduire au minimum.
Conclusion: pour obtenir de l’air pur et frais, mieux vaut renoncer aux désodorisants et ouvrir régulièrement ses fenêtres pour aérer les pièces.
Gertrud Rall / cg
EN DÉTAIL
Les critères du test
Nous avons confié douze désodorisants à l’entreprise Bau- und Umweltchemie à Zurich qui les a analysés selon la norme DIN EN ISO 16000-9. Pour ce faire, les experts ont diffusé le produit selon les instructions du fabricant dans une chambre d’essai de 40 m 3 avec une aération prédéfinie. Les produits ont été pulvérisés à une hauteur de 1,8 m. Les spécialistes ont ensuite mesuré la valeur moyenne d’émission par pulvérisation des substances suivantes.
1 / Concentration totale en composés organiques volatils (COV): utilisés comme solvants dans l’industrie, ils peuvent rendre malade lorsqu’ils sont inhalés en grandes quantités. Ils peuvent provoquer des maux de tête, des allergies, de la fatigue et des insomnies. Les enfants et les personnes âgées ou fragiles sont les plus vulnérables. En Suisse, aucune valeur limite n’a été fixée pour les COV. En Allemagne, le Ministère de l’environnement estime que leur concentration est sans risque pour la santé lorsqu’elle inférieure à 300 microgrammes par m 3.
2 / Microparticules: les particules projetées par les désodorisants peuvent être inhalées. Celles dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres pénètrent profondément dans les poumons où elles peuvent provoquer des inflammations responsables de toux et d’expectorations. Pour les personnes fragiles, cela peut mener à un rétrécissement des voies respiratoires susceptibles d’entraîner des crises d’étouffement.
3, 4 / Substances nocives: le laboratoire a également recherché la présence de substances allergisantes (terpène, éther) et problématiques comme des solvants et des plastifiants.