Les shampoings pour enfants sont-ils vraiment aussi inoffensifs qu’ils veulent bien le prétendre? C’est ce que nous avons voulu savoir en analysant quatorze produits, dont deux vendus dans des salons de coiffure. Dans l’échantillonnage, nous avons également inclus les shampoings pour bébés lorsqu’une marque ne proposait pas de variante pour enfants dans son assortiment. D’autant plus que les fabricants prétendent que les produits pour bébés sont encore plus doux que ceux pour enfants.
Le Laboratoire Eurofins, à Hambourg, a traqué plusieurs composés problématiques. C’est le cas du formaldéhyde et du dioxane, réputés cancérigènes, des substances aromatiques allergènes ainsi que des muscs polycycliques, considérés comme des perturbateurs hormonaux (lire encadré).
Des efforts réjouissants
Les résultats nous ont réservé une belle surprise avec 13 des 14 shampoings jugés «bon», voire «très bon» (voir tableau). Ce constat réjouissant démontre que les fabricants ont fait de gros efforts: il y a dix ans, un quart des produits avait été recalé dans un test du magazine allemand Öko-Test en raison de leur composition problématique.
Parmi les cinq lauréats qui monopolisent la première marche du podium se trouve le moins cher du lot. Vendu chez Aldi, le Mylove affiche un prix dix fois inférieur (0.83 fr.) au décilitre que le L’Oréal Professionnel (8.88 fr.) qui, de surcroît, est moins bien classé! Quant à l’emballage le plus cher de notre sélection, le Paul Mitchell Kids, vendu dans les salons de coiffure, il est le seul à avoir été évalué «peu satisfaisant». En effet, il réunissait toutes les substances indésirables. Même si ces dernières étaient inférieures aux limites légales, le cocktail était important: 640 mg/kg de formaldéhyde, 8,8 mg de dioxane, 62 mg d’un parfum très allergène (alcool cinnamique) et trois types de muscs polycycliques.
Des normes plus strictes
En réaction à nos résultats, la marque admet que le produit commence à dater: «Le Baby Don’t Cry a été commercialisé pour la première fois il y a plus de 20 ans», précise Doris Merz Nardone, de Paul Mitchell Suisse. Et d’annoncer qu’une nouvelle recette est actuellement en cours d’élaboration.
Le point le plus délicat du Baby Don’t Cry, c’est sa quantité de dioxane (8,8 mg). Elle trahit l’âge du shampoing, puisque, en 1988 encore, la valeur limite était fixée à 10 mg. Entre-temps, les fabricants ont été poussés à revoir leurs recettes. Ce qui explique pourquoi le laboratoire n’a trouvé que des traces (moins de 2,3 mg) dans sept produits et que six autres n’en contenaient absolument pas, prouvant ainsi qu’il est possible de s’en passer.
Le shampoing Dresdner Essenz contenait 215 mg/kg de citronellol, une substance allergène, mais sa présence n’est pas indiquée sur l’emballage. Interpellé, le fabricant a promis qu’il corrigerait le tir.
Gertud Rall / yng
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire Eurofins Consumer Product Testing, à Hambourg (D), a concentré ses recherches sur les substances indésirables suivantes.
- Formaldéhyde – C’est un agent conservateur qui peut affecter les voies respiratoires et provoquer le cancer. Il est également très allergène. En cosmétique, son usage est autorisé, mais sa concentration ne doit pas excéder 0,2% (2000 mg/kg). Aucun produit de notre échantillonnage n’a dépassé ce seuil.
- Dioxane – Agent moussant utilisé dans les savons, les produits de bain et les shampoings, le dioxane peut notamment attaquer le foie et les reins. Il est, lui aussi, considéré comme cancérigène. Par conséquent, les fabricants sont tenus de réduire sa teneur au strict minimum (moins de 10 mg/kg). Cette valeur n’a jamais été atteinte dans les produits que nous avons analysés.
- Substances aromatiques allergènes – On en répertorie 26 sortes qui doivent impérativement être déclarées sur l’emballage dès que leur concentration est supérieure à 100 mg/kg. Parmi les quatre catégories qui permettent de les différencier, les classes A et B sont les plus allergènes. Dans notre test, leur présence a été sanctionnée d’une dépréciation de 1 point et de
0.5 point en cas d’absence de déclaration sur l'emballage. - Muscs polycycliques – Ces composés s’accumulent dans l’environnement et peuvent contaminer le lait maternel des animaux et des humains. Bien qu’il n’existe aucune restriction légale, ils sont soupçonnés de modifier le patrimoine génétique et de perturber le système hormonal.