Les randonneurs ont, pendant longtemps, opté pour la stratégie de la pelure d’oignon qui consistait à superposer les couches. Sur la peau, des sous-vêtements techniques évacuant la transpiration. Une jaquette polaire protège du froid et, enfin, par temps de pluie ou par grand vent, un blouson de tissu fin garde le corps au sec. Depuis quelques années, les vestes softshell remplacent ces deux dernières couches.
A en croire les étiquettes, ces vêtements high-tech sont idéaux à l’entre-saison, en montagne, en randonnée ou pour la course. Et ce, qu’il vente ou qu’il pleuvine. Tiennent-ils vraiment leurs promesses? C’est ce que nous avons voulu savoir, en collaboration avec l’émission télévisée alémanique Kassensturz. Le Laboratoire Empa de Saint-Gall a donc testé, pour nous, une dizaine de modèles destinés aux dames et aux messieurs, choisis parmi les plus vendus dans les rayons. La gamme de prix s’étend entre 90 fr. et 400 fr.
Résultat: si aucune veste n’est très bien notée, quatre décrochent la mention «bon». Mais, seule, la lauréate de notre test, l’Arc’teryx Gamma MX Hoody, a été jugée satisfaisante sur tous les points. Ce vêtement, parfaitement polyvalent, fera ainsi merveille quels que soient les conditions météo et le sport pratiqué. Son prix, 399 fr., est toutefois le plus élevé de notre sélection.
Les trois autres jaquettes qui ont décroché la mention «bon», la Columbia Sweet AS, la North Face Nimble et la Mammut Ultimate Hoody protègent nettement moins bien du froid. La dauphine de notre test, la Columbia Sweet AS, passe cependant haut la main pour tous les autres critères.
Un vrai sauna
Dans notre évaluation, nous avons accordé une grande importance à l’évacuation de la transpiration. Seuls les articles de Columbia et de North Face ont été qualifiés de «très bon» dans ce domaine, ceux de Schöffel, Mammut et Arc’teryx ne dépassant pas le «bon». Les anoraks 46 Nord, Jack Wolf skin et les deux produits Trevolution sont «peu satisfaisant». Quant au Caia Lite de Salewa, il fait du moindre exercice une véritable séance de sauna.
«Cette veste est aussi étanche qu’un ciré et ne devrait pas être portée pour exercer une activité soutenue», met en garde le directeur des tests de l’Empa, Markus Weder. Salewa rétorque que son vêtement a été conçu pour protéger du vent lors d’activités légères. Dommage que cette nuance ne figure pas sur l’étiquette, qui qualifie, au contraire, la texture de «respirante»! Le fabricant se défend en expliquant que cette remarque s’applique à toute la gamme, et pas à ce modèle précis.
De son côté, Jack Wolfskin, dont le produit a été noté seulement «satisfaisant» à cet égard, met en cause notre méthode de test. Elle est, à ses yeux, inappropriée pour son modèle doublé d’un tissu jersey.
La nique à la bise
Les vestes de Mammut, 46 Nord, Jack Wolfskin, Trevolution et Salewa sont dotées, toutes les cinq, d’une membrane supplémentaire avec fonction coupe-vent. Une option certes efficace, puisqu’elles ne laissent en effet passer aucun souffle. Elles sont cependant mal notées quant à l’évacuation de la transpiration, seule la Mammut laissant vraiment respirer la peau.
Pas de membrane en revanche sur les Columbia et North Face qui maintiennent le difficile équilibre entre la protection contre le vent et l’évacuation de la transpiration. La Schöffel est la seule de notre sélection à ne pas faire barrage à la bise: elle obtient une note catastrophique dans ce domaine.
Aïe, ça mouille!
Si aucune veste softshell n’est vraiment imperméable, quelques-unes résistent tout de même au crachin ou à une brève averse. Les modèles de 46 Nord, North Face, Mammut et Trevolution sont très bien notés sur ce point, ceux de Arc’teryx et de Columbia décrochent un «bon». Ce n’est pas le cas des pardessus de Salewa,
Schöffel et Trevolution Lenny qui laissent passer beaucoup d’eau dans la région du ventre notamment. La faute à la fermeture éclair, qui absorbe l’humidité. A la lecture de ces résultats, Migros nous a du reste confié qu’elle envisageait de modifier l’étiquetage de son article.
Pour les sportifs frileux, la parka 46 Nord est celle qui offre la meilleure isolation. Celles de Schöffel et d’Arc’teryx sont dans la moyenne, toutes les autres affichant des résultats peu brillants. Ce critère doit toutefois être relativisé selon l’expert de l’Empa: «Certaines personnes se satisfont pleinement d’un vêtement moins chaud, pourvu qu’il laisse la peau respirer.» Les grands frileux opteront, quant à eux, pour une petite laine efficace, quitte à transpirer davantage.
Jeannette Büchel / chr
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) a testé les vestes selon les critères suivants.
1 et 2 / Evacuation de la transpiration et isolation thermique: les experts ont simulé l’activité dermatologique pour évaluer la manière dont chaque veste gère l’humidité et les variations de température. Les vêtements ont été posés sur une plaque de métal poreuse, et donc capable d’absorber l’eau. Ils ont été placés dans une armoire climatisée dans laquelle on a modifié la température, l’humidité et la ventilation. Les différentes mesures ont permis d’évaluer à quel point chaque blouson laisse passer la transpiration et isole du froid.
3 / Fonction coupe-vent: à l’aide d’un tuyau, le laboratoire a généré une dépressurisation, afin d’aspirer l’air à travers l’étoffe. Il a ensuite mesuré le volume d’air qui traversait la veste.
4 / Imperméabilité aux intempéries: un mannequin équipé de senseurs a été revêtu d’une chemise de coton, puis de la veste. On l’a ensuite placé pendant 10 minutes sous une douche dont le débit équivalait à une forte averse. Les senseurs ont retranscrit le moment précis où la «pluie» traversait le tissu. Le laboratoire a ensuite mesuré le volume d’eau qui avait imbibé la chemise de coton.