Les Américains lui ont donné un nom, le «wrap rage», la rage de l’emballage. A l’origine de ce terme, la furie qui s’était emparée de certaines mères de famille incapables de déballer les poupées Barbie offertes à leurs filles et qui finissaient, au risque de se blesser, par mas sacrer la boîte à grands coups de ciseaux ou de cutter. Face aux plaintes, la société Mattel a revu, depuis, les conditionnements de ses poupées, mais des dizaines de milliers d’au tres produits ont toujours le potentiel de mettre les nerfs des consommateurs à rude épreuve. A l’approche de Noël, nous les avons, avec notre partenaire On en Parle (RSR, La Première), traqués dans les rayons des grandes surfaces. Nous en avons sélectionné sept, parmi tant d’autres, susceptibles de vous irriter.
Il s’agit d’un choix avant tout représentatif. Nous n’avons pas la prétention d’avoir trouvé les sept objets les plus difficiles à ouvrir du marché. Ils représentent cependant les difficultés caractéristiques qu’on peut rencontrer avec les différentes sortes de conditionnement (lire pages 8 et 9). Nous avons ainsi retenu des emballages flexibles, sous vide, dont l’amorce fonctionne mal, un anneau de boîte de conserve difficile à saisir, une ouverture de brique de thé froid peu hygiénique, des emballages en plastique dur impossibles à vaincre sans outil ou, encore, des attaches multiples ou à vis fixant des jouets.
Afin de bien cerner les problèmes concrets, nous avons fait appel à plusieurs testeurs en leur demandant d’ouvrir ces produits à la main ou, s’ils le désiraient, à l’aide d’outils, comme des ciseaux, un cutter ou un tournevis.
L’avis du spécialiste
Nous avons ensuite soumis les objets à un spécialiste, Didier Louvier, professeur à la Haute Ecole d’ingénierie et gestion du canton de Vaud (HEIG-VD) et directeur du Laboratoire Emballage & Conditionnement. Celui-ci a évalué la situation, donné des explications sur les choix des fabricants et avancé des solutions.
Tantôt, elles sont simples, comme un meilleur réglage d’une machine. Dans d’autres cas, certaines améliorations mineures du mécanisme d’ouverture pourraient améliorer la situation. Tantôt, un changement de système constituerait le remède le plus pertinent.
Explications des fabricants
Protection de l’objet lors des transports, lutte contre le vol, faible coût, etc. Voilà quelques arguments mis en avant par les vendeurs et les fabricants pour justifier leur choix. Migros admet ainsi avoir connaissance du problème pour son saumon (voir page 8), mais dit privilégier, avec un emballage certes dif ficile à ouvrir mais imperméa-ble, la sécurité alimentaire au confort.
Pour la boîte de maïs, dont plusieurs testeurs n’arrivaient pas à saisir l’anneau d’ouverture, Coop estime qu’il s’agit là d’exceptions et que les avantages de ce système dépassent ses inconvénients, à savoir que «les bords ouverts sont lisses et non tranchants» et qu’on peut se passer d’un ouvre-boîte, «outil pas très hygiénique et souvent difficile à utiliser, surtout quand on a les mains faibles».
Quant à la brique de thé froid, il nous a été répondu qu’un changement d’ouverture aurait pour conséquence une augmentation de prix, ce qui n’est pas souhaitable pour ce produit d’entrée de gamme.
Pour le casque audio et son emballage en plastique dur (blister), la société Plantronics, fabricant du casque, nous a rappelé que «les enseignes de la grande distribution exigent des matériaux extrêmement résistants, afin de protéger les produits de la casse et du vol».
Et les jouets dans tout ça? Concernant les innombrables attaches du produit Barbie, Mattel nous a répondu qu’«il est très important que les petits accessoires restent en place pendant le transport».
Les solutions
Face à des fabricants pas toujours pressés de résoudre les problèmes, les consommateurs ont, de leur côté, développé de petites stratégies personnelles. Nous avons choisi de vous offrir quelques solutions (lire page 8), parfois proposées par notre spécialiste ou nos testeurs. Elles ne sont certes pas toutes miraculeuses, mais néanmoins assez efficaces pour ne pas transformer votre Noël en cauchemar. Et, pour la première fois, notre dossier est accompagné de vidéos consultables sur internet!
Sébastien Sautebin