Les grands constructeurs multiplient les technologies pour réduire les émissions de CO2 de leurs voitures ou, du moins, d’une partie de leur gamme. Petites motorisations frugales, hybrides, véhicules électriques ou à gaz, les visiteurs du 87e Salon de l’automobile de Genève auront l’embarras du choix. Ils pourront alors jeter un œil à l’étiquette- énergie pour comparer grossièrement le bilan énergétique des différents modèles. Sans pour autant se fier aveuglément aux données affichées: la consommation réelle d’une voiture dépasse, en moyenne, de 30% les chiffres annoncés.
Amortissement difficile
Opter pour une technologie alternative, c’est accepter d’en payer le prix. Et, si d’aucuns ont les moyens de faire fi des considérations bassement pécuniaires, d’autres espèrent que l’écologie les emmènera sur l’autoroute des économies. Or, comme nos comparatifs l’ont déjà mis en lumière (lire «Voitures hybrides: n’espérez pas faire des économies», TCF 10/2015), le prix des véhicules verts est difficile à amortir par le seul gain en carburant. Avec la grande majorité des hybrides, il faut parcourir 200 000 km au moins avant que les économies faites à la pompe ne compensent leur surcoût.
D’autres leviers permettent néanmoins de bénéficier d’avantages financiers. C’est ainsi qu’il vaut la peine de se renseigner auprès des compagnies d’assurances sur les tarifs préférentiels accordés aux véhicules peu polluants. Chez certaines, les avantages peuvent osciller entre 10% et 25% sur les primes RC et/ou casco. Mais, d’un assureur à l’autre, les conditions (types de véhicules, etc.) sont très variables.
Des cantons timides
Pour inciter les automobilistes à rouler plus propre, l’Etat a lui aussi son rôle à jouer. Mais, comme l’illustre notre comparatif (voir tableau), les cantons n’ont pas la même sensibilité en la matière. Le Valais et Neuchâtel sont les pires élèves, puisqu’ils ne proposent aucun soutien spécifique aux voitures peu polluantes. Neuchâtel a néanmoins un système de taxation basé, entre autres, sur les émissions de CO2 qui favorise quelque peu les autos peu gourmandes. Le Valais, lui, ne connaît pas même cette nuance: la taxe est calculée sur la cylindrée uniquement. Aussi, le propriétaire d’une BMW hybride 330e (44 g de CO2/km) paiera le même impôt que son voisin et son ancienne Subaru Impreza STi recrachant 290 g CO2/km…
Dans les cantons de Fribourg et de Berne, l’effort consenti est de courte durée: le rabais n’est accordé qu’au cours des trois ou quatre premières années de vie des véhicules neufs. Le Jura, lui, ne fait des faveurs qu’aux modèles électriques ou alimentés au gaz et à l’hydrogène, mais sans appliquer de date de péremption.
Au final, c’est à Genève et sur Vaud que les automobilistes soucieux de l’environnement sont les mieux récompensés. Genève divise notamment la taxe par deux pour les modèles rejetant moins de 121 g de CO2/km. Le canton de Vaud est plus généreux encore: rabais de 75% quand les émissions sont inférieures à 120 g CO2/km ou si le véhicule est alimenté au gaz ou à un autre carburant naturel. Même certains moteurs diesels dotés du filtre à particules (FAP) sont avantagés, alors que les voitures électriques sont imposées
25 fr. par an seulement.
Yves-Noël Grin