«Mal voir et bien vivre, c’est possible!» – tel est le slogan de la campagne que mène actuellement l’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA). L’objectif? Informer les personnes qui vivent avec un handicap visuel important et irrémédiable de l’existence de services de conseil et de réadaptation en basse vision.
Quotidien compliqué
Un tel handicap, principalement dû à la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), touche surtout les personnes de plus de 65 ans, dont 30% des 75 à 85 ans. Evolutive, la DMLA atteint les deux yeux dans 30% à 40% des cas. La personne qui en souffre préserve la vision latérale, mais voit en permanence une tache au milieu de son champ de vision. Les lignes droites deviennent courbes, les contours des visages et des objets sont déformés.
On imagine aisément qu’un tel handicap complique les gestes du quotidien: lire, écrire, cuisiner, faire ses courses, téléphoner, se promener, prendre le bus, etc. C’est là qu’interviennent les services de réadaptation en basse vision (lire encadré), dont l’offre, gratuite, est très développée en Suisse romande, avec un service spécialisé dans chaque canton (voir tableau). «Notre travail reste toutefois méconnu, même des médecins et des opticiens, tout comme les moyens auxiliaires à disposition», constate Marlyse Schmid, ergothérapeute spécialisée au Service de réadaptation basse vision de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, à Lausanne.
Moyens auxiliaires
La prise en charge débute par une consultation d’optométrie, afin de vérifier la qualité de la correction optique et, éventuellement, de l’améliorer. Puis, des exercices visant à utiliser au mieux la zone de la rétine restée saine sont enseignés par les ergothérapeutes spécialisés.
Selon ces derniers, la principale difficulté des patients reste la lecture. Il est donc nécessaire de définir les moyens optiques auxiliaires adéquats. Si le port de lunettes loupe est la solution la plus courante, elle nécessite un temps d’adaptation. Car plus l’atteinte est grande, plus l’effet loupe sera important, impliquant de rapprocher le texte, parfois à 10 cm des yeux, tout en privilégiant un bon éclairage pour améliorer les contrastes.
Mais il existe d’autres moyens auxiliaires de lecture, comme des loupes, des scanners et autres équipements électroniques. Ces derniers visent notamment à améliorer la lecture des étiquettes dans les magasins, source importante de problèmes. Les conseillers en basse vision enseignent l’utilisation de ces différentes aides et permettent de les tester avant de les acquérir. Selon les modèles, les prix peuvent aller de 1000 fr. à 4000 fr. et sont partiellement pris en charge par l’AI ou l’AVS pour les personnes retraitées.
Ellen Weigand
Conseils pratiques
Aménager son domicile
Les ergothérapeutes se rendent aussi au domicile des malvoyants pour les aider à l’aménager au mieux.
> Eliminer les obstacles: une observation des gestes quotidiens permet d’améliorer le lieu de vie. La cuisine est un espace d’intervention courant, nécessitant quelques trucs pratiques, comme, par exemple, l’utilisation d’une planche ou d’une assiette foncée pour voir et couper des aliments clairs, tels des pâtes ou du riz. Ou boire dans des verres teintés pour éviter de les renverser. Utiliser des sets de table de couleur contrastant avec celle de l’assiette pour en voir le contour et éviter de mettre des aliments à côté.
> Améliorer l’éclairage: les personnes malvoyantes ont besoin de plus de lumière, également de jour. Celle-ci doit être répartie régulière-ment afin de leur permettre de se déplacer, mais aussi pour coudre un bouton, se maquiller, mettre du dentifrice sur sa brosse à dents, couper des légumes, etc. Et, plus les objets à saisir ou à regarder sont petits, plus grand sera le besoin de lumière.
Brochure et informations: www.malvoir-bienvivre.ch