Depuis trois ans environ, la plupart des compagnies ont déclaré la guerre au tabac sur les vols long courrier. Pourtant, les non-fumeurs n’ont pas vraiment de quoi se réjouir. Car depuis que les cabines sont exemptes de fumée, les pilotes peuvent diminuer l’apport en air frais. Avec pour conséquence une concentration de germes qui circulent à plusieurs reprises dans l’espace confiné de l’appareil. Le risque d’attraper une maladie est donc accru.
Tous les avions construits jusqu’au début des années 80 changeaient l’air toutes les trois minutes. Mais, depuis, la pression financière sur les compagnies aériennes est devenue énorme. Si bien que, en particulier sur les vols américains, un renouvellement complet de l’air a lieu seulement toutes les dix minutes.
En effet, la réduction d’apport en air frais permet d’économiser des millions de francs. Car elle diminue d’environ 1% la consommation de carburant. Des économies réalisées également aux dépens de la santé du personnel de bord. Ses membres se plaignent toujours plus souvent de vertiges, nausées, migraines et difficultés respiratoires auprès du syndicat international des employés des transports à Londres. Fin octobre, les syndicats des compagnies aériennes ont d’ailleurs tenu conférence à Vancouver. Unique thème de la réunion: l’air dangereux des cabines des avions.
Manque d’humidité
Mais ce n’est pas tout. L’atmosphère des avions est artificielle. A 10 000 mètres d’altitude l’oxygène est trop rare et, à moins 60 degrés, l’air est trop froid pour survivre. Il est donc aspiré par les turbines, chauffé et amené à une pression correspondant à peu près à celle régnant à 2000 m. Ce système ne permet qu’une humidité relative de 15%, soit moins que dans le désert. Pourtant, il serait techniquement possible de l’augmenter. Mais les compagnies y renoncent, également pour ménager leur porte-monnaie: l’humidité provoque de la rouille, qui accélère le vieillissement des appareils...
Les attentes au sol aussi sont problématiques. A ce moment, l’avion ne dispose pas de l’énergie des moteurs pour aspirer l’air frais. Un problème connu de longue date. Il y a vingt ans par exemple, deux tiers des 54 passagers d’un jet avaient attrapé la grippe après trois heures d’attente sur le tarmac en Alaska. Toutefois, le lien entre vol et maladie est difficile à établir. Les symptômes d’une grippe, par exemple, ne se présentent que trois jours après la contamination. Les passagers ne font alors souvent plus le lien avec le vol.
«Il est vraisemblable que les transports publics, bus de transfert ou salles d’attente
à l’aéroport représentent un risque de contamination plus élevé», estime Manfred Winkler, porte-parole de Crossair. Mais en même temps, il admet que les cabines des avions contiennent une concentration plus élevée de bactéries et substances nocives que d’autres espaces clos.
M. Winkler affirme cependant que Crossair change l’air de toute la cabine d’un avion toutes les trois minutes. Mais ses pilotes n’ont pas l’interdiction de diminuer l’apport d’air frais, tout comme ceux de Swissair. Ces derniers doivent cependant respecter une valeur limite interne de concentration en dioxyde de carbone. Moins on renouvelle l’air, plus cette concentration est élevée. Chez Swissair, la limite à ne pas dépasser est cinq fois inférieure à celle admise par les compagnies américaines. L’air de ses avions devrait donc être plus sain.
Conseils
Pour souffrir le moins possible en vol:
• Buvez au moins 1,5 l d’eau pour huit heures de vol.
• Evitez alcool, café et thé qui assèchent l’organisme.
• Si vous avez déjà une bonne grippe, mieux vaut renoncer au vol, sous peine de complications.
• Si vous voulez être particulièrement prudent, ou ne voulez pas transmettre votre grippe ou autre maladie virale aux passagers, vous pouvez porter un masque.
tour d’horizon
En l’air les non-fumeurs respirent
Les compagnies aériennes qui interdisent la fumée à bord de leurs appareils sont de plus en plus nombreuses. La revue allemande Reise & Preise présente un bilan de la situation.
• Les compagnies suivantes ont complètement banni la cigarette: Canadian Airlines, Cathay Pacific, China Airlines, Continental Airlines, Cyprus Airways, Delta Airlines, El Af Israel, Ethiopian Airlines, EVA Air, Finnair, Icelandair, Kenya Airways, KLM Royal Dutch, Lan Chile, Lauda Air, Lufthansa, Martinair, Northwest Airlines, Qantas, Royal Air Maroc, Royal Brunei, Sabena, Saudi Arabian Airlines, Singapore Airlines, South African Airways, Swissair, TAP Air Portugal, Thaï Airways, Turkish Airlines, United Airlines, US Airways, Vasp Brazilian Airlines, Aerolineas Argentinas, Air Canada, Air India, Air Mauritius, Air Namibia,
Air New Zealand, Air Seychelles, Air Transat, American Airlines, Austrian Airlines, British Airways.
• Seules trois compagnies autorisent sans réserve la fumée: Air China, Balkan Air et Hapag-Lloyd.
• Certaines compagnies font des compromis: Air France autorise la fumée sur les vols pour l’Amérique du sud, l’Afrique et l’Asie. Air Madagascar pour l’Europe, l’Asie et certains itinéraires africains. Avianca pour l’Europe, l’Amérique du sud et les Caraïbes. Balair pour l’Amérique du nord, les Caraïbes, l’Afrique et l’Asie, mais seulement en classe économique (comme d’ailleurs Condor). Aeroflot, Air Zimbabwe, Olympic Airways, Pakistan Int. Airlines et Biman Blangladesh partout sauf sur les vols internes. Iberia partout sauf sur les vols internes de moins de 90 min.