Imaginez la scène: vous roulez tranquillement sur une route cantonale avec votre vélo neuf assisté par un petit moteur électrique et, soudain, la roue avant se bloque vous envoyant «valser» par-dessus le guidon.
Voilà ce qui est arrivé, il y a quelques mois, à Christophe Hermenjat, de Marly (FR). Heureusement, il s’en est tiré avec quelques contusions dans le dos seulement. Mais l’accident aurait pu être autrement plus dramatique.
Vient ensuite le moment d’analyser ce qui a bien pu se passer. Et là, notre lecteur comme les témoins présents au bord de la route en sont sûrs: ce n’est pas un élément extérieur qui a provoqué la chute. «Aucun objet étranger n’était dans les rayons, relate le Fribourgeois. Les personnes qui m’ont aidé à me relever peuvent en attester. Le problème était lié directement au vélo.» Selon lui, le pare-boue en est responsable. En frottant soudainement contre le pneu, il s’est plié est a bloqué la roue.
Les experts se contredisent
Après expertise, son assurance accidents est parvenue à la même conclusion. De fait, elle s’est retournée contre la RC du revendeur du vélo qui, à son tour, a envoyé un expert pour examiner le cas. «Il n’a même pas pris la peine de sortir le vélo de la cave pour l’examiner à la lumière du jour, se souvient notre lecteur. Et il n’est pas venu pour réaliser une expertise sur les causes de l’accident, il m’a dit qu’il voulait juste estimer le montant des dégâts.»
Christophe Hermenjat reçoit ensuite la prise de position de l’assureur du revendeur qui met hors de cause le produit: «Selon le rapport d’expertise, (…) il s’agit d’un élément extérieur qui est à l’origine du blocage.» Également informé, le fabricant, en Allemagne, répond qu’il n’a jamais eu de problèmes avec ce modèle et que c’est au client de prouver ses propos. L’importateur de la marque en Suisse a, quant à lui, été averti tardivement de cet accident. Il a décidé de prendre les choses en main en envoyant à sa charge le vélo pour une expertise dans un laboratoire indépendant en Allemagne.
Une facture de plus de 4000 fr.
Pour l’heure, notre lecteur attend les résultats, dont nous ferons part dans une prochaine édition, et espère un aboutissement positif à ce dossier épineux. Car tant que le produit n’est pas mis en cause, il ne pourra pas se faire rembourser le prix du vélo (3400 fr.) qui était encore sous garantie au moment des faits. Des effets personnels ont également été endommagés, faisant grimper la facture totale des dégâts à 4262 fr. «J’ai l’impression de me battre contre des moulins à vent, réagit-il. Je me sens bien seul face à mes interlocuteurs.»
Avec le recul, Christope Hermenjat pense qu’il aurait peut-être dû contracter une assurance casco. Quelques assureurs en proposent dorénavant pour les vélos électriques. Il aimerait aussi sensibiliser les utilisateurs de ce genre de deux-roues, toujours plus nombreux en Suisse, aux dangers que ces produits peuvent parfois représenter. Selon l’Office fédéral des routes, les accidents impliquant des bicyclettes à assistance électrique sont généralement plus graves qu’avec des vélos traditionnels.
Gare aux produits de mauvaise qualité!
Mais les consommateurs peuvent-ils acheter les vélos électriques vendus en Suisse les yeux fermés? Pour en avoir le cœur net, Bon à Savoir avait réalisé, l’été dernier, un test de dix produits (lire BàS 7/2012*). Si celui de notre lecteur – un Focus Jarifa Speed – ne faisait pas partie du panel, trois d’entre eux avaient été jugés «peu satisfaisant» avec une qualité de freinage discutable. Plus grave: deux autres vélos avaient tout simplement été disqualifiés, leur fourche ou leur cadre n’ayant pas résisté au test de solidité au laboratoire. Comme quoi le prix élevé de ces petites reines dopées aux watts n’est pas un gage de sécurité absolu.
Loïc Delacour