La bonne nouvelle est tombée fin novembre: dès 2008, le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) sera remboursé par l’assurance maladie aux jeunes filles et femmes entre 11 et 19 ans, hors franchise. Pour autant qu’il soit injecté dans le cadre de programmes cantonaux. Et à condition que l’information des jeunes filles et des parents y soit assurée.
En effet, il subsiste bien des questions dans le public depuis l’autorisation du premier vaccin contre le cancer du col de l’utérus, le Gardasil, en Suisse, en janvier dernier. Et déjà, un second vaccin, le Cervarix, est en attente d’admission.
MA SANTÉ fait donc le point avec Stefan Gerber, médecin associé du département de Gynécologie – Obstétrique du CHUV à Lausanne.
Principale MST du monde
Quasi tous les cas de cancer du col de l’utérus sont causés par une infection à HPV, la maladie sexuellement transmissible (MST) la plus répandue au monde: 70 à 80% de la population féminine (3 femmes sur 4 en Suisse) sexuellement active contractent ces virus au cours de leur vie.
Une quarantaine de types de HPV, sur une centaine connus à ce jour, contaminent spécifiquement la sphère génitale. Ils sont transmis par simple contact et infectent alors la peau et les muqueuses: la bouche, la langue, la gorge, les amygdales, le vagin, le pénis, le col de l’utérus ou l’anus. Une mère avec une importante infection HPV peut donc contaminer son bébé lors de l’accouchement (on lui proposera une césarienne).
La plupart de ces infections guérissent. Mais lorsqu’elles deviennent chroniques (10% des cas), les HPV se développent dans les cellules du col utérin. Avec un risque accru d’une transformation en cellules précancéreuses ou, rarement (moins de 1%), en cancer. Mais avant, les virus peuvent «dormir» jusqu’à dix ans.
Des études (sur plus de
20 000 femmes de 16 à 26 ans) ont montré que le vaccin préservait à 100% contre:
> Les HPV de type 6 et 11, causant plus de 90% des verrues génitales (condylomes), difficiles à faire disparaître et réapparaissant sans cesse.
> Les HPV de type 16 et 18, responsables d’au moins 70% des cancers du col de l’utérus (et des lésions précancéreuses et des dysplasies, soit le développement de cellules anormales sur la surface de la vulve ou du vagin).
Groupes cible
Le risque d’infection augmente avec l’activité sexuelle et, surtout, avec le nombre de partenaires. D’où la nécessité de vacciner:
> Les filles entre 11 et 14 ans, avant leur premier rapport sexuel (en Suisse, 5% d’entre elles en ont avant 15 ans, 50%
à partir de 16 ans).
> Celles déjà actives sexuellement, pouvant encore tirer un certain bénéfice du vaccin contre les types de HPV pas encore rencontrés.
> Les 16 à 19 ans, dont un certain nombre n’a pas encore de vie sexuelle.
Au-delà, l’utilité du vaccin est à considérer de cas en cas. Elle diminue d’autant que le risque d’avoir été contaminé est grand. En effet, le Gardasil prévient le mal, mais ne peut le soigner.
Garçons et hommes peuvent tout autant être infectés et transmettre les HPV. Mais on ignore encore la réelle efficacité du vaccin pour eux.
Dépistage indispensable!
Attention: être vaccinée ne dispense pas du dépistage régulier (frottis), indispensable! Car au moins 25% des cancers du col utérin sont causés par d’autres types de HPV que ceux combattus par le vaccin. «Et le préservatif reste de mise contre les autres MST», souligne le Dr Gerber.
Le vaccin (3 injections/6 mois, par voie intramusculaire) peut notamment provoquer douleurs locales, nausées et un état fébrile. La durée de la protection (effective dès la troisième injection) connue à ce jour est de cinq ans. On manque encore de recul pour savoir si un rappel est nécessaire.
Plusieurs cantons (BL, GE, VD, VS) vont mettre en place des programmes de vaccination dans les écoles dès la rentrée 2008, mais pas pour toutes les tranches d’âge*. D’autres comptent le faire (BE, JU, ZH). A relever que certaines assurances complémentaires prennent aussi en charge le vaccin.
Ellen Weigand
Bonus Web: Les programmes romands de vaccination