Les abris de protection civile (PC), c’est comme les assurances: tout le monde espère qu’ils ne serviront jamais à rien! Et l’on pourrait discuter longtemps de leur bien-fondé. Toutefois, du moment qu’ils existent, mieux vaut savoir où se trouve sa place et comment réagir en cas de catastrophe (lire encadré).
Mais tout d’abord, de quoi protègent-ils exactement? Concept hérité des années 60 et de la Guerre froide, ces constructions ont été créées en prévision d’un conflit armé, voire d’une guerre nucléaire. Aujourd’hui, on pense plutôt au terrorisme ou à un accident dans une centrale... «Ils ne résisteraient pas à une explosion, mais l’épaisseur des murs en béton offre une bonne protection contre la radioactivité, explique Michel Schmid, chef de l’Office de la protection civile de la commune de Lausanne. De plus, l’atmosphère de surpression qui peut être maintenue à l’intérieur (une pression plus importante qu’à l’extérieur) et le système de filtres installé sur les appareils de ventilation empêcherait toute substance toxique d’envahir l’abri».
A la charge des propriétaires
Légalement, chaque habitant est censé avoir une place attribuée dans l’un de ces abris. Donc, à chaque fois qu’une villa ou un immeuble est construit, son propriétaire doit prévoir et prendre en charge l’établissement d’une structure de protection conforme aux normes de la protection civile. Toutefois, les communes qui assurent l’organisation de la PC essaient de rassembler les résidents d’un quartier dans un même abri, ce qui est plus rationnel sur le plan financier. Pour donner un ordre d’idée: la place protégée revient à environ 600 fr. dans un immeuble, mais jusqu’à 2000 fr. dans une villa individuel-
le. Ce regroupement dispense certains propriétaires des travaux, mais ils doivent participer financièrement à la construction de l’abri commun.
Encore des lacunes
«Les structures actuelles répondent à environ 98% des besoins», remarque Moritz Boschung, chef de l’information à l’Office fédéral de la protection civile. Il y a donc encore des lacunes, notamment dans les centres historiques des villes, qui ont été peu reconstruits durant ces dernières décennies».
A Lausanne, par exemple, un quart de la population ne pourrait pas bénéficier d’une sécurité exemplaire en cas d’accident chimique. En effet, quelque 30 000 habitants devraient se contenter de constructions non ventilées ou même d’abris de fortune (par exemple des parkings souterrains renforcés), où le port de masques à gaz serait indispensable. «Mais les enfants et leurs familles seraient répartis dans des abris ventilés», précise Gilbert Sierro, chef de la section protection de la population à la PC lausannoise.
A quinze minutes
Pour informer la population, les autorités de cette commune ont distribué des autocollants à placer à l’intérieur des boîtes aux lettres, où figure l’adresse de l’abri attribué au locataire. «On doit pouvoir y accéder en un quart d’heure de marche au plus», précise Moritz Boschung de l’Office fédéral de la protection civile.
Sophie Reymondin
en cas d’urgence
La sirène retentit: branchez la radio
Pour connaître l’emplacement de son abri, chaque habitant peut se renseigner auprès de l’Office de protection civile de sa commune, qui tient à jour un plan d’attribution. Il sera appliqué si les autorités décrètent une occupation préventive en cas de catastrophe dite prévisible (une guerre par exemple). Mais, en cas de danger immédiat (par exemple une explosion dans une usine chimique), chacun doit gagner l’abri le plus proche:
• La population serait alors avertie par les sirènes de la protection civile. Il existe plus de 7000 de ces dispositifs d’alarme sur l’ensemble du territoire. Pas de panique le premier mercredi de février: c’est le jour de contrôle annuel des sirènes!
• Premiers réflexes: se mettre à l’écoute de La Première de la Radio suisse romande, suivre les instructions diffusées ou consulter les pages «Alarme de la population en cas de danger» et «Que faire en cas de danger» à la fin de l’annuaire téléphonique.
• Si cela suffit à assurer la protection de la population, les autorités vont conseiller dans un premier temps de rester à l’intérieur, de bien fermer portes et fenêtres et d’interrompre les ventilation et climatisation.
• Mais en cas de conflit armé, il faudrait organiser l’occupation des abris, en évacuant le matériel superflu et en prévoyant de la nourriture et des boissons pour survivre quelques jours.