Curieuse affaire que celle des cartes de fidélité proposées par certaines pharmacies (lire notre enquête en page 19). Que les officines utilisent les mêmes stratégies que n’importe quel autre commerce pour fidéliser leur clientèle, pourquoi pas. La concurrence est dure, ici comme ailleurs, et il est finalement de bon aloi d’offrir 10% de réduction sur les médicaments qui ne sont pas prescrits par un médecin.
Il en va différemment, en revanche, des médicaments qui figurent sur une ordonnance, puisqu’ils sont payés par l’assurance maladie. En tel cas, une réduction de 10% revient à rembourser la participation aux frais de santé, donc à aller à l’encontre du système de conscientisation mis en place par la loi, censé mettre un frein psychologique à la consommation abusive de médicaments.
Pour parfaire leur conscience, les groupe de pharmacies concernés (Capitole, Victoria et Coop Vitality) n’offrent plus de l’argent cash en ristourne, mais des points bonus, des étoiles ou des superpoints. Et ils se gardent bien de faire la moindre référence au remboursement de la participation. Au bout du compte, cela revient pourtant au même, puisque ces avantages se transforment finalement en monnaie sonnante et trébuchante ou en bons permettant d’acquérir certains objets sans sortir son portefeuille.
Les autorités n’y voient pourtant rien à redire. Du moins l’Office fédéral de la santé publique, qui se range derrière des arguments dont seuls les juristes ont le secret… Etrange, car le Conseil fédéral, dans une réponse donnée récemment à une interpellation parlementaire, semblait penser le contraire. Inutile toutefois de se montrer plus royaliste que le roi: si la loi le permet, que les consommateurs en profitent! Mais les primes de l’assurance maladie s’en ressentiront forcément un jour…
Christian Chevrolet