Après une réduction à 6,8%, fondée sur des paramètres biométriques (prolongation de la durée de vie des assurés), nous devons aujourd’hui nous prononcer sur une nouvelle diminution qui ira progressivement jusqu’à 6,4%, par suite – cette fois – de prévisions du rendement des placements à la baisse.
Notre expérience le prouve: une bonne gestion économique des capitaux de prévoyance rend cette deuxième baisse inutile. Le législateur la justifie en effet par des taux d’intérêt «sans risque», qui ne peuvent même pas compenser l’inflation à long terme et réduisent constamment le pouvoir d’achat. La raison d’être économique des institutions de prévoyance est donc remise en question dans la mesure où ces forçats de l’épargne que sont les salariés actifs pourraient obtenir individuellement, à la longue, des meilleurs rendements à un coût inférieur!
Dieu merci, la plupart des caisses de pension n’évoluent pas dans le corset étroit de la LPP. Prenons l’exemple pratique de notre Fondation Profond. Notre règlement prévoit que au lieu de réduire le taux de conversion à mesure que croît l’espérance de vie, les réserves servant de garantie au taux de conversion sont accrues constamment dans les proportions requises, par analogie à la procédure en usage dans les caisses obéissant au principe de la primauté des prestations. Ainsi, toutes les rentes sont entièrement financées avant le début de la durée. D’où la garantie qu’aucune participation des assurés actifs ne sera nécessaire pour les bénéficiaires de rentes.
Ces réserves sont financées par les revenus des placements: une quote-part d’actions de 25% suffit amplement à assurer les besoins de financement supplémentaires à long terme. Or, depuis sa création, en 1990, Profond a réalisé un rendement moyen de 6% en misant sur une quote-part d’actions de 50%. Avec la stratégie d’investissement «sans risque» préconisée par certains organismes de prévoyance, les placements sont exposés à une volatilité moindre, réduisant certes le risque de découvert temporaire. Mais, ce faisant, elles sacrifient à un semblant de sécurité l’intérêt primordial des bénéficiaires à percevoir à la retraite une rente de vieillesse digne de ce nom.
Propos recueillis par C.C.