Contrairement à certains trains, envois postaux ou adaptations tarifaires dans le secteur de la téléphonie, le dépôt de l’initiative «Pro Service Public» ne s’est pas fait attendre. Mieux, il n’aura fallu que quatorze mois – sur les dix-huit impartis – pour atteindre les 100 000 paraphes nécessaires. Le 30 mai dernier, à 10 h 30, le texte a été déposé à la Chancellerie fédérale avec plus de 106 000 signatures certifiées, sur les plus de 120 000 récoltées.
Trop, c’est trop!
Lancée par Bon à Savoir et nos partenaires alémaniques K-Tipp et saldo et tessinois Spendere Meglio, l’initiative a trouvé un écho très favorable auprès des consommateurs suisses. Ce succès traduit en effet le ras le bol exprimé par ces derniers face aux dérives des entreprises de service public, comme les CFF, La Poste ou encore Swisscom. D’un côté, les consommateurs sont victimes des hausses répétées du prix des billets et des abonnements de train, des tarifs postaux qui s’envolent pour aboutir à des bénéfices record. Sans oublier le roaming, dont le plafonnement des tarifs n’est évidemment pas souhaité par la Confédération, actionnaire majoritaire de Swisscom… Et, d’un autre côté, ils subissent le démantèlement des prestations: des guichets de gares fermés; des bureaux de poste transformés en commerces; des files d’attente toujours plus longues; la disparition de milliers de boîtes aux lettres et celles qui restent ne sont pas toutes vidées après 17 h, etc.
Des impôts déguisés
Ce ne sont là que quelques exemples qui témoignent du démantèlement progressif du service public. Ces entreprises ne sont pas seules en question, puisque c’est le Conseil fédéral qui exige d’elles une rentabilité sans cesse plus élevée. Les consommateurs paient ainsi toujours plus cher des prestations qui stagnent ou évoluent parfois à la baisse pour alimenter les caisses de la Confédération. Au final, il ne s’agit ni plus ni moins d’impôts supplémentaires habilement déguisés.
Prévoir des garde-fous
C’est cette logique bancale que le comité d’initiative entend inverser en ajoutant des garde-fous dans la Constitution fédérale.
La volonté première, c’est que le service public garantisse des prestations de qualité avant de s’intéresser aux bénéfices qu’il pourra dégager. Mais cela n’empêche en rien une gestion rigoureuse et de bons résultats comptables, à condition que les gains éventuels soient réinvestis pour offrir le meilleur service au meilleur prix.
Le deuxième axe de l’initiative, c’est de mettre un frein aux rémunérations abusives des dirigeants des entreprises publiques. Rien ne justifie le fait que le directeur de Swisscom touche un salaire quatre fois supérieur à celui d’un conseiller fédéral.
En dernier lieu, le texte exige que les comptes des entreprises publiques ne soient plus aussi opaques qu’ils le sont actuellement.
Mais surtout, cette initiative permettra au peuple d’avoir son mot à dire dans un domaine où le Conseil fédéral a les coudées excessivement franches.
La rédaction
Pour en savoir plus: www.proservicepublic.ch