C’est maintenant chose connue: pour les démarcheurs en tout genre, dont les procédés de vente sont parfois agressifs, les personnes âgées sont des cibles privilégiées. Nombreux sont les lecteurs de Bon à Savoir à pouvoir en témoigner. Michel* est de ceux-là.
Au printemps 2009, cet octogénaire participe à une vente de vin organisée par Les Grands Terroirs du Monde, une société basée à Bussigny-près-Lausanne. Peu après, il est de nouveau approché par des collaborateurs de l’entreprise ou, du moins, des gens qui se font passer pour tels.
Le discours est alors insistant, agressif même. On lui reproche de ne pas acheter, de ne pas tenir ses engagements, de vouloir la perte de la société et le licenciement des employés. On débarque chez lui avec du vin, sans que notre lecteur ait conclu aucun contrat. On essaie de l’amadouer, aussi, avec les appels répétés d’une dame «aguicheuse et entreprenante», qui lui fait du charme et s’apitoie sur son sort de sénior solitaire.
Fatigué par cet incessant harcèlement, Michel finit par lâcher prise. «Pour avoir la paix», dit-il. En un peu plus d’une année, il achète pour quelque 8000 fr. de grands crus français à des prix fort peu concurrentiels: le Lussac-Saint-Emilion Château Croix de Rambeau, millésime 2004, lui est facturé 69.70 fr. la bouteille, alors que ce vin s’obtient en France pour un prix trois à quatre fois moins élevé.
Une plainte pour escroquerie
Interpellée, l’entreprise vaudoise se défend avec force: «De puis plusieurs mois, nos clients sont victimes d’un piratage exercé sur notre base de données par d’anciens collaborateurs, qui se servent de notre nom pour les harceler.» La société précise par ailleurs que les personnes contactées par leurs soins sont «entièrement libres de leur décision d’achat» et qu’elles peuvent se rétracter le jour de la livraison ou jusqu’à sept jours après celle-ci, «comme notifié sur la facture».
Quant aux prix des bouteilles, Les Grands Terroirs du Monde confirment qu’il s’agit bien de ceux qu’ils pratiquent et les justifient: la livraison à domicile, la garantie de cinq ans sur les vins, les frais de douane, les taxes, etc.
Toujours est-il que, pour mettre un terme à son calvaire, Michel a dû se résoudre à changer de numéro de téléphone. Un autre lecteur s’est dépêtré pendant une année avec une société au nom – légèrement – différent mais aux méthodes similaires: Les Grands Terroirs de France. Une troisième personne vient tout juste de se manifester: après avoir renvoyé du vin livré à son domicile sans son accord, elle s’est vu réclamer une indemnité de 2000 fr. par la fausse employée d’un tribunal fantôme.
Frank-Olivier Baechler
* Nom connu de la rédaction.
CONSEILS PRATIQUES
Limiter le démarchage
Quelques règles simples permettent de limiter les désagréments liés au démarchage (lire BàS 6/2010 «Les personnes âgées, des proies faciles»).
- Ne jamais dire «oui» pour se débarrasser d’un démarcheur trop hardi. Au pire, fermer la porte ou boucler le téléphone. Et tant pis pour la politesse!
- En cas de démarchage à domicile, ne pas hésiter à user du droit de révocation de sept jours prévu par la loi.
- En cas de démarchage par téléphone, bloquer les appels masqués, qui sont souvent le fait de vendeurs indésirables.
- En dernier recours, une solution certes peu pratique: changer son numéro de téléphone et renoncer à l’inscription dans l’annuaire. L’astérisque n’est que d’une mince utilité.