Un bon vendeur con- naît ses produits et sait juger le client et ses besoins. Inutile en effet de vendre une perceuse compliquée à quelqu’un qui n’est pas doué pour le bricolage. Il en va de même pour le marché de l’emploi: connaître ses compétences et points faibles permet de mieux se vendre, et d’offrir ses services là où on peut être le plus utile et le plus efficace.
C’est pourquoi les spécialistes en recherche d’emploi conseillent d’établir un bilan professionnel – plus pompeusement appelé bilan de carrière – avant toute autre démarche. Un conseil valable aussi bien pour un ouvrier non spécialisé que pour un cadre.
Nous avons demandé à deux spécialistes, Edna Didis- heim, psychologue du travail et directrice du cabinet du même nom, et Nica Constantinis, psychologue conseillère en orientation professionnelle au centre d’orientation, de réinsertion et de formation Retravailler Corref, à Lausanne, de nous expliquer en quoi consiste exactement un bilan professionnel.
• Objectif général: l’objectif général du bilan est d’établir les compétences et les intérêts d’une personne, de la situer dans son parcours professionnel et personnel, et
de lui donner ainsi les moyens de diriger son avenir en apprenant à mieux se connaître.
• Utilité et contenu: cette démarche sert donc à:
– établir les points forts et faibles de ses compétences (ce qui permet également de déterminer d’éventuels besoins en formation);
– fournir la matière première pour rédiger un bon CV (voir Bon à Savoir no 2/97) en soulignant les points forts de ses compétences et pour rédiger une lettre de candidature (voir Bon à Savoir no 3/97);
– redonner confiance dans une situation où on doute souvent de soi, pour ainsi être plus efficace dans la recherche d’emploi;
– préciser dans quel domaine et quel type d’emploi on peut chercher, et ce qu’on peut offrir à un employeur;
– disposer d’arguments pour un entretien d’embauche, car mieux se connaître permet de mieux parler de soi à un employeur.
• Difficultés majeures: il n’est pas toujours évident de prendre suffisamment de recul sur soi-même pour dégager ses compétences et points faibles. Et souvent, on a tendance à mettre de côté les moments critiques de sa vie personnelle ou professionnelle – comme une période de chômage ou un divorce. Cependant, la manière dont on a géré ces moments difficiles permet aussi de mettre en évidence certaines compétences, par exemple de gestion des conflits.
C’est pourquoi il peut être utile d’établir son bilan professionnel avec un spécialiste, individuellement ou en groupe, pour disposer d’une sorte de miroir. Une démarche qui se fait de différentes manières, notamment en ce qui concerne la durée
• La durée: pour un bilan très approfondi et détaillé, on doit compter environ une vingtaine d’heures réparties sur 6 à 8 semaines. C’est ce que propose par exemple le centre de bilan de Genève* (CEBIG) ou le cabinet E. Didis-heim*. Ailleurs, comme chez Retravailler Corref*, le bilan s’établit dans le cadre d’une formation de 2 semaines, pour ceux qui cherchent un emploi dans un domaine proche de celui qu’ils connaissent déjà. Un autre programme de 4 semaines s’adresse plutôt aux chômeurs de longue durée, issus de métiers sinistrés (p.ex. du bâtiment), qui envisagent une réorientation. Ou encore des personnes souhaitant reprendre la vie professionnelle. Le bilan peut s’établir en groupe ou individuellement.
• Les méthodes: il existe toute une gamme d’outils que chaque organisme ou conseiller utilise et combine à sa manière: entretiens individuels et/ou en groupe, exercices d’auto-évaluation, tests de personnalité, exercices pratiques, analyse graphologique, etc.
• Le coût: il varie selon l’organisme ou conseiller choisi. Pour les chômeurs, le coût du bilan (en groupe) est pris en charge par la caisse chômage. A titre indicatif, chez Retravailler Corref, les consultations individuelles coûtent 50 fr./heure (100 fr. pour les entreprises), le cours Bilan et recherche d’emploi de 2 semaines, en groupe, revient à 1608 fr.
Ellen Weigand
*Quelques adresses utiles: Cabinet E. Didisheim, Beau-Séjour 29, 1003 Lausanne; Retravailler Corref, bd. de Grancy 12, 1006 Lausanne; CEBIG, 4bis Rue Prevost-Martin, 1205 Genève; Espace de femmes pour la formation et l’emploi, rue Haute 4, 2502 Bienne.