Il suffit parfois d’une collision à petite vitesse, ou même d’un freinage brusque, pour provoquer un traumatisme cérébral – aussi appelé «coup du lapin». La tête est alors projetée en avant puis en arrière, et le cou n’arrive pas à contenir le mouvement. Résultat: la colonne cervicale s’étire et subit des lésions. En même temps, le cerveau et le liquide céphalo-rachidien s’écrasent dans la boîte crânienne.
Plus de 5000 personnes sont victimes de ce traumatisme chaque année en Suisse. Et si 80 à 90% d’entre elles se rétablissent dans les mois qui suivent, 10 à 20% souffrent de troubles à long terme, voire à vie.
C’est pour leur venir en aide que l’Association pour le coup du lapin a été créée, à Zurich en 1991, en Suisse romande(1) et au Tessin fin 2001–début 2002. Fondée par des avocats spécialisés dans la défense des gens accidentés et reconnue par l’OFAS (Office fédéral des assurances sociales), elle dispense aux victimes des conseils et informations dans les domaines médicaux, sociaux et juridiques.
Lésions indétectables
«Le coup du lapin et ses effets à long terme sont mal connus, souligne Thierry Weigel, collaborateur à l’antenne romande de l’association. Le problème, c’est que les lésions qu’il entraîne sont indétectables, et que les victimes sont vite considérées comme des simulatrices.»
De son côté, l’accidenté voit sa vie tourner au cauchemar: problèmes de mémoire et de concentration, paralysie de certains membres due à la destruction partielle des nerfs, fatigue croissante, voire même changement de la personnalité. Des symptômes douloureux et difficilement acceptables, qui peuvent détériorer rapidement la situation professionnelle et familiale de celui qui en souffre.
Afin de parer à ces problèmes, l’Association pour le coup du lapin permet donc aux victimes de découvrir, entre autres, quelle thérapie (acupuncture, ostéopathie, etc.) leur conviendra, et les aide à défendre leurs droits face aux assurances sociales.
Qui paie quoi
Les possibilités d’indemnisation sont nombreuses(2). L’avocat Pierre Seidler, co-fondateur de l’antenne romande, les résume ainsi:
> L’assurance accident obligatoire (LAA) intervient la première. Elle prend ainsi à sa charge:
¬ Les traitements médicaux.
¬ Les indemnités journalières en cas de pertes de gain.
¬ Les indemnités forfaitaires pour atteinte à l’intégrité.
> Les frais des personnes non assurées à la LAA, ou dont la LAA refuse de s’occuper (en prouvant que les troubles ne sont pas, ou plus, en rapport avec l’accident), sont pris en charge par leur assurance maladie privée. Ou, dans le second cas, par l’assurance responsabilité civile (RC).
> Lorsque les accidentés souffrent de séquelles à plus long terme, ils doivent absolument s’annoncer, après 10 mois au plus tôt, ou un an au plus tard, à l’assurance invalidité (AI). Celle-ci paie:
¬ Les mesures de réadaptation professionnelle.
¬ Les rentes, lorsque l’invalidité est de plus de 40%. Si la personne est assurée à la LAA, elle a ainsi droit à la fois à la rente de celle-ci et à celle de l’AI.
> La plupart du temps, le choc qui a provoqué le coup du lapin est dû à un tiers responsable. C’est alors à l’assurance RC de ce dernier de prendre en charge les frais:
¬ D’avocat de la victime.
¬ Pour tort moral.
¬ Des dommages ménagers (travaux ménagers que le blessé ne peut plus effectuer lui-même).
¬ Des soins permanents, lorsque l’accidenté est devenu impotent.
> En parallèle, les victimes bénéficient de la couverture de leur assurance accident privée, et de la prévoyance professionnelle (LPP) dans le cas où elles sont invalides.
Véronique Kipfer
(1)Association pour le coup du lapin, CP 519, 2800 Delémont,
( 032 423 80 92, lu 14 h -17 h, www.schleudertraumaverband.ch
(2)Une conférence sur le sujet sera donnée le 19 novembre 2004, 14 h, Hôtel Beau-Rivage, Neuchâtel. Entrée libre. L’Association y annoncera aussi la création de son groupe d’entraide.
prévention
Quelques règles de prudence
• Réglez les sièges à la verticale et les appuie-tête — y compris ceux des passagers — à la bonne hauteur, soit sur la même ligne que le sommet du crâne.
• Gardez constamment la tête posée contre l’appuie-tête.
• Soyez vigilant et maintenez une distance suffisante avec la voiture qui vous précède. Lorsque vous roulez en file ou êtes à l’arrêt, regardez toujours dans le rétroviseur, afin d’anticiper les collisions.
• Lorsqu’un choc paraît inévitable, avertissez vos passagers, appuyez le plus fortement possible sur les freins, repoussez le volant (les bras tendus) et collez-vous contre le siège et l’appuie-tête en regardant droit devant vous.
Dans le cas où le coup du lapin n’a pu être évité, les accidentés doivent consulter un médecin immédiatement après le choc et exiger qu’il remplisse un questionnaire spécifique et très détaillé, qui sera ensuite envoyé à l’assurance.
Il est également important d’annoncer les premiers symptômes dans les 72 heures après l’accident.