Certaines publicités promettent monts et merveilles, notamment de perdre du poids sans le moindre effort. Ainsi, depuis janvier, un vendeur anonyme vante trois produits à grands coups de publicité dans les journaux romands: la cure Neuner pour «maigrir en dormant» (259 ou 349 fr. la cure...), l’Apple Light pour «maigrir grâce à la désintoxication de l’intestin», et du chitosan, avec la devise «naturellement mince, sans avoir faim». Les commandes se font par téléphone, à un numéro zurichois.
Des réclames contraires aux principes de la publicité loyale, mais également à la loi (lire encadré). Willi Müller, de l’Office cantonal de contrôle des médicaments de Zurich, confirme d’ailleurs que ces substances, dont il ignorait l’existence, sont toutes vendues sans autorisation! Dès que la police aura trouvé qui se cache derrière le numéro de téléphone, il portera plainte pénale pour vente illégale de médicaments.
Une procédure que son homologue thurgovien a déjà entamée contre Sana Versand SA, à Kreuzlingen (TG), dont les gélules de vinaigre de cidre, vendues sans autorisation, sont interdites de vente depuis septembre.
Sana Versand abuse aussi les consommateurs sur la composition des gélules: en fait de vinaigre de cidre, elles contiennent surtout de l’amidon. Ce n’est pas nocif, mais ça ne fait pas maigrir, comme l’a appris Hélène Hausammann: «Eh oui, je me suis fait avoir, et je n’ai perdu que de l’argent, admet notre lectrice. J’ai renvoyé les gélules et demandé plusieurs fois à être remboursée, comme le promettait la réclame. Sans succès.» Finalement, après notre intervention, Sana Versand a remboursé la retraitée (et une autre lectrice dans le même cas) «à titre exceptionnel». Mais seulement la moitié des 79,40 fr. payés, «car l’un des deux emballages retournés était entamé».
SanaVersand n’a d’ailleurs jamais cessé son commerce illégal. Début février, l’entreprise prétendait même avoir reçu l’autorisation de le faire. Ce que dément catégoriquement l’OFSP. Informé par nos soins, le chimiste cantonal thurgovien, Hans Guggisberg, va demander des explications à Sana Versand. Si la vente se poursuit, il entamera une procédure légale contre le producteur français des gélules.
Autre vente illégale
Même topo pour l’Institut Befosan à Fribourg, filiale de DMS de Geel (B): ses comprimés AHA-6 (entre 49 fr. et 119 fr. la cure) aux extraits de fruits sont interdits depuis novembre. Mais des réclames ont paru après cette date, et Bon à Savoir a pu passer commande en février encore! Quand Jean a Marca, pharmacien cantonal, aura reçu la preuve formelle que la vente se poursuit, il déposera une nouvelle plainte. Car la société fait déjà l’objet de plaintes, administrative et pénale, à Fribourg. La plainte pénale a été transmise dans le canton de Vaud, car Infogest SA qui prend les commandes se trouve à Nyon.
«Ces entreprises n’ont souvent qu’une boîte à lettres en Suisse et un intermédiaire qui prend les commandes, constate Jean a Marca. Les stocks et les responsables sont à l’étranger, à l’abri.» Pour les atteindre, Sepp Walker, chimiste cantonal (FR), propose que l’OFSP charge la douane d’intercepter leurs livraisons: «Mais on ne pourra stopper que les grosses quantités, pas les petits envois directs aux clients.» Il rappelle aussi que les journaux publiant des réclames illégales peuvent également être tenus pour responsables: «Peut-être serait-il bon de le leur rappeler.»
Ellen Weigand
ce que dit la loi
Produits illégaux, réclame déloyale
• Produits alimentaires et médicaments:
– Tout produit promettant un effet amaigrissant est considéré comme médicament. Il doit donc être enregistré à l’Office intercantonal des médicaments (OICM) avant d’être mis sur le marché. Le fabricant doit notamment prouver l’effet amaigrissant.
– L’ordonnance sur les denrées alimentaires stipule que les compléments alimentaires (p.ex. les gélules de vinaigre de cidre) doivent obtenir une autorisation de vente de l’OFSP.
• Publicité mensongère: les règles de la Commission pour la loyauté en publicité exigent notamment que:
– Toute publicité pour un produit qui prétend obtenir une perte de poids durable sans contrôle de nutrition – diète, exercices physiques etc. - est «à proscrire».
– Dans la réclame pour des produits non subordonnés au contrôle de l’OICM, mais mis en relation avec la santé, il est interdit de se référer à des médecins/personnel médical, ou de donner l’impression qu’il s’agit de médicaments ou produits similaires.
• L’annonceur doit pouvoir prouver la véracité des messages publicitaires.
Sachez encore que si vous avez acheté un produit illégal et qui ne tient pas ses promesses, sa vente est considérée comme nulle. Le vendeur devrait donc vous rembourser.