L’affaire remonte au 3 novembre 2005, lorsque plusieurs lecteurs dénoncent une publicité de la société Trendmail, vantant, sur une double page, un de leurs ouvrages: «Les chemins faciles de la fortune». Titre de l’annonce: «Une jeune mère, divorcée, raconte comment elle est devenue millionnaire en 34 mois». Un mélange de platitudes et de bêtises vendues 49.80 fr., donnant à peu près autant de chances d’arriver à ses fins qu’en jouant à l’Euromillion.
Plainte déposée
Le 17 novembre suivant, nous déposons donc une plainte auprès de la Commission suisse pour la loyauté, tant il paraît évident qu’il s’agit là d’une publicité trompeuse. Trois mois plus tard, la Commission confirme notre point de vue et somme Trendmail de renoncer, à l’avenir, à ce genre de «communication commerciale». Un arrêt qu’elle confirmera, après recours, le 17 mai 2006 (lire BàS 6/2006*).
Récidive
Or, le 13 juillet de la même année, Trendmail récidive et publie exactement la même publicité. Nous interpellons donc à nouveau la Commission, en lui demandant quelle suite elle entendait donner à cette infraction (lire BàS 9/2006*). Nouveau tour de piste: pris à parti, Trendmail répète sa conviction (il ne s’agit pas d’une publicité trompeuse…) et promet, si aucune sanction n’est prise, de définitivement cesser la publication de cette annonce dans le journal du Touring Club Suisse. Proposition que la Commission rejette dans son arrêt du 22 novembre 2006, décidant alors l’application de la sanction suprême en son pouvoir: la publication de sa décision sur son site internet et dans un communiqué de presse.
Voilà qui semble quand même un peu court pour impressionner des sociétés dont le fonds de commerce est précisément alimenté par des publicités trompeuses! D’autant que ledit communiqué n’est disponible qu’en allemand, alors que toute l’affaire concerne la Suisse romande et a été traitée en français. La Commission affirme par ailleurs l’avoir envoyé à «divers journaux», mais ne peut communiquer la liste et ignore s’il a été repris. Une chose est sûre: Bon à Savoir, pourtant l’un des médias les plus concernés par ce type d’affaire, ne l’a jamais reçu…
Autrement dit: une année de démarches d’un côté comme de l’autre pour rien, ou presque. Et un amer sentiment en guise de conclusion: à quoi bon – com-me nous le faisons souvent – conseiller à nos lecteurs d’agir devant une autorité dont le pouvoir se résume finalement à si peu de chose?
Christian Chevrolet
* Ces articles peuvent être consultés dans nos archives sur internet www.bonasavoir.ch